Fertilisation de la vigne : bien sourcer sa matière organique
Avec la raréfaction des fumiers et composts traditionnels, il peut être intéressant de se pencher sur de nouvelles solutions de fertilisation organique.
Avec la raréfaction des fumiers et composts traditionnels, il peut être intéressant de se pencher sur de nouvelles solutions de fertilisation organique.
Les fumiers et composts traditionnels représentent les matières organiques les plus accessibles et les moins onéreuses. Les tarifs varient généralement de quelques euros à quelques dizaines d’euros la tonne, auxquels il faut rajouter le transport et la logistique d’épandage, plus complexe que pour les engrais bouchonnés. « Et ce sont des produits que l’on connaît bien, que l’on maîtrise, apprécie Marie-Pascale Couronne, conseillère agroenvironnement à la chambre d’agriculture de la Drôme. Mais attention, les fumiers et composts deviennent de plus en plus difficiles à trouver, car ils sont toujours plus demandés. » Les agriculteurs, en général, se tournent vers d’autres sources que la chimie, par souci environnemental. Et la guerre en Ukraine, qui a fait exploser le prix des engrais minéraux, n’arrange rien à l’affaire.
La chute du cheptel bovin français et la hausse de la méthanisation pèsent sur les ressources
Une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et publiée en septembre pointe la fragilité de l’équilibre entre l’offre en matière organique et la demande, en particulier pour l’agriculture biologique. Les auteurs alertent sur le fait que la baisse des effectifs d’animaux en France (bovins notamment) et la hausse de la méthanisation pourraient priver les agriculteurs de ressources. Marie-Pascale Couronne souligne également le fait que les bassins de production des fumiers sont malheureusement éloignés des grands bassins viticoles : la Bretagne pour les volailles et porcins, le Massif central pour les bovins… « Ce que l’on trouve le plus fréquemment et le plus uniformément sur le territoire, ce sont les composts de déchets verts des collectivités », note la conseillère. Et d'ajouter : « Si on a du mal à se sourcer en matières organiques brutes, il reste l’option des produits en bouchons. Ils sont plus chers, certes, mais présentent le gros avantage d’être normalisés et équilibrés. » Et accessoirement beaucoup plus facile à épandre.
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La loi biodéchet, une aubaine pour les viticulteurs ?
En 2020, la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) a instauré l’obligation de tri à la source et de valorisation des biodéchets (industrie et distribution alimentaires, restauration, végétaux…) pour ceux produisant plus de 5 tonnes par an dès le 1er janvier 2023 et pour tous dès le 1er janvier 2024. À cette date, les communautés seront également tenues de mettre en place des solutions de valorisation pour les déchets organiques ou bien de collectes séparées pour les particuliers. Ce qui laisse entrevoir un gisement énorme, puisque cela représente 30 % de nos poubelles selon les chiffres officiels. Mais toute cette matière organique pourra-t-elle profiter à l’agriculture ? Rien n’est moins sûr. D’abord parce que les communautés ne sont, pour la plupart, pas du tout prêtes pour cette échéance du 1er janvier. « D’autre part, nombreuses sont celles qui feront probablement le choix d’un traitement à très petite échelle pour une valorisation ultralocale », analyse Vincent Ducasse, de l’entreprise Terrestris.