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Production de pommes et poires : Les filets insect-proof prometteurs contre les dégâts de punaises

L’utilisation de filets insect-proof en vergers de pommiers et poiriers montre une efficacité intéressante vis-à-vis des dégâts de punaises phytophages, d’après les premiers résultats du projet d’expérimentation Supor.

Les producteurs de pommes et de poires sont familiers des dégâts caractéristiques des punaises. Considérées comme des ravageurs secondaires mais pouvant ponctuellement causer des pertes importantes, les punaises sont à l’origine de déformations importantes si les piqûres ont lieu précocement sur jeunes fruits, juste après la floraison. Aux espèces présentes historiquement sur le territoire ou arrivées plus récemment (Gonocerus marginatus, Palomena prasina, Raphigaster nebulosa…), s’ajoute aujourd’hui la problématique de la punaise diabolique Halyomorpha halys. Si elle a été observée pour la première fois en France en 2012, les premiers dégâts importants qui lui sont imputés datent de 2019 en Savoie. La région de Chambéry a ainsi connu des pertes spectaculaires en vergers de poiriers et de pommiers avec 50 à 80 % de la récolte impactée dans certaines parcelles.

Des dégâts plus tardifs dus à la punaise diabolique

La stratégie de lutte insecticide contre les punaises est très limitée en France, en Production fruitière intégrée (PFI) comme en bio. Globalement, seuls les stades larvaires présentent une sensibilité suffisante aux insecticides. Ainsi, depuis 2020, le projet Supor(1) teste dans son réseau de partenaires différents moyens de protection contre les punaises en vergers de fruits à pépins : filets insect-proof (à partir de 2020), plantes pièges et ennemis naturels (à partir de 2021). Cette première année d’étude a permis de montrer l’intérêt des filets insect-proof Alt’carpo, mono-rang ou mono-parcelle (filet périphérique avec un toit paragrêle), pour limiter les dégâts de punaises. Les filets ont été testés sur plusieurs espèces et variétés de pommiers et poiriers. Les parcelles équipées de filets ont été comparées à des parcelles références sans filet, avec ou sans programme spécifique dirigé contre les punaises.

Lire aussi : Cerise : « Des filets périphériques permettent de limiter les dégâts de Drosophila suzukii »

Sur le site de SudExpé dans l’Hérault, deux types de dégâts ont été observés : des dégâts précoces attribués aux espèces R. nebulosa et P. prasina largement observées aux stades larvaires et adultes après la floraison, puis des dégâts plus tardifs, attribués à H. halys. Les filets ont permis une protection satisfaisante contre les punaises de printemps comme contre H. halys, avec respectivement 6 % puis 1 % de fruits piqués (contre respectivement 26 % puis 6 % hors filet). La pression punaises sur ce site a été moyenne pour les punaises au printemps et faible pour H. halys.

A La Morinière en Val de Loire, la pression punaises a été faible en 2020. H. halys n’a pas été observée, ce sont les punaises P. prasina, R. nebulosa et G. marginatus qui ont occasionné des dégâts. Les résultats ne montrent pas de différences entre le nombre de fruits piqués hors filet et sous filet. Ceci peut s’expliquer soit par la fermeture tardive des filets (début juillet) qui aurait piégé les punaises déjà présentes, soit parce que les filets n’étaient pas assez hermétiques, en particulier au niveau des troncs.

En Savoie, seulement 2 % de fruits piqués sous les filets

En Savoie, les mesures ont été faites sur des parcelles de producteurs. Les dégâts étaient exclusivement dus à H. halys. La pression, bien que forte, était moins élevée qu’en 2019. Le site équipé d’un filet mono-rang de type Alt’carpo 4x4 (maille 5,5 x 2,2 mm) affiche moins de 2 % de fruits piqués contre 25 % pour la référence sans filet et sans traitement spécifique contre les punaises. Sur l’autre site, la modalité mono-parcelle (bordure Alt’carpo 4x4 et toit en paragrêle) affiche 2,5 % de fruits piqués contre 20 % pour la référence sans filet, mais traitée spécifiquement à la deltaméthrine. Cela montre par ailleurs l’insuffisance de l’insecticide pour contrôler seul H. halys à de tels niveaux de pression.

En Provence, sur le site de La Pugère, la pression punaise a été plutôt faible sur pommier. Les observations répétées des dégâts (de fin juin à la récolte) montrent tout de même une tendance intéressante en faveur du filet que ce soit en AB ou en PFI. En poirier, la pression punaise en 2020 a été trop faible pour conclure.

(1) projet financé par FranceAgriMer, rassemblant le CTIFL, INRAE, la Chambre d’agriculture Savoie-Mont Blanc et les stations régionales La Morinière, La Pugère et SudExpé.
 
Bertrand Alison (CTIFL, SudExpé), Myriam Berud (La Pugère), Alexandre Bout (INRAE), Nicolas Drouzy (Chambre d’agriculture de Savoie-Mont Blanc), Anne-Sophie Mercier (La Morinière)

 

 

Les filets insect-proof assez répandus dans le Sud-est

L’utilisation de filets Alt’carpo est assez répandue dans le Sud-est en vergers de pommiers, en particulier en AB, car c’est un moyen de protection efficace contre le carpocapse. Pour que l’efficacité du filet monorang soit optimale, il faut qu’il soit le plus hermétique possible au niveau du tronc. En effet, la pénétration des punaises dans le verger se fait beaucoup par le déplacement de la strate herbacée vers les troncs et branches des arbres plutôt que par le vol des adultes. Les filets insect-proof sont beaucoup plus rares en vergers de poiriers ainsi que dans les bassins de production plus septentrionaux.

Des pièges testés pour le suivi des populations

 

Piège à ailettes AgBio. © N. Drouzy / CA Savoie Mont Blanc
Les partenaires du projet Supor ont testé deux types de pièges pour le suivi des populations : pièges avec plaque engluée (Sticky Trap®) et pièges à ailettes (ResCue® et AgBio®), avec l’attractif Pherocon BMSB (composé d’une phéromone d’agrégation et d’un attractif alimentaire). Les pièges avec plaque engluée ne semblent piéger que les adultes en vol : les larves ou les adultes qui marchent peuvent assez aisément ressortir du piège. Les pièges à ailettes ont permis de piéger des larves à partir du stade L2 ainsi que des adultes d’H. halys. Ces derniers sont donc efficaces pour un monitoring. Ils sont en revanche onéreux et difficiles à obtenir et ne paraissent pas encore indiqués pour réaliser une lutte avec un piégeage massif. Par ailleurs, les mesures réalisées en Savoie ont montré un impact négatif du piège s’il est positionné à proximité des vergers. En effet, dans un rayon de 50 m autour du piège et de son attractif, des dégâts sur fruits plus importants sont constatés en fréquence comme en intensité.

 

Rédaction Réussir

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