Conjoncture économique
Retour au niveau d’avant Covid-19 pour l’économie française pour la fin de l’année
L’Insee vient de publier son premier point presse de l’année proposant des prévisions détaillées pour le reste de 2021. L’agriculture et l’alimentation se portent plutôt bien.
L’Insee vient de publier son premier point presse de l’année proposant des prévisions détaillées pour le reste de 2021. L’agriculture et l’alimentation se portent plutôt bien.
Sous le titre « Retour en surface », l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié, le jeudi 1er juillet 2021, une prévision concernant l’activité économique française qui retrouverait « à peu près » son niveau d’avant-crise à la fin de 2021 (NDLR : les différentes prévisions de l’Insee s’entendent par rapport aux niveaux atteints au quatrième trimestre 2019). En clair, cela signifie une croissance du PIB de 6 % pour l’ensemble de l’année 2021 (contre – 8 % en 2020). Ce niveau resterait cependant légèrement inférieur à celui qui aurait pu être le sien si la pandémie n’avait pas eu lieu. A noter que l’agriculture fait partie des secteurs, avec les activités financières, la pharmacie ou encore la construction et l’informatique, qui « sont supposés rattraper totalement leur niveau tendanciel fin 2022, voire le dépasser ». En 2021, la branche agriculture française devrait se situer juste 1 % en-deça de son niveau de fin 2019 pour les deux trimestres à venir. La sous-branche de la production des denrées alimentaires et des boissons sera au niveau d’avant crise pour le trimestre à venir et juste au-dessus pour le dernier.
Les indicateurs qui reflètent la situation actuelle et la situation de l’économie de l’Hexagone sont quasiment tous au vert. Celui de la confiance des ménages a retrouvé son niveau d’avant-crise et le climat des affaires (confiance des chefs d’entreprise) l’a déjà dépassé. L’essentiel des indicateurs à haute fréquence (trafic routier, paiement par carte bancaire…) « témoignent de la levée des restrictions sanitaires ». La dynamique pour les données concernant le secteur de la restauration est avérée même si, partant de beaucoup plus bas par rapport à d’autres secteurs de l’économie, l’activité reste encore en-dessous du niveau d’avant-crise. Cela fait partie des bémols de la conjoncture, avec les difficultés d’approvisionnement en matières premières dans certaines branches de l’économie et avec la perspective que le tourisme, même s’il fait très fort cet été, ne permettra un retour à la normale en matière de restauration et d’hôtellerie.
Consommation et inflation
La consommation des ménages en France se montre dynamique, la plus forte en Europe par rapport aux autres grands pays comparables (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni). Elle devrait retrouver son niveau d’avant pandémie au troisième trimestre et repasser au-dessus au quatrième. Quant au taux de chômage, à 8,2 % de la population active, il resterait stable sur l’ensemble de l’année. Et c’est bien la consommation des ménages qui demeure le premier poste contributif à la croissance économique pour 2021 (devant les investissements des ménages et des entreprises et devant aussi les échanges extérieurs). Côté produits alimentaires, le niveau de consommation a crû de façon à se retrouver entre 3 et 4 % au-dessus de ses niveaux d’avant-crise pendant le deuxième trimestre. Il serait 2 % au niveau de ce niveau encore au troisième trimestre avant de se replier un peu au quatrième.
L’inflation totale passe au-dessus de 2 %, et il en sera ainsi jusqu’en octobre, avant de se replier en-dessous de ce seuil sur la fin de l’année. Les prix de l’énergie, des matières premières minérales mais aussi alimentaires et agricoles devraient contribuer à cette hausse (NDLR : c’est déjà le cas pour le premier semestre 2021). Les augmentations dans le secteur alimentaire « touchent d’abord les coûts de production des entreprises et elles se traduiront plus tard dans les produits finis » précise Olivier Simon, chef de la division « Synthèse conjoncturelle ». Ces prévisions n’intègrent pas les variations possibles des cours des matières premières agricoles, difficiles à anticiper.
Surveiller les prix alimentaires et agricoles à l'international
Au niveau international, et pour ce qui concerne le premier trimestre, l’Insee fait le constat que « les prix de l’ensemble des matières premières alimentaires, de leur côté, ont également augmenté au premier trimestre et retrouvent leur niveau d’avant-crise. Du côté des céréales, les cours (notamment le maïs, le soja et le blé) ont de nouveau fortement augmenté au premier trimestre (+ 16,4 %). En effet, la fin de grippe porcine en Chine entraîne une demande forte pour nourrir les cheptels reconstitués. La reprise progressive du trafic routier aux États-Unis stimule également la demande de bioéthanol, fabriqué à partir de céréales. L’élection de Joe Biden, mobilisé dans la lutte contre le réchauffement climatique, encourage les spéculations sur la hausse des cours des matières premières agricoles. Parallèlement, l’offre a été affaiblie par les perturbations climatiques : sécheresse aux États-Unis et au Canada, manque de précipitations et vague de froid en Europe, pluies importantes en Argentine... Ainsi, le prix du blé a augmenté de 28 % au premier trimestre 2021, celui du soja de 22 % et celui du maïs de 8,8 % ».
Revenu, pouvoir d'achat et épargne
Le revenu brut disponible des ménages et le pouvoir d’achat devraient progresser. Le taux d’épargne national des ménages, en flux, devrait retrouver des niveaux plus en rapport (15 %) avec ceux de 2019 alors qu’il avait grimper à 25 % depuis avec les confinements. « Ce flux, qui se dégonfle, va aussi évoluer mécaniquement avec l’évolution de la consommation » précise Julien Pouget, chef du département de la conjoncture. Ceci n’augure pas de la « consommation » du surplus d’épargne constaté pendant la crise, ni des incitations qui pourraient être mises en place par les pouvoirs publics en direction de la consommation ou de l’investissement.
A noter que l’Insee n’a pas conçu de scénario intégrant un redémarrage de la crise sanitaire (notamment en raison de l’apparition de nouveaux virus) qui aboutirait à la remise en place de mesures contraignantes pour les populations et l’économie. « Les agents économiques (NDLR : ménages, entreprises) n’intègrent pas de logique de nouvelles restrictions à cause des variants, pour le moment, et grâce à la vaccination. Mais on sait que tout cela est très fragile » conclut Julien Pouget.