Bakus, futur couteau suisse du viticulteur
La société Vitibot a développé Bakus, un robot viticole fonctionnel, en moins de dix-huit mois. Il pourrait à moyen terme devenir une alternative aux engins classiques.
La société Vitibot a développé Bakus, un robot viticole fonctionnel, en moins de dix-huit mois. Il pourrait à moyen terme devenir une alternative aux engins classiques.
« La vocation de Bakus est d’être une plateforme universelle pour la vigne, munie de tout un écosystème d’outils connectés », plante d’entrée Bernard Boxho, directeur général de l’entreprise Vitibot. Partie d’une feuille blanche en août 2017, la start-up champenoise s’est entourée de professionnels du monde de la viticulture pour établir le cahier des charges d’un engin qui serait une alternative au tracteur ou à l’enjambeur. Un peu plus d’un an après, le résultat est bluffant : le robot Bakus est déjà une réalité. Grâce à l’expérience acquise sur le chenillard autonome ces dernières années (voir Réussir Vigne n° 243, septembre 2017), les ingénieurs ont eu tôt fait de paramétrer ce nouvel automate, afin qu’il puisse arpenter seul les vignes. Ainsi, ces huit caméras lui permettent de reproduire l’espace alentour en trois dimensions et de se déplacer dans son environnement, en analysant le contexte. « Son fonctionnement n’était pas idéal à l’heure des premiers essais en mars, se remémore le directeur de la société, mais nous avons réussi à résoudre les problèmes d’arrêts intempestifs. » Il affirme même que les essais en configuration de travail du sol interceps se sont montrés concluants.
La maintenance est réduite par l’absence de transmission
Bakus est annoncé avec une puissance équivalente à un enjambeur de 110 ch, rendu possible par l’absence de transmission (chaque roue est dotée de son moteur électrique) et de circuit hydraulique, tous deux énergivores. De même, en limitant la vitesse maximale à 6 km/h, les concepteurs se sont concentrés sur le couple. « À l’heure actuelle nous n’avons que des outils passifs, mais nous allons développer petit à petit une gamme d’attelages électriques », indique Bernard Boxho. Des modules fixés par six vis sur les flancs de l’engin, reliés par une prise Plug and Play. Le développement d’un pulvérisateur confiné a déjà commencé, de même que des tondeuses ou encore des brosses interceps. À terme, le robot devrait être capable de faire tous les travaux viticoles dont peut avoir besoin un vigneron. Dès l’an prochain, il sera en déploiement chez six clients pilotes en Champagne. « Nous souhaitons être à proximité des machines pour cette première campagne, car il y a encore du travail pour les faire évoluer », avoue le directeur. L’intelligence embarquée — qui comprend déjà de nombreux algorithmes — va continuer à apprendre tout au long de la saison, de façon à ce que le maximum de situations inhabituelles soient connues du robot. Ensuite, la firme compte adapter l’engin à la typicité d’autres vignobles. Car le châssis en acier est actuellement calibré sur un rang de parcellaire champenois, mais peut être facilement rehaussé pour enjamber des vignes de deux mètres de haut. « Courant 2020 on verra des Bakus se balader un peu partout en France ! », prédit Bernard Boxho.
repères
Bakus de Vitibot
Poids 2,5 t
Puissance équivaut à 110 ch
Travaux travail du sol interceps (tonte et pulvérisation confinée en développement)
Type de vignes étroites et larges
Maturité commercialisation prévue dès 2019
Prix similaire à un enjambeur
Avec Bakus, on part sur de bonnes bases
"Le prototype du Bakus que j’ai vu en action fonctionne bien, seul comme avec ses outils actuels. Il gère sans problème les lignes droites, et les demi-tours sont corrects. Quelques ajustements de guidage sont toutefois nécessaires dans les parcelles délicates, surtout celles ayant du dévers. Vu comment avance le projet, je pense que le robot sera opérationnel l’an prochain, et que nous le verrons apparaître dans le vignoble d’ici trois ans. Mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’il fasse tout entièrement seul pour l’instant, un opérateur sera utile pour le transporter, remplir le pulvérisateur… Il reste aussi du travail pour l’adapter aux viticulteurs, qui ne sont pas ingénieurs en robotique. De même, il faudra voir à la longue la durée de vie et le coût d’entretien de ces machines à haut niveau technologique."