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L’oïdium ne soufre pas la poudre

Le soufre poudre est recommandé pour son effet choc au moment de la floraison dans les parcelles sensibles, ou en début de programme sur les cépages à drapeaux.

Pour réaliser une bonne application de soufre poudre, le CIVC recommande l'emploi de poudreuses à cuve pressurisée.
© UPL France

L’application de soufre poudre concerne entre 200 000 et 250 000 hectares chaque année, malgré une prédominance des soufres mouillables dans les applications. Il est principalement recommandé entre la floraison et la fermeture de la grappe, c’est-à-dire à un stade où la vigne est très sensible à l’oïdium. "En bio, dans la majorité des situations, le poudrage se substitue à une application de soufre mouillable, explique Nicolas Constant, conseiller à SudVinBio. Mais sur les parcelles particulièrement sensibles, le soufre poudrage est utilisé en renforcement de la protection assurée par le soufre mouillable." Une pratique qui perdure malgré des essais réalisés en 2013 et 2014, qui ont montré qu’une stratégie 100 % soufre mouillable était comparable à une stratégie incluant des apports de soufre poudre aux stades floraison et fermeture de la grappe.

« Mais les vignerons voient dans le poudrage d’autres avantages reconnus, comme une rapidité d’application, une limitation du risque de phytotoxicité par forte chaleur et une bonne pénétration au cœur de la souche, poursuit le conseiller. Avec le poudrage certains vignerons espèrent également que les capuchons floraux tomberont plus rapidement avec à la clef un risque moins important de coulure ». À la chambre d’agriculture de l’Aude, malgré des essais mitigés en 2014 (année pluvieuse plus favorable à l’utilisation du soufre mouillable), Fabrice Guillois, conseiller viticole, recommande également une application supplémentaire de soufre poudre au moment de la floraison, « afin de réduire les contaminations à une période très sensible ».

Renforcer la protection des cépages à drapeaux en début de campagne

Mais l’application à la floraison n’est pas le seul intérêt du produit. Dans les Pyrénées-Orientales, le soufre poudre (en l’occurrence Fluidosoufre) a été testé en 2015 en première application sur les cépages à drapeaux (carignan), au stade 3-5 feuilles avec une application « à la boîte ». « Cette application manuelle a permis de gagner dix points d’efficacité sur l’ensemble du programme, en positionnant le soufre poudre sur les bourgeons où l’oïdium peut démarrer avec une quantité de soufre poudre importante ramenée à la végétation en place, explique Marc Guisset, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du département. En revanche, sur la période floraison-nouaison, les applications de soufre poudre ont donné des résultats comparables à un programme avec du soufre mouillable. »

Si le poudrage est une pratique qui permet d’intervenir rapidement, en revanche elle suppose évidemment de disposer d’un appareil spécifique. Un frein pour certains viticulteurs qui ne souhaitent pas s’équiper à la fois d’un pulvérisateur et d’une poudreuse. « Les prix oscillent entre 3 000 et 10 000 euros environ selon les matériels, observe Laurent Oudin de la société UPL France. Sur certaines machines, le soufre poudre est entraîné uniquement par gravité et passe dans une turbine, la diffusion du soufre n’est alors pas régulière. Nous recommandons plutôt le système de distribution par vis sans fin, qui alimente régulièrement les sorties connectées à la turbine pour un traitement plus homogène et un réglage plus précis. L’investissement n’est pas négligeable mais dans un contexte oïdium préoccupant depuis quelques années, l’intérêt pour le soufre poudre est grandissant. » Du côté de la Champagne, le CIVC préconise quant à lui les appareils à cuve pressurisée.

 

Sublimé ou trituré ? Les soufres pour poudrage se présentent essentiellement sous deux formes : le soufre trituré constitué de cristaux de taille irrégulière (99 % des particules < à 160 µm) et le soufre sublimé constitué de sphères poreuses, les utricules d’un diamètre de 5 à 15 µm, regroupées en chapelets (97 % des chapelets < à 160 µm). Le prix varie du simple au double entre le soufre trituré et le soufre sublimé. Mais comme le souligne Laurent Oudin, responsable marché au sein de la société UPL France, « la moyenne d’utilisation de soufre sublimé, comme le Fluidosoufre par exemple, est de 20 à 25 kg/ha alors que les soufres triturés sont en général appliqués à des doses de 30 à 40 kg/ha. Par ailleurs, à poids équivalent, les utricules qui composent les soufres sublimés sont des sphères creuses ayant un plus grand volume que les particules de soufre trituré. Leurs parois étant poreuses, elles sont en contact avec l’atmosphère sur leur face interne et externe et leur aptitude à libérer des vapeurs de soufre s’en trouve ainsi renforcée ».

TEMOIGNAGE

Patrick et Julien Leclerq, viticulteurs dans l’Aude (115 hectares).

« Poudrer avant la fermeture de la grappe »

« Nous sommes partisans du poudrage avec du soufre trituré (car moins cher) en encadrement de la floraison, avec deux interventions : une juste après la floraison et une avant la fermeture de la grappe. Cette stratégie nous permet de moins utiliser les autres fongicides anti-oïdiums systémiques ou pénétrants et c’est une pratique qui permet d’intervenir très vite, à une période très sensible à l’oïdium. Nous protégeons 40 hectares en une nuit ! En fonction des années, cela nous conduit à décaler les traitements suivants et à gagner un ou deux traitements anti-oïdiums. »

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