Entretien des sols viticoles
Le désherbage thermique doit se perfectionner
Entretien des sols viticoles
Le désherbage thermique constitue une alternative à la lutte chimique. Mais il doit être envisagé en complémentarité avec d´autres techniques.
Avec l´appui du GDV (Groupement départemental viticole) de la Marne, Benoît Lahaye, viticulteur à Bouzy, a testé le désherbage thermique en 2001. « Mon but était de désherber le cavaillon au printemps autrement qu´avec des herbicides, sachant qu´à cette période, en Champagne, le travail du sol est difficile et que nous manquons de matériel adapté. »
Après une campagne, des enseignements se dégagent. « Le désherbage thermique est intéressant pour lutter contre les plantes rampantes (mourons, liserons) ou les jeunes plantules (quelques renouées persicaires, pâturins). Mais le choc thermique n´est pas suffisant pour détruire les plantes qui dépassent 10 cm. De plus, les plantes grasses telles le chardon ou le laiteron sont particulièrement résistantes. » Il faut donc passer régulièrement pour ne pas laisser la végétation prendre du volume. « Lorsque les plantes sont développées, la pression nécessaire pour les détruire doit monter à 3 bars, sans pour autant être totalement efficace. » Ce qui entraîne des coûts de consommation en gaz importants. « Pour être efficace, le désherbage thermique nécessite de nombreux passages à une vitesse d´avancement réduite (3 km/h environ). »
Les utilisateurs notent des inconvénients
Autre inconvénient soulevé : « l´effet cheminée ». Si le passage est effectué à trop faible hauteur par rapport au sol, un mouvement de convection de l´air chaud s´établit et les feuilles de vigne les plus basses subissent « un coup de chaud ». « Ce phénomène est surtout problématique pour les tailles basses comme la taille Chablis de notre région. »
Pour Benoît Lahaye, « en Champagne, le désherbage thermique n´a pas sa place sur vigne enherbée, mais pourrait par contre être la bonne méthode pour un désherbage total. » Les herbes séchées lors d´un premier passage peuvent s´enflammer avec un passage ultérieur. « On est donc contraint, en saison sèche, de travailler le matin, ce qui limite la superficie de travail journalier. »
GDV Marne |
Le désherbage thermique se rapproche d´un herbicide de contact dont l´efficacité ne vaut que sur plantules (moins de 10 cm) et plantes rampantes.
Encore deux ans pour perfectionner la méthode
Au niveau du coût, les derniers essais menés dans le Bordelais et la Bourgogne, estiment la consommation en gaz entre 70 et 120 euros par hectare et par passage pour un désherbage total. Auxquels il faut ajouter l´achat du matériel et le temps de main-d´ouvre.
Gabriel Fournier, viticulteur à Bligny-les-Beaune (Saône-et-Loire) et utilisateur convaincu, estime que c´est une méthode d´avenir qui a besoin de deux ans pour se perfectionner. « Il faudrait arriver à connaître exactement la dose de gaz nécessaire à appliquer en fonction de la flore présente ». Et de rappeler que « cette méthode permet de travailler même par mauvais temps. » Yves Heinzlé de l´ITV de Villefranche-sur-Saône souligne que « le désherbage thermique est à comparer avec un herbicide de contact. Et, à l´heure actuelle, il n´est pas envisageable seul et doit être couplé avec d´autres techniques comme le travail du sol ou l´utilisation d´un post levée. »
Concernant la vie microbienne du sol, le désherbage thermique n´entraîne qu´une augmentation brève de température dans les tous premiers centimètres du sol qui ne semble pas attenter à la vie faunique.