Ventilez, pour une bergerie moins chaude
La ventilation, qu’elle soit naturelle ou dynamique, permet la circulation de l’air, l’évacuation de la chaleur et de l’humidité et procure une sensation de fraîcheur.
La ventilation, qu’elle soit naturelle ou dynamique, permet la circulation de l’air, l’évacuation de la chaleur et de l’humidité et procure une sensation de fraîcheur.
Les mouvements d’air, le débit et la vitesse sont des paramètres à maîtriser dans les bâtiments d’élevage ovin. La circulation de l’air va permettre de renouveler celui-ci et une bonne ventilation signifie que l’air chaud est évacué tandis que de l’air plus frais, ou en tout cas plus « propre » rentre dans la bergerie. En cas de doute sur l’efficacité de la ventilation statique des bâtiments, il est possible de réaliser un diagnostic de ventilation, avec un fumigène par exemple. « Si la circulation de l’air ne se fait pas bien, il y a des points à vérifier avant d’entreprendre des travaux plus conséquents », pointe Morgane Lambert, de l’Institut de l’Élevage. Il est conseillé, par exemple, de regarder si le faîtage n’est pas encombré ou bouché et le cas échéant, le nettoyer, afin de permettre le bon fonctionnement de l’effet cheminée.
Éviter les bergeries trop volumineuses
« Il faut prévoir des ouvertures sur les façades nord et ouest pour faire rentrer de l’air plus frais, mais cela se réfléchit plutôt lors de la conception du bâtiment, souligne l’experte en bâtiment d’élevage. De même, on va privilégier des bergeries peu larges et pour cela les tapis d’alimentation sont une bonne solution pour restreindre le besoin en largeur. Les « cathédrales » ont plus de mal à ventiler, avec des faîtières très hautes et une circulation de l’air au niveau des animaux plus difficiles. En un mot, pour une bonne ventilation naturelle, il faut limiter les volumes. » Attention également à bien laisser les façades dégagées à l’extérieur dans la mesure du possible en évitant la proximité avec une fumière, une grande haie très dense qui briserait la circulation de l’air. « Dans l’idéal, il faut un périmètre dégagé de 20 mètres autour du bâtiment », précise Morgane Lambert.
Pour améliorer la ventilation statique, il est possible de créer des ouvertures dans les façades en découpant le bardage une latte sur deux, en mettant en place des trappes, des volets coulissants, des filets brise-vent, etc.
Sylvie et Antoine Stouff, éleveurs de brebis laitières dans l’Aveyron
Ventilation et brumisation, le duo gagnant
« Notre bergerie se ventile normalement avec une circulation naturelle de l’air, qui lorsqu’il y a un peu de vent, entre dans le bâtiment. Or certains étés, il n’y a pas du tout de vent… En juin 2019 nous avons vécu des températures extrêmement élevées et nos brebis, notamment les tardives avec la plus forte production laitière, ont commencé à avoir de la fièvre, sans aucune pathologie. Nous en avons perdu cinq ou six à cause de ce coup de chaud, elles ne parvenaient plus à réguler leur température et en plus des animaux, nous avons perdu en production laitière. Nous avons vite réagi et dans les deux semaines qui ont suivi, nous avons fait installer tout un système de ventilation dynamique et de brumisation. Le fabricant, Orela, nous a conseillé de mettre en place huit brasseurs d’air à flux horizontal, couplés à autant de brumisateurs.
Des seuils de déclenchement automatique
Les ventilateurs ont un rayon d’action de 35 mètres et chacun est orienté afin d’amener l’air brassé vers le centre de la bergerie. Cela permet d’homogénéiser l’air à l’intérieur. Le fonctionnement est automatique et s’intensifie par pallier de températures, relevées par des capteurs disposés dans le bâtiment. Les ventilateurs sont toujours en marche mais sont au minimum en dessous de 16 °C. Passé cette température, leur action monte en puissance jusqu’à 26 °C. À ce niveau, ils sont à leur maximum de rotation et la brumisation se met en marche. Les brumisateurs fonctionnent deux minutes, s’arrêtent pendant une minute et le cycle recommence. Il faut veiller à bien régler le débit et la durée de fonctionnement de la brumisation afin d’éviter des problèmes d’humidité. En effet, l’intérêt de la brumisation est que les gouttelettes ne vont pas toucher le sol mais vont se charger de la chaleur ambiante, elles vont donc s’évaporer et être évacuées grâce à la ventilation. Il n’y a pas vraiment de refroidissement du bâtiment mais le ressenti est bien meilleur et nous n’avons plus eu de problème depuis que l’installation est en place. L’achat et la mise en fonctionnement des huit brasseurs et des brumisateurs, les régulateurs, l’installation électrique nous a coûté 18 000 euros mais c’était un investissement essentiel. »
Laurent Cavaignac, éleveur de brebis allaitantes en Aveyron
Plusieurs options pour optimiser la ventilation naturelle de ma bergerie
« Lors de la construction de mon bâtiment en 2004, j’ai installé une bâche mobile sur la longueur. Dès qu’il fait un peu chaud, je remonte la bâche au moyen d’un cardan et elle laisse place à un filet brise-vent qui laisse rentrer l’air et améliore de ce fait la ventilation. De plus, le toit s’ouvre d’un bon mètre sur le côté, ce qui permet d’accentuer la ventilation quand le besoin se fait ressentir. L’ouverture était initialement automatique, mais j’ai décidé de passer en manuel car ce n’était pas assez réactif lorsque le temps devient orageux ou que le vent se lève. Quand la température extérieure dépasse les 40 °C, ça reste compliqué, mais on sent la circulation d’un air relativement frais. »
Gérer la température en salle de traite pour le confort de l’éleveur
« Nous avons des brebis à la traite tout l’été et la température en salle de traite en fin de journée était parfois à la limite du supportable », se remémore Antoine Stouff, éleveur de brebis laitières à Roussennac, dans l’Aveyron. L’éleveur a alors décidé d’installer un bloc cooling couplé à un ventilateur. Il s’agit d’un panneau poreux sur lequel coule un filet d’eau. L’air propulsé par le ventilateur transmet sa chaleur à l’eau et lorsqu’il sort du système, il est rafraîchi et humidifié. « Cela nous a permis de ne plus dépasser les 26 °C en fin de traite le soir. Cette installation a été faite pour notre confort en priorité, plus que pour les brebis, qui elles, ne restent pas trop longtemps dans la salle », conclut l’éleveur aveyronnais.