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Bien traiter ses effluents de cave

Compostage, phytoépuration, épandage… de nombreuses solutions existent pour évacuer ses effluents tout en préservant l’environnement.

Si quelques rares traitements en anaérobie existent (comme la méthanisation), la plupart des solutions pour digérer la pollution organique issue du process vinicole sont des systèmes utilisant l’oxygène. À l’instar de la phytoépuration, ou dépollution par les plantes, dont les racines favorisent l’activité microbienne épuratrice. C’est le choix qu’a fait Laurent Rousseau, des vignobles éponymes à Abzac en Gironde. Les effluents vitivinicoles de ses soixante hectares sont traités exclusivement par une bambouseraie de 1 200 m2, implantée en 2007. Sauf s’il pleut ou s’il gèle, l’épandage se fait au fur et à mesure de la production des effluents. « On fait seulement un prétraitement par dégrillage via deux cuves aériennes, explique le vigneron. Puis on épand en moyenne l’équivalent de deux millimètres de pluie. Soit vingt-quatre hectolitres par bâchée, le volume d’eau de lavage d’une machine à vendanger. » Il fait jusqu’à quatre bâchages par jour. Les plantes absorbent ces volumes sans problème. Cet épandage fractionné en petite quantité fait qu’il n’y a pas de rejet dans le milieu naturel.

L’entretien du système comprend l’électricité pour les pompes d’épandage et de relevage, et représente moins de cent euros par an. Pour l’entretien de la bambouseraie, il faut compter trente-cinq heures de travail par an par une personne sans qualification, pour couper la moitié des tiges, les tirer et les broyer. « Pour le moment, les chaumes sont stockés, informe Laurent Rousseau. Je pense faire des clôtures d’agrément. Le reste est broyé et épandu en paillage sous les haies de l’exploitation. » Autre avantage du système : il est valorisé au cours de la visite d’exploitation.

Un investissement financé par l’Agence de l’eau

Comme la bambouseraie est entretenue de février à juillet, les clients peuvent y entrer. « Ils sont souvent surpris de constater que c’est un lieu de vie pour des oiseaux », se félicite le vigneron. L’installation a été réalisée après une étude d’ingénierie basée sur des analyses de sol, sous sol et d’effluents. C’est la société agricole Phyto-Perspectives qui assure aujourd’hui ce type d’étude. L’investissement a été financé par un prêt à taux zéro de 60 000 euros contracté auprès de l’Agence de l’eau. « C’est l’un de mes investissements les plus intéressants. Mais je reconnais que je ne m’y serais peut-être pas engagé si j’avais dû prendre ma décision après la crise de 2008 », avoue Laurent Rousseau.

Une autre voie de traitement possible est le compostage par humidification et retournements successifs. Le constructeur Souslikoff propose d’ailleurs une solution automatisée grâce au robot Vignalex. " Ce système s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, précise Dominique Souslikoff, puisqu’il permet de gérer tous les déchets organiques, sarments, marcs, rafles, déchets verts de tontes des jardins, voire du fumier, pour aboutir à un compost valorisable en interne."

Pour choisir un mode de traitement, le prix d’achat est bien sûr un paramètre à prendre en compte mais d’autres éléments sont très importants comme la présence d’habitations à proximité du chai, la possibilité d’un raccordement à un réseau d’assainissement communal, la surface disponible pour construire un dispositif de traitement autonome, la possibilité pour le vigneron de dégager du temps pour l’auto-construction, ou encore la présence ou non de parcelles épandables. Compte tenu de l’ensemble de ces paramètres, les comparaisons entre système et exploitations sont délicates tant ces paramètres varient d’un domaine à l’autre.

L’épandage fixe reste la solution la plus économique

Cela dit, attention tout de même à bien prendre en compte la globalité des coûts (investissement/fonctionnement) pour évaluer objectivement un projet. L’épandage, par exemple, peut apparaître comme une solution "peu onéreuse" au regard des différents postes d’investissement (terrassement, collecte des effluents, achat d’une cuve) mais il est parfois très gourmand en coûts de fonctionnement à cause du temps passé à épandre quand on choisit un système mobile avec une tonne à lisier. En épandage fixe, ces coûts sont moindres grâce au système automatique de micro-irrigation ou d’aspersion qui alimente une parcelle fixe située à proximité de la cuve de stockage. Une étude menée en Gironde pour évaluer les coûts annuels par hectare de traitement des effluents vinicoles a été réalisée sur un échantillon de trente-trois exploitations. Quatre systèmes étaient étudiés : station collective en Cuma, station individuelle, prestation extérieure, épandage. L’étude fait ressortir que pour les exploitations de moins de trente hectares, le coût moyen de l’épandage est de 77 euros. Pour les trois autres systèmes il se situe entre 150 et 180 euros. Pour les exploitations dépassant trente hectares, ce coût moyen pour l’épandage baisse à 60 euros et pour les trois autres systèmes, il varie de 105 à 145 euros.

Se libérer des contraintes liées à l’organisation humaine est l’un des points clés qui conduit certains vignerons à passer par un prestataire ou à choisir, quand c’est possible, le raccordement à une station collective ou encore l’adhésion à une Cuma. Quant à la station autonome, elle n’est pas forcément destinée aux grosses exploitations. « Elle est aussi à la portée des chais de moins de 500 hectolitres, assure Carine Méoule, d’Agro Environnement. Nous équipons régulièrement de petites propriétés. »

repères

D’un point de vue réglementaire, tous les chais doivent gérer leurs effluents. Ceux de moins de 500 hectolitres peuvent être reliés au réseau d’assainissement collectif et ne nécessitent pas de procédure particulière. Au-delà, les structures relèvent des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Elles sont soumises à déclaration entre 500 et 20 000 hectolitres, et à autorisation ensuite. La procédure est désormais dématérialisée sur le site servicepublic.fr.

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