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Quelles solutions techniques pour économiser l’engrais ?

Le prix de l’engrais qui atteint actuellement des sommets donne toute sa légitimité aux équipements technologiques disponibles sur les épandeurs centrifuges pour renforcer la précision des apports.

Le confort du guidage

L’engrais est actuellement cher et pourrait venir à manquer au printemps. Il mérite plus que jamais d’être appliqué avec la plus grande précision, afin d’éviter les erreurs de dosage nuisibles au porte-monnaie, à la culture et à l’environnement. L’apport correct d’engrais repose déjà sur le respect de la largeur de travail de l’épandeur. Il n’est pas toujours facile de se repérer dans les parcelles, surtout dans les plus grandes et notamment dans les prairies où certains agriculteurs travaillent encore à l’œil nu. Les barres de guidage par GPS sont idéales pour bien respecter les bons intervalles entre les passages. Elles procurent confort et gain de temps, en dispensant de descendre du tracteur pour jalonner et en facilitant l’agrandissement de la largeur d’épandage. Les barres de guidage rassurent aussi l’opérateur, car leur écran indique la ligne à suivre et colorie les zones déjà fertilisées pour éviter de passer deux fois au même endroit, et donc économiser de l’engrais. Accessibles entre 1 500 et 3 000 euros hors taxes (HT) et affichant un niveau de précision allant de 15 à 20 cm avec un signal de correction gratuit, elles s’amortissent rapidement en se valorisant pour d’autres travaux, tels que la pulvérisation, les épandages de fumier et de lisier. Étape supérieure, le guidage automatique apporte davantage de confort en prenant le contrôle de la direction du tracteur. Cette solution plus performante est en revanche plus chère (à partir de 9 000 euros HT), mais elle réduit la fatigue du conducteur qui n’a plus à tenir le volant, ni à garder les yeux rivés sur l’écran pour suivre le bon cap.

Réétalonner l’épandeur en cours de journée

« Le fonctionnement par gravité des épandeurs centrifuges portés manque de constance dans la précision. En effet, au fil de la journée, l’engrais change de comportement. Son écoulement à travers les trappes de dosage varie en fonction de l’humidité, mais aussi de sa teneur en poussière. Plus il est sec, plus il descend vite », avertit Serge Nourry, chef de produit fertilisation chez Sulky. Cette caractéristique peut engendrer de belles différences de dosage avec un épandeur d’engrais standard dépourvu de systèmes corrigeant le débit. « La dose peut augmenter de 5 à 8 % entre le matin et l’après-midi », remarque Nicolas Huguet, chef de produits fertilisation pour le groupe Kverneland. En théorie, il serait idéal de réétalonner l’appareil en cours de journée pour tenir compte de l’évolution de l’hygrométrie, surtout avec certains types d’engrais comme l’urée, mais en réalité, le réglage réalisé au début n’est généralement pas modifié.

Le DPAE ne corrige pas tout

Un inconvénient des épandeurs d’entrée de gamme est le principe de débit constant. Pour respecter la dose souhaitée, la vitesse d’avancement retenue au moment du réglage doit toujours rester la même dans toute la parcelle, un critère difficile à respecter dans les fourrières. Pour éviter ces erreurs, il existe les distributeurs avec régulation DPAE à débit proportionnel à l’avancement électronique, qui adaptent l’ouverture des trappes de dosage en fonction de l’allure de travail. Ces modèles limitent ainsi les variations de dose intraparcellaires liées à l’effet vitesse. En revanche, ils ne tiennent pas compte de l’évolution de l’écoulement de l’engrais entre le début du chantier et la fin du chantier ou encore d’un big-bag à l’autre. Utilisés avec rigueur en prenant soin de refaire des tests de débit en cours de journée pour affiner le paramétrage, ils permettent cependant d’obtenir de bons résultats.

Un gain de 5 à 8 % d’engrais avec la pesée

Pour être précis en termes de quantité appliquée, la solution est d’opter pour un épandeur d’engrais équipé de la pesée. Actuellement sollicité dans les régions de polyculture élevage et parfois éligible à des programmes d’aides, ce type d’appareil a tendance à être acquis en commun pour diminuer l’investissement par exploitation. Le dispositif de pesée vaut de 1 500 à 8 000 euros selon les marques, les capacités et les équipements de base (DPAE, Isobus…), portant le prix total de l’épandeur aux alentours de 15 000 euros HT, voire plus. Il a le grand atout d’éviter les erreurs de dosage, car il mesure en permanence la quantité restant en cuve et en déduit le débit instantané en kilos par minute. Il compare cette valeur à celle théorique, qui est calculée à partir de la dose programmée sur le terminal, de la vitesse d’avancement réelle et de la largeur de travail. Comme l’épandeur à pesée bénéficie d’un DPA, il corrige en continu l’ouverture des trappes de dosage, afin de compenser les variations d’écoulement de l’engrais et les changements de vitesse de travail. « La pesée embarquée est très confortable pour le chauffeur, qui n’a pas à revenir sur les réglages en cours de journée et n’a donc pas à se soucier du changement de comportement du fertilisant en fonction de l’hygrométrie. La pesée compense aussi les différences de calibrage de l’engrais, qui peut être composé de granulés réguliers s’il est pris au-dessus du tas et s’avérer poudreux en fin de silo », remarque Jean-Charles Lescieux, chef produits Bogballe chez Lemken France. Avec la pesée, certains constructeurs annoncent une économie d’engrais de 5 à 8 % par rapport à un épandeur simple. Au prix actuel de l’engrais, ce gain permet de rentabiliser rapidement l’investissement.

Pas de surdoses avec le pilotage GPS des sections

Courant sur les pulvérisateurs, la coupure de sections par GPS améliore encore la précision d’épandage. Elle évite les surdoses dans les pointes et garantit l’ouverture de la distribution au bon moment après le demi-tour en bout de champ. « En manuel, les chauffeurs ouvrent couramment 10 à 15 mètres trop tôt, voire 20 mètres, car ils agissent comme avec leur pulvérisateur. Or, un épandeur d’engrais projette loin derrière et il faut prendre en compte cette caractéristique lors des manœuvres en fourrière. Une ouverture anticipée crée un surdosage qui nuit à la culture avec des zones plus sensibles à la verse », précise Jean-Charles Lescieux. Le chef produit Bogballe estime que dans les petites parcelles les plus biscornues, l’économie d’engrais peut atteindre 25 % avec la coupure de sections.

La coupure sur le débit suffit jusqu’à 24 mètres

Les systèmes de coupure de sections se classent en deux grandes catégories : gestion uniquement du débit et combinaison débit – largeur de travail. La première, plus économique, suffit jusqu’à 24 mètres de largeur de travail et équipe de série certains appareils dotés d’un système de pesée. Elle repose exclusivement sur le pilotage des trappes de dosage, lorsque l’appareil approche ou quitte une pointe, par exemple. Les épandeurs d’engrais s’inscrivant dans la seconde catégorie embarquent davantage de technologie, avec chez certains constructeurs des solutions permettant des coupures théoriques mètre par mètre. Leur système de pilotage agit simultanément sur les trappes de dosage pour modifier le débit et sur le point de chute ou d’alimentation de l’engrais sur les disques pour adapter la largeur de travail. Comme l’intelligence embarquée s’occupe de tout, cette fonctionnalité se révèle confortable pour épandre en bordure de parcelle ou pour fertiliser la dernière bande parfois moins large.

La bonne connaissance du sol à la base des économies d’engrais

 

 

L’économie d’engrais passe déjà par la bonne connaissance de ses sols. La réalisation d’analyses de terre permet d’évaluer les quantités à apporter et de bien identifier les différentes zones au sein de chaque parcelle. La consultation d’images satellites accessibles gratuitement sur internet constitue aussi une piste pour caractériser la variabilité intraparcellaire. Elle met souvent en exergue l’historique des grandes parcelles, en faisant notamment ressortir les emplacements des anciennes haies ou chemins. Il est possible d’en déduire une cartographie des zones à plus ou moins fertiliser en fonction du potentiel. Le recours à des outils d’aides à la décision, comme les capteurs de végétation Yara N-Sensor et CropXplorer d’AgXtend, a l’intérêt de pouvoir piloter en direct les apports d’engrais azotés. Ces équipements représentent en revanche un investissement important, qui s’amortit sur de grandes surfaces. Pour profiter de leur performance, une des solutions est de déléguer certains apports d’engrais à des prestataires (ETA ou Cuma) équipés de ces dispositifs.

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