Le beaujolais nouveau joue la diversité
C'est avec des beaujolais nouveaux plutôt qu'avec un seul type de beaujolais nouveau que le plus célèbre des vins primeurs part désormais à la reconquête de son image et des consommateurs chaque troisième jeudi de novembre.
C'est avec des beaujolais nouveaux plutôt qu'avec un seul type de beaujolais nouveau que le plus célèbre des vins primeurs part désormais à la reconquête de son image et des consommateurs chaque troisième jeudi de novembre.
Malgré des aléas climatiques subis par le vignoble, le beaujolais et le beaujolais-villages se préparent à célébrer le rendez-vous annuel du beaujolais nouveau avec le sourire. « Vendre du beaujolais nouveau était difficile quand on vendait un produit, mais on a reconnecté le produit avec notre terroir », estime Nicolas Romy du domaine Romy. Et désormais, le beaujolais nouveau se décline. « Il n’y a pas un mais des beaujolais nouveaux », explique Cyril Gigarel des Vins Aujoux. Le beaujolais nouveau s'affiche en version rosé, sans soufre, bio, avec un profil de goût traditionnel ou plus terroir, avec des étiquettes classiques ou décalées... La part du rosé nouveau a atteint 3% en 2018. Et pour Gilles Gelin du domaine des Nugues, « c’est un vin qui se prête très bien au sans soufre, du fait de sa buvabilité précoce ». Les beaujolais-villages nouveaux représentent désormais 40% de la production. « Nous cherchons à faire comprendre que c’est un vrai vin. Nouveau ne veut pas dire facile », s'exclame Gilles Gelin. "Le marché est plus qualitatif, il n'y a plus de prix cassés", estime Dominique Piron. Certaines cuvées n'hésitent plus à dépasser la barre des 8 ou 9 euros.
Un agent de promotion du vignoble
Si le vin primeur ne représente plus que 20% du volume annuel produit par le vignoble, et si le modèle du "beaujo" pas cher s'éloigne, le beaujolais nouveau a une nouvelle fonction stratégique. « Le jour du beaujolais nouveau est devenu une semaine des vins du Beaujolais » se satisfait Dominique Piron. C'est la période où se vend le plus de crus du Beaujolais". Le petit nouveau est un prétexte pour mettre en avant l'ensemble de la production du vignoble. Dans la nouvelle segmentation stratégique déployée par l'interprofession depuis janvier 2018 autour du thème du partage, il joue le rôle du "beaujolais de fête", aux côtés des "beaujolais de caractère" et des "beaujolais d'exception".
L'export, toujours un enjeu crucial
L’an dernier, la production avait atteint 170 000 hl. La mise en vente du beaujolais nouveau avait coïncidé avec le début du mouvement des gilets jaunes. « Finalement, les ventes se sont bien déroulées », constate David Ratignier, le vice-président d'Inter-Beaujolais. Les grandes surfaces ont écoulé près de 7 millions de bouteilles sur les quelque 12 millions vendues en France. Cette année, "la grande distribution a fait de bonnes commandes", se réjouit Dominique Piron. Mais l'oeil est bien sûr aussi rivé sur l'export où s'écoule 50% du volume.
Le Japon est toujours le premier pays avec 39 750 hl en 2018, loin devant les États-Unis à 13 337 hl. "Mais il diminue de 5% par an", constate Dominique Piron. Une décrue qu'il juge normale compte-tenu du niveau que le phénomène beaujolais nouveau y avait atteint. L'interprofession reste très sereine face au Brexit. "Nous n'avons jamais autant vendu de beaujolais au Royaume-Uni". Aux Etats-Unis, la taxe douanière de 25% est tombée au moment où les expéditions étaient en cours. Dominique Piron reste optimiste en considérant que le caractère événementiel de la fête du beaujolais nouveau pourra faire passer la probable hausse du prix des bouteilles. Vérification dans deux semaines...