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Séchage en grange, maïs et méteil assurent 100 % d’autonomie pour 200 chèvres

Christophe et Nathalie Favard élèvent 200 alpines à Romagne, dans la Vienne. Installés sur la ferme familiale en 1998, ils ont tout de suite eu la volonté de « nourrir les chèvres avec les terres et les terres avec les chèvres ».

Objectif tenu pour Christophe et Nathalie Favard, avec une autonomie fourragère et protéique à 100 % et un coût alimentaire à 144 euros par chèvre, les seuls achats de l’exploitation sont la paille (25 % des besoins), le sel, et la poudre de lait pour les chevrettes. « L’histoire de notre exploitation nous a aussi amenés à cette autonomie. Nous avons peu de leviers sur le produit lait à cause d’un problème géobiologique, alors nous travaillons sur les charges pour les réduire au maximum », explique d’emblée l’éleveur. La production moyenne du troupeau est de 650 kg de lait par chèvre (750 kg avant problème géobiologique avec la même ration) et environ 20 % du lait est transformé à la ferme.

Sur les 60 hectares de SAU de l’exploitation, 42 sont utilisés pour nourrir le troupeau : 25 ha de prairies, 12 ha de méteils, 4 ha de maïs et 1 ha de betteraves. Le reste des surfaces produit des cultures de vente : 8 ha de blé, 5 ha de pois vert et 4 ha de tournesol.

Les prairies de légumineuses, pâturées ou en foin, sont le socle de la ration, avec un rendement compris entre 8 et 12 t de MS/ha selon les années. Séché en grange, le foin a une valeur comprise entre 18 et 24 % de MAT, en fonction des coupes. « Les 25 hectares de prairies sont composés de luzerne, trèfle violet, trèfle blanc et sainfoin. Nous avons investi 100 000 euros dans le séchoir en grange en 2005. L’objectif était qu’il soit financé par l’arrêt des achats d’aliment. Le foin garde toute sa valeur nutritive et avec 200 tonnes de matière sèche de capacité de stockage, nous avons suffisamment de fourrage pour une année, voire plus. »

Être réactif pour la récolte du foin

Christophe a réalisé en 2020 des travaux d’isolation et remplacé le système de soufflerie. Il a également agrandi le séchoir d’une travée afin de pouvoir conserver un stock de report. La consommation annuelle en électricité est estimée à 1centime d'euro/kg MS. Pour le distribuer, il a acheté une remorque automotrice adaptée à la largeur et la hauteur du bâtiment, avec une fonction pesée intégrée. « La contrainte du séchage en grange, c’est qu’il faut avoir des parcelles suffisamment proches. Sinon tout est simple, le remplissage, la distribution, la maintenance… ». Côté matériel, Christophe a choisi d’investir dans une chaîne de récolte neuve : faucheuse, faneuse, andaineur, remorque autochargeuse. « Quand on fait du séchage en grange, il y a beaucoup de petits chantiers, je dois être réactif. Le foin est l’élément principal de la ration de mes chèvres, je ne peux pas prendre le risque de le manquer. »

En hiver, la ration des chèvres est composée de 2,5 kg de foin, 600 g de méteil grain (triticale pois, féverole et avoine) et 200 g de maïs grain. Pendant trois mois, la part de maïs diminue, remplacée par 2 kg de betteraves fourragères.

Au printemps, les chèvres pâturent dès que possible. En complément, Christophe leur distribue 700 à 800 g de foin, 300 g de méteil et 100 g de maïs grain. Au départ Christophe avait clôturé des petites parcelles pour faire pâturage tournant. « Mais c’est compliqué lorsqu’il faut débrayer une parcelle pour la fauche. Donc j’ai maintenant organisé le pâturage en parcelles longues, avec fil avant et fil arrière. » Excepté en 2020, à partir du 14 juillet, les prairies ne poussent plus, il faut attendre l’automne pour ressortir et faire les dernières coupes.

Un méteil à 16 % de MAT

« Avec le méteil, on arrive facilement à 16 % de MAT, soit le niveau d’un aliment chèvre laitière pour un rendement de 2,5 à 4,5 tonnes par hectare. C’est une production formidable, pas trop compliquée à réussir. Je réalise un désherbage mécanique qui permet aussi de booster la culture en accélérant la minéralisation et l’aération du sol. » Le maïs est récolté en épis et séché en crible. « J’ai acheté d’occasion il y a quelques années un crible avec le matériel de récolte et une égraineuse. »

Pour la betterave aussi, tout a été acheté d’occasion. « J’ai commencé la betterave l’année dernière pour compenser un possible manque de maïs en année sèche et apporter de l’humidité à la ration, précise Christophe. La betterave est plus résistante aux sécheresses estivales et les chèvres adorent. En revanche, il faut réussir à gérer l’enherbement, surtout en bio. »

« Grâce au séchage en grange, nous avons traversé plusieurs crises. Quand on est autonome, en cas de coup dur, on a un souci en moins si on n’a pas de charges alimentaires importantes. De même qu’il est important d’apprendre à s’adapter à son milieu et non vouloir adapter le milieu à soi, c’est pour moi la définition de l''agriculture durable », conclut Christophe Favard.

 

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