Pensez à demander votre conseil stratégique avant de risquer votre Certiphyto
La loi impose aux viticulteurs qui ne sont ni en bio ni en HVE de justifier de deux conseils stratégiques phytosanitaires en cinq ans. Procrastiner pourrait vous coûter votre prochain Certiphyto…
La loi impose aux viticulteurs qui ne sont ni en bio ni en HVE de justifier de deux conseils stratégiques phytosanitaires en cinq ans. Procrastiner pourrait vous coûter votre prochain Certiphyto…
Au sein de l’instance nationale des chambres d’agriculture, les experts des questions phytosanitaires sont inquiets. Ils voient les mois défiler sans que les viticulteurs ne demandent de conseil stratégique phytosanitaire (CSP). Or la première échéance du 31 décembre 2023 arrive à grand pas. À cette date, les exploitants devront justifier d’un premier conseil stratégique, hormis ceux qui disposent d’une certification bio (conversion y compris) ou HVE, ceux qui exploitent moins de deux hectares ou encore ceux qui utilisent exclusivement des produits de biocontrôle. « Dès le 1er janvier 2024, l’absence de conseil stratégique constituera une non-conformité majeure en cas de contrôle officiel par les SRAL », confirme Jérémy Dreyfus, responsable protection des cultures et transitions agricoles pour Chambres d’agriculture France.
En soi, cela ne pénalisera pas vraiment les contrevenants, puisque aucune pénalité financière n’est envisagée. Le législateur n’a prévu qu’un simple rappel à la loi et l’obligation de justifier d’un rendez-vous pour lever la non-conformité. « Là où les choses se corsent, c’est que les viticulteurs concernés devront justifier de ce conseil pour renouveler leur Certiphyto décideur », avertit Anne-Laure Lebailly, responsable du déploiement CSP pour Chambres d’agriculture France. Entre le 1er janvier 2024 et le 31 décembre 2025, il suffira d’avoir un seul CSP pour valider son Certiphyto.
Le risque d’un effet entonnoir en 2023 est important
Si vous n’êtes pas à jour, il devrait être encore assez facile de demander rapidement un conseil pour obtenir le sésame. « Mais dès 2026, il faudra justifier de deux conseils stratégiques, espacés de deux ans au minimum, poursuit Anne-Laure Lebailly.
Ainsi, ceux dont le Certiphyto décideur périme, par exemple, en janvier 2026 et qui n’auront pas reçu de CSP avant 2024 ne pourront purement et simplement pas le renouveler. » Ce qui leur enlèvera, de fait, la possibilité d’acheter des produits phytosanitaires. « On va au-devant d’un vrai problème, il faut que les viticulteurs en soient conscients », redoute Jérémy Dreyfus.
Une autre crainte formulée par l’organe central des chambres d’agriculture est celle de voir un effet de goulot d’étranglement pour la délivrance des conseils à la veille de 2024. « Cette obligation concerne environ 250 000 agriculteurs en France, lance Anne-Laure Lebailly. Entre janvier et fin avril nous n’avons eu que 400 demandes de conseil. Même si les prestations peuvent être réalisées par toutes les chambres d’agriculture, une grosse centaine de conseillers privés indépendants, les centres d’études techniques agricoles (Ceta), le réseau Cerfrance et quelques coops, vu le volume, si tout le monde s’y prend à la dernière minute ça ne passera pas. Et alors les agriculteurs risquent de tomber de haut. » Un fait qu’il faut mieux avoir en tête.
voir plus clair
La loi sur la séparation de la vente et du conseil phytosanitaire, votée en 2018 et entrée en vigueur le 1er janvier 2021, a introduit les notions de conseils stratégiques et spécifiques phytosanitaires. Le conseil stratégique est destiné à donner les grandes orientations. Il prend la forme d’un dialogue pour identifier les leviers d’action permettant de baisser les IFT. Chaque exploitation devra pouvoir justifier de deux conseils stratégiques par intervalle de cinq ans (un seul dans le cas des petites exploitations qui ne dépassent pas deux hectares). Ils doivent être espacés de deux ans minimum et trois ans maximum. Sont exemptées : les entreprises certifiées HVE, en bio ou conversion bio sur toute la surface et celles qui utilisent uniquement des produits homologués biocontrôle. Le conseil spécifique, quant à lui, désigne les réponses à des besoins ponctuels et très précis (choix de matière active, date d’application, dose…).