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Stimulez l’immunité de vos ovins avant l’hiver

Été comme hiver, les éleveurs sont vigilants à la bonne santé de leurs ovins. Le contexte épidémiologique que nous connaissons avec le retour de la fièvre catarrhale ovine ne fait qu’accentuer cette surveillance. Si la vaccination est fortement recommandée pour protéger vos troupeaux, du moins contre la FCO, elle n’est pas le seul levier à activer pour renforcer l’immunité de vos brebis, agneaux et béliers. La maîtrise de l’alimentation, de l’équilibre de la ration, de l’ambiance en bâtiment, de l’accès à l’eau influence pour beaucoup l’état sanitaire du troupeau.

<em class="placeholder">Vétérinaire en visite sur un élevage ovin.</em>
L'éleveur dispose d'un panel de pistes pour améliorer l'immunité de sa troupe ovine. N'hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.
© L. Duverne

Prévention et protection sanitaire du troupeau. L’immunité des ovins se raisonne au niveau collectif et l’éleveur a à sa disposition de nombreux leviers à activer pour renforcer la résistance de ses animaux face à l’agression d’un pathogène. « En amont de la conduite du troupeau et du bâtiment, plusieurs facteurs impactent l’immunité de chaque individu dans un troupeau », souligne Boris Boubet.

Le directeur du groupement de défense sanitaire (GDS) de la Creuse développe : « L’âge en premier lieu va être déterminant : les jeunes animaux vont avoir un système immunitaire incomplet tandis que les plus âgés vont être défaillants. Cela fait donc raisonner sur la protection de la partie nurserie et sur l’âge de réforme des brebis. » Le vétérinaire pointe également la sensibilité plus forte des béliers face aux maladies que les brebis, « mais nous ne savons pas vraiment pourquoi ».

Des races rustiques plus résilientes

 

 
<em class="placeholder">Boris Boubet, directeur du GDS de la Creuse : « Attention à ne pas composer la ration uniquement avec du foin de trop bonne qualité, qui risque de ne pas faire assez ...</em>
Boris Boubet, directeur du GDS de la Creuse : « Attention à ne pas composer la ration uniquement avec du foin de trop bonne qualité, qui risque de ne pas faire assez ruminer et causer des acidoses.» © B. Morel

Les races rustiques présentent généralement un système immunitaire plus développé que les autres races plus productives. « Il y a aussi beaucoup de travaux entrepris en sélection sur la résistance au parasitisme, reprend Boris Boubet. La rusticité d’une race est d’ailleurs un critère qui tend à être aujourd’hui recherché en sélection génétique, car ce sont généralement des animaux qui souffrent moins des fortes chaleurs, qui sont plus efficients sur l’alimentation, autant de paramètres qui sont intéressants à prendre en compte pour s’adapter au changement climatique»

L’éleveur a également un grand rôle à jouer pour la santé de ses brebis. La gestion et la maîtrise de l’environnement direct des ovins permettent à ceux-ci d’évoluer dans un cadre sain, apaisé, dans lequel ils peuvent s’alimenter, s’hydrater et se reposer en accord avec leurs besoins.

Veiller à une ration équilibrée

« Le premier levier pour la santé des animaux, c’est l’alimentation, reprend Boris Boubet. Une ration équilibrée, qui apporte suffisamment de fibres, d’énergie, de protéines va permettre à l’animal de constituer ces réserves et être plus apte à réagir en cas d’exposition à des pathogènes. »

 

 
<em class="placeholder">Brebis mangeant du foin</em>
Le fourrage est à la base de toute ration des ruminants. Celle-ci doit être équilibrée en apport d'énergie, de protéines et de nutriments. © L. Duverne

À la base de la ration des ruminants se trouve la fibre. « Attention à ne pas composer la ration uniquement avec du foin de trop bonne qualité, qui risque de ne pas faire assez ruminer », met en garde le vétérinaire. Vient ensuite l’apport d’énergie, via les céréales. « En règle générale, les rations des ovins sont bien pourvues côté énergétique, car les céréales sont souvent produites sur l’exploitation. »

Côté protéines, le tableau se complexifie. « On observe beaucoup de rations déficitaires en protéines. On va aller chercher de la luzerne, des méteils, etc. Il ne faut pas hésiter à revoir régulièrement l’équilibre des rations, en faisant appel aux conseils d’un technicien d’élevage ou d’un nutritionniste si on en éprouve le besoin. » Enfin, il faut veiller à l’apport des macro-éléments et oligoéléments, via les blocs à lécher et les aliments minéraux vitaminés (AMV, aussi appelés CMV).

Un temps limité d’abreuvement

 

 
<em class="placeholder">Brebis s&#039;abreuvant</em>
Garantir un accès libre à une eau de qualité est primordial en bâtiment comme à l'extérieur. © B. Morel

Les animaux doivent avoir un accès libre à de l’eau de qualité. « Les abreuvoirs en pipette sont les plus adaptés pour les ovins, cela garantit une eau très propre. En revanche, dans le cas de la FCO, les pipettes ne conviennent pas aux animaux malades qui souffrent de la bouche », prévient Boris Boubet.

Il est donc préférable d’installer des baquets d’eau dans les enclos d’infirmerie. Autre point de vigilance, les abreuvoirs montés en série doivent satisfaire le besoin de débit d’eau sur toute la longueur de la ligne, dans le cas où plusieurs animaux s’abreuvent en même temps. « Les ovins s’abreuvent pendant un temps donné et ils vont arrêter quand celui-ci est écoulé, que leur soif soit étanchée ou non », explique-t-il.

« Vacciner, c’est s’affranchir de la fatalité »

Outre le bâtiment, le dernier levier dont dispose l’éleveur est la vaccination. « Aucun vaccin n’est obligatoire en ovin et on ne pourrait pas préconiser de schéma vaccinal global, chaque élevage à son historique de maladies qui lui est propre, reprend Boris Boubet. Mais je ne peux que fortement recommander de vacciner contre la FCO. » Il rappelle aux éleveurs de peser le coût face au bénéfice de la vaccination. « Vacciner, c’est s’affranchir de la fatalité », appuie-t-il.

Vacciner, un rapport coût-bénéfice

 

 
<em class="placeholder">Vaccin d&#039;une brebis</em>
La vaccination reste le seul moyen efficace de lutter contre certaines maladies, dont la FCO. © Archives Pâtre

La vaccination connaît encore des freins pour les éleveurs, puisque cela nécessite de manipuler une ou deux fois les animaux, leur causant du stress. Il faut également jongler avec les périodes de sécurité pour les brebis gestantes. Tous les vaccins ne sont pas toujours disponibles. « Le coût est également un des principaux freins, mais vu le cours de l’agneau et le prix de vente des reproducteurs, la vaccination prend vraiment tout son sens aujourd’hui », soutient Boris Boubet.

Lors de l’achat d’animaux, « on recommande des fermes étant indemnes de maladies. Sauf que cela est utopique, il faut privilégier des exploitations qui ont des historiques de pathologies similaires à celle de destination. L’immunité acquise des animaux va s’auto-entretenir avec le contexte microbiologique de l’élevage. Cela fonctionne notamment pour la chalmydia et la fièvre Q », détaille le vétérinaire de la Creuse.

Définition

L’immunité permet à chaque animal de se défendre vis-à-vis d’agents pathogènes et de lutter contre les infections. Elle est non spécifique, agissant comme une barrière de façon indifférenciée contre les agressions, ou tournée spécifiquement vers des agents pathogènes identifiés via la production d’anticorps (immunité humorale) ou de lymphocytes (immunité cellulaire). Elle peut être acquise, par contact avec l’agent pathogène lui-même, ou induite via la vaccination.

Les autovaccins, une solution économique propre à l’élevage

Les autovaccins sont adaptés pour lutter contre les maladies d’origine bactérienne. Il s’agit de compenser des problèmes de disponibilités des vaccins en ovins ou d’incompatibilité, comme cela peut-être le cas avec la chlamydia où la souche du vaccin n’est pas forcément la même qu’en élevage. Le coût de l’autovaccin est très raisonnable. Le vétérinaire, voire l’éleveur lui-même, réalise le prélèvement et l’envoie au laboratoire départemental. L’échantillon, après analyse, sera transféré au fabricant d’autovaccin. L’inconvénient c’est que cela peut prendre plusieurs semaines.

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