Languedoc-Roussillon
L’arrachage n’est pas forcément synonyme de déprise agricole
Contrairement aux idées reçues, l’arrachage primé en viticulture ne s’est pas soldé par une totale déprise agricole. C’est un des enseignements à retenir de l’étude lancée par la Draaf sur le devenir des anciennes parcelles de vigne.
Pas moins de 170 000 hectares de vignes, sur un total de 430 000, ont été arrachés en Languedoc-Roussillon en trente-cinq ans d’arrachage primé (1977-2011, avec une suspension de l’aide de 1997 à 2004). “ Ce fut une politique européenne très volontariste puisque dotée d’un budget d’un milliard d’euros et avec un double objectif : diminuer le potentiel de production et adapter l’offre à la demande ”, explique Laurent Mailloux de la Draaf Languedoc-Roussillon. Le temps est donc venu de s’interroger sur le devenir de ces parcelles de vignes promises à un arrachage définitif et de dresser un bilan que certains auguraient catastrophique. Une étude a donc été menée par le cabinet Dyopta, sur un échantillon de 500 parcelles arrachées primées réparties sur l’ensemble de la région. Ainsi, 52 % de la superficie de l’échantillon est occupé par des friches. “ C’est beaucoup mais ce n’est pas 90 % des surfaces, ce qui met fin aux idées reçues ”, souligne Laurent Mailloux.
Reconversion vers les grandes cultures
Une part significative des surfaces a donc gardé un usage agricole sous forme de reconversion vers les grandes cultures et notamment le blé dur (27,9 %), les cultures fourragères (6,6 %), l’arboriculture et l’oléiculture (3,4 %), le maraîchage (2,7 %), certaines étant même retournées à la vigne (7,6 %). Enfin, seulement 2,5 % des parcelles arrachées ayant été affectées à l’urbanisation ou aux infrastructures. Mais les itinéraires post-arrachages sont très différents selon les secteurs. Et, en particulier, le département des Pyrénées-Orientales et l’est Audois affichent une part élevée de leur surface en végétation spontanée et cultures fourragères. Ce qui est à relier au potentiel agronomique des sols : moins celui-ci est élevé, plus la part des friches augmente.
Enfin, l’étude montre que le maintien d’une dynamique viticole dans les zones concernées par l’arrachage va généralement de pair avec la progression d’une dynamique agricole autre que viticole. Autrement dit : les zones qui restent attractives pour la viticulture le sont aussi pour d’autres cultures.