Elevage laitier
Quand et sur quelle durée pratiquer la monotraite ?
En fin de lactation, sur une période de moins de quatre semaines, et avec des vêlages groupés, l´incidence d´une traite par jour sur la production est minimisée.
La demande en références sur «une traite par jour», ou monotraite, s´amplifie. On sait déjà que, sur des Prim´Holsteins à bon potentiel, le passage à une traite par jour entraîne une baisse de la production laitière, que les taux butyreux et protéique augmentent, et que la numération cellulaire s´accroît d´autant plus que la numération de départ est plus élevée et que l´environnement y est propice. De nombreuses questions restent en suspens : y a t-il des différences entre races? les fromages changeront-ils de goût ? le stade de lactation joue-t-il sur l´importance de la perte de lait ?... L´Inra de Theix (D. Pomiès et B. Martin) et l´Enitac de Clermont-Ferrand (B. Rémond et G. Brunschwig) ont mené, en collaboration, une série de travaux sur ces thèmes, qui devaient être en partie présentés début décembre aux journées 3R.
La Montbéliarde mieux adaptée que la Prim´Holstein
Le premier essai de l´Inra et de l´Enitac porte sur la monotraite pendant sept semaines, en milieu de lactation. Il compare les races Prim´Holstein et Montbéliarde et vérifie l´impact de cette pratique sur la transformation fromagère. Deux lots (un par race) ont été traits une fois par jour pendant sept semaines et comparés à deux lots témoins (un par race) traits deux fois par jour. Des fromages ont été fabriqués sur les quatre dernières semaines de la période expérimentale.
Par rapport aux lots témoins, la baisse de la production laitière est de 23 % pour les Prim´Holsteins monotraites et de 15 % pour les Montbéliardes monotraites. Ces dernières sont mieux adaptées à la monotraite. Côté taux, la variation est la même pour les deux races : augmentation du TB de 3 g/kg et du TP de 2,4 g/kg, puis les valeurs redeviennent identiques aux lots témoins lors du retour à deux traites par jour. Il n´y a pas non plus d´effet race pour la concentration en cellules somatiques. « Sur notre essai, la monotraite ne modifie pas le nombre de cellules. La situation de départ était très bonne et les couchages sont restés secs », précise Dominique Pomiès, de l´Inra de Theix.
Enfin, il n´y a pas d´incidence significative sur l´efficacité de la transformation fromagère de Cantal (kg de lait/kg de fromage), malgré l´augmentation des taux. La composition chimique, la texture et les caractéristiques sensorielles des fromages ne diffèrent pas non plus.
La perte de production ne se résorbe pas
L´essai montre qu´après le retour à deux traites, la production des lots « une traite » remonte rapidement, mais n´arrive pas à atteindre le niveau des lots témoins, même au bout de cinq semaines. « Comme l´action de traire ralentit la mort des cellules sécrétrices de lait, on suppose qu´en trayant moins, les cellules meurent plus vite. Il est alors logique qu´on ne puisse pas rattraper le niveau de production du lot témoin sur cette lactation », explique Dominique Pomiès.
Peu de pertes avec une semaine de monotraite
Dans l´essai, la « perte rémanente » est de 8 % : c´est l´écart qui demeure entre la production des vaches « une traite » et des vaches « deux traites » durant les cinq semaines qui suivent l´expérimentation. D´après d´autres essais, « si la monotraite est appliquée dès le début de la lactation, cet écart est d´environ 15 %. Et si on trait une fois par jour en fin de lactation sur une semaine, la perte rémanente peut être nulle ».
Pour résumer, plus la monotraite est précoce dans la lactation et dure longtemps, plus la perte de production de lait sur la lactation sera élevée. Un autre essai de l´Enitac (Bernard Rémond) et de l´Inra porte sur deux périodes de monotraite d´une semaine chacune, séparées d´une période de trois semaines avec deux traites par jour en début de phase descendante de la lactation. Les résultats montrent que la traite une fois par jour peut constituer un bon moyen pour se libérer du temps, tout en ne compromettant pas le déroulement du reste de la lactation. En effet, lors du retour à deux traites par jour, la quantité de lait produite revient au niveau des témoins: la perte rémanente est nulle. La baisse de production (de 25 % en moyenne) est la même pour les deux périodes de monotraite. La première période d´une traite par jour n´influence donc pas la seconde.