Bien gérer ses effluents viticoles
Entre le rinçage, le lavage à la parcelle et les solutions de traitement sur l’exploitation, les méthodologies pour éliminer les effluents phytosanitaires dans les règles sont nombreuses.
Entre le rinçage, le lavage à la parcelle et les solutions de traitement sur l’exploitation, les méthodologies pour éliminer les effluents phytosanitaires dans les règles sont nombreuses.
La gestion des effluents phytosanitaires (volumes morts de fond de cuve et eaux de rinçage) reste un enjeu important dans les exploitations viticoles et peut représenter un budget non négligeable. L’arrêté du 12 septembre 2006 régit toutes les règles de gestion de ces effluents, que ce soit le rinçage à la parcelle ou sur une plateforme dédiée.
Le rinçage à la parcelle s’avère être la solution la moins coûteuse. Cela impose d’avoir une cuve d’eau claire sur l’appareil. La réglementation impose aux constructeurs que cette cuve ait un volume minimal équivalent à 10 % de celui de la cuve principale. Cependant, ajouter une cuve d’eau claire n’est pas toujours évident sur les pulvérisateurs viticoles les plus anciens. Elle doit être de capacité suffisante pour répondre aux exigences de dilution imposées par la réglementation. Celle-ci impose une première dilution du volume mort avec cinq volumes d’eau et une dernière dilution aboutissant à des effluents dilués au centième par rapport à la concentration initiale de la bouillie. Trois cycles de rinçage constituent un bon compromis entre nombre de cycles et quantité d’eau claire nécessaire. Cette dernière doit pouvoir contenir tout de même un peu plus de quatorze fois le volume mort, ce dernier pouvant être important sur les appareils les plus anciens. Qui plus est, il doit rester également suffisamment d’eau claire pour laver, à l’aide d’une lance l’extérieur du pulvérisateur.
Des limites au rinçage à la parcelle
Autre contrainte, il faut emmener ses équipements de protection individuelle et disposer de l’espace adéquat à la parcelle pour y réaliser le rinçage. Le rinçage et le lavage doivent en effet être réalisés une seule fois par an sur la même zone. Celle-ci doit être distante d’au moins cinquante mètres de tout fossé ou cours d’eau et d’au moins cent mètres des lieux de baignade, des zones piscicoles et des points d’eau (pour les hommes ou les animaux).
Sont également interdits tout lavage ou vidange sur des sols très pentus, saturés en eau, très perméables ou présentant des fentes de dessiccation ; ces conditions sont de nature à entraîner ruissellement ou pénétration profonde.
Investir dans une station de traitement
Étant donné les exigences du lavage et rinçage à la parcelle, le parc matériel et la fréquence d’utilisation des pulvérisateurs, bon nombre de viticulteurs se sont équipés, seuls ou en groupes, d’une station de réception des eaux de lavage et de rinçage des pulvérisateurs, avec dispositif de collecte voire de traitement. Dotée d’un sol étanche, cette installation demeure bien souvent nécessaire, qu’il y ait ou non rinçage à la parcelle, l’opérateur devant effectuer le remplissage du pulvérisateur sur une surface de nature à collecter les éventuels débordements ou fuites.
Cette surface reçoit un collecteur et une vanne trois voies de façon à diriger distinctement, d’un côté les eaux pluviales (sauf si l’aire est couverte) et les eaux de lavage de matériels (si la plateforme a cette double vocation), de l’autre les eaux de rinçage, limitant de ce fait les volumes d’effluents. Un décanteur et un déshuileur sont nécessaires avant que ces effluents n’arrivent dans la cuve de stockage ou dans le dispositif de traitement.
Quinze procédés homologués en viticulture
La liste des procédés de traitement des effluents phytosanitaires, homologuée par le ministère de l’Écologie, continue régulièrement de s’accroître. Aujourd’hui, seize procédés sont reconnus, avec des champs d’application (arboriculture, cultures légumières, grandes cultures, horticulture, viticulture, traitements post-récolte, hors agricole) plus ou moins importants selon la technologie. La viticulture est le champ d’application qui comprend l’offre la plus vaste, proposant aux vignerons quinze procédés parmi les seize : ils sont décrits dans le tableau.
Ces quinze procédés peuvent être classés en quatre familles. La première méthodologie consiste à traiter les effluents par des micro-organismes. Ce traitement peut se faire en milieu liquide ou en milieu solide. L’avantage du second est de ne pas produire de déchets industriels spéciaux qui devront être retraités plus tard. Les systèmes de traitement par déshydratation génèrent des déchets mais dans une volumétrie restreinte. La déshydratation peut se faire de manière forcée (Evapophyt) ou naturellement par l’action du vent (Héliosec, Osmofilm, Ecobang). Originale, la solution de traitement par UV Phytocat génère quelques déchets à traiter (boues, filtres et papier usagés). Enfin, la grande famille des process physico-chimiques engendre également des déchets à traiter (boues, filtres, membranes, charbons) en quantités plus ou moins importantes selon les techniques. Hybrides entre deux familles, les solutions Vitimax et Cascade Twin se distinguent par un prétraitement physico-chimique (coagulation floculation générant des boues à traiter) et par un traitement biologique avec les effluents vinicoles. Le process Phytocompo se distingue également par l’intégration de trois types d’effluents : phytosanitaires, vinicoles et les sarments broyés. Au final, les résidus générés sont traités, épandables, débarrassés des maladies fongiques et solides, ce qui en facilite l’épandage.
Faire appel à un prestataire
Devant les budgets que peuvent représenter ces systèmes de traitement (même s’ils peuvent être subventionnés, par un PVE notamment), il peut être intéressant de se poser la question de faire appel à un prestataire, encore faut-il qu’il y en ait. Le viticulteur n’a alors qu’à stocker les effluents. C’est un choix économique à considérer en fonction des volumes d’effluents générés chaque année.
Un préparateur de bouillie pour limiter les risques de débordement
Les mélangeurs-incorporateurs permettent de bien préparer et homogénéiser la bouillie en amont, faisant gagner du temps à l’opérateur chargé de la pulvérisation. Ces mélangeurs présentent une pompe poussant le mélange dans la cuve, ainsi qu’une installation facilitant la manipulation des produits en amont de la préparation, et limitant tout risque d’accident.