La confusion sexuelle contre les vers de grappe innove
Par pulvérisation, sous forme de gel, d’aérosol ou avec des diffuseurs biosourcés ; la confusion sexuelle se veut plus simple à mettre en œuvre pour séduire de nouveaux vignerons.
Par pulvérisation, sous forme de gel, d’aérosol ou avec des diffuseurs biosourcés ; la confusion sexuelle se veut plus simple à mettre en œuvre pour séduire de nouveaux vignerons.
Environ 350 000 hectares de vigne sont sujets chaque année aux attaques de vers de grappe, et à peine la moitié de ces surfaces sont protégées par confusion sexuelle. Pour convaincre de nouveaux vignerons d’adopter cette méthode, qui désoriente les mâles pour éviter les accouplements et les pontes à l’origine des larves qui perforent les baies, les sociétés innovent et proposent de nouvelles solutions.
La confusion par pulvérisation
Alors que la plupart des solutions de confusion sexuelle reposent sur des diffuseurs de phéromones, à poser au printemps et à retirer à l’automne, « la nouvelle solution de confusion sexuelle Exployo Vit que nous développons est une solution liquide à base de phéromones microencapsulées à pulvériser dans les parcelles en fonction du risque eudémis et ne nécessite pas de chantier de pose et de dépose. Et c’est une solution que l’on peut mélanger avec les autres produits phytosanitaires », explique Jean-Baptiste Drouillard, expert technique national cultures spécialisées chez Syngenta.
Cette confusion sexuelle liquide, qui a été mise au point par la société M2i, leader européen dans la production de phéromones, contient des capsules biosourcées à base de cire d’abeille et d’huile végétale. La solution relargue progressivement les phéromones lors des vols d’eudémis (10 000 milliards de microcapsules par hectare). « Exployo Vit se présente comme une innovation majeure pour développer la confusion sexuelle auprès de vignerons qui n’ont pas encore fait le pas et sont prêts à s’engager pourvu qu’il n’y ait ni pose ni dépose. Elle intéresse également les vignerons qui souhaitent protéger des surfaces inférieures à quatre hectares », observe l’expert. Cette solution liquide peut être utilisée en fonction du risque eudémis sur la deuxième et la troisième génération, avec deux applications possibles par génération.
Une autre solution liquide de phéromones microencapsulées est en attente d’homologation chez la société De Sangosse. Ce produit pulvérisable doté d’une persistance d’action de trois à quatre semaines cible également la deuxième et la troisième génération d'eudémis. Elle pourrait être à disposition des viticulteurs en 2024.
Des diffuseurs biosourcés
Toujours par souci de simplifier la confusion sexuelle, « la société CBC Biogard poursuit le développement de diffuseurs fabriqués à partir de polymères biosourcés tout en réduisant le nombre de diffuseurs par hectare grâce à la technologie double tube pour libérer la phéromone », explique Vincent Thieyre, responsable marketing et développement chez CBC Biogard.
Après les diffuseurs Biootwin L, autorisés sur eudémis et déjà sur le marché depuis 2020, la firme va lancer en 2023 Biootwin LE, autorisé sur eudémis et cochylis, et Biootwin L +, pour une forte pression eudémis et faible pression cochylis. Pour Biootwin L et L +, CBC Biogard préconise 250 diffuseurs par hectare et pour Biootwin LE, 400 à 500 diffuseurs bordures incluses. Dans sa gamme Isonet (diffuseurs classiques avec pose et dépose), CBC Biogard conserve la solution Isonet LA, qui permet de lutter contre eudémis, cochylis et eulia.
De nouveaux aérosols
CBC Biogard va par ailleurs développer en 2023 des solutions de confusion en aérosol avec la gamme Mister L (contre eudémis) et Mister LE (eudémis et cochylis). « Il s’agit d’une technologie par diffusion active avec deux à quatre boîtiers, en fonction de la taille de l’îlot, de l’historique de confusion, disposés par hectare. La diffusion de phéromones s’adapte aux stades phénologiques de la vigne et aux cycles des ravageurs », explique Vincent Thieyre.
La société De Sangosse qui développe déjà ce type de solution depuis 2017 avec le CheckMate Puffer LB (pour lutter contre eudémis) et depuis 2020 le CheckMate Puffer LB/EA (pour lutter contre eudémis et cochylis), propose de nouvelles cabines en 2023. « Les nouvelles cabines Puffer sont plus durables avec 60 % de plastique en moins et deux fois moins de piles pour fonctionner, explique Johanna Sigel, chef marché cultures spécialisées chez De Sangosse. Elles sont également équipées de capteurs de température pour adapter la diffusion des phéromones, les papillons ne volent pas en dessous d’un certain niveau de température, il est donc logique d’activer la diffusion uniquement lorsque cela est nécessaire. » La société recommande deux à trois aérosols par hectare pour un temps de pose évalué à quinze minutes.
voir plus loin
Un gel biodégradable à appliquer sur le cep de vigne
La société M2i a eu l’homologation d’une matrice cireuse qui contient des phéromones microencapsulées à appliquer directement sur le cep de vigne. Ce gel est applicable avec un pistolet à gâchette à raison de 500 spots par hectare. Il s’agit d’une solution biodégradable (plus de dépose) avec une diffusion active de la phéromone quand le produit est sec.
avis d’expert : Thierry Favier, expert technique vigne du groupe CAPL
Être très précis sur le positionnement en pulvérisation