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Pour un ébourgeonnage des jeunes caprins sans douleur

Pour annihiler la pousse des cornes, le bon ébourgeonnage des jeunes caprins avec un fer chaud permet de limiter le risque de douleur, d’infections et de repousse. Conseils pratiques.

Si les cornes sont des éléments naturels de défense contre les prédateurs, la conduite de troupeaux cornus n’est pas sans risques. L’ébourgeonnage des jeunes chevrettes et des futurs boucs reproducteurs limite les risques de blessures entre animaux, facilite leur accès à l’alimentation et le travail de l’éleveur. Néanmoins, pour être réussie et sans douleur pour l’animal, cette intervention nécessite de respecter quelques règles.

La première règle est d’ébourgeonner le plus tôt possible. En effet, le bourgeon cornual se développe très précocement chez les caprins : dès la naissance pour les mâles et entre 3 et 7 jours pour les femelles. La croissance de la corne étant rapide, la marge de manœuvre pour réaliser l’ébourgeonnage est étroite. L’intervention doit être pratiquée dès que le bourgeon cornual est palpable, soit entre 3 et 5 jours pour les mâles et entre 3 et 7 jours pour les femelles. Il faut cependant éviter d’intervenir trop tôt pour s’assurer d’une bonne vigueur des chevreaux.

Une bonne contention et un fer assez chaud

Pour bien ébourgeonner, il faut d’abord bien contenir ou positionner le chevreau. L’idée est de limiter son stress et d’empêcher les mouvements de la tête. Attention cependant à ne pas trop appuyer sur le chanfrein pour ne pas gêner la respiration.

Ensuite, si cela n’a pas déjà été fait, il faut tondre (à la tondeuse) pour dégager le bourgeon cornual et bien visualiser ses contours. Cela facilitera le bon positionnement de l’embout du fer. Tondre permet de limiter le dégagement de fumée et l’encrassement du fer.

Pour cautériser le bourgeon, on positionne le fer à la perpendiculaire du crâne autour du bourgeon cornual, en appliquant une pression légère et constante. On peut effectuer un mouvement circulaire si l’embout est non circulaire. Un fer suffisamment chaud permet de limiter à 3 ou 4 secondes d’application avec moins de risques de complications. Pour s’assurer que le fer est chaud, on peut l’appliquer sur une planche de bois. Si elle noircit rapidement le bois, le fer est assez chaud. Sur des animaux très jeunes, il est inutile d’enlever le cornillon après cautérisation. Attention car la faible épaisseur du crâne des caprins entraîne un risque important de méningite si l’intervention est mal réalisée : température et durée d’application du fer inadaptées, pressions trop fortes ou répétées, embout inadapté…

Hygiène, vigilance et surveillance

Sans toucher la zone cautérisée, on peut vérifier qu’un anneau blanc continu (dans le cas d’un fer à lame céramique) ou qu’une zone de couleur cuivrée (avec un fer métallique) est bien visible.

Pour désinfecter la plaie, on applique immédiatement un produit antiseptique en spray pour limiter les risques infectieux et refroidir les tissus cautérisés. On évitera cependant les produits à base d’aluminium qui n’ont pas d’action désinfectante.

Les chevreaux restent ensuite au repos sur une litière propre, dans un endroit sec et chaud, à l’abri des courants d’air. Pendant trois jours, il faudra être vigilant aux animaux anorexiques ou manquants de coordination. L’administration rapide d’un antibiotique et d’un anti-inflammatoire adapté peut alors sauver ces chevreaux.

Prendre en charge la douleur avec son véto

La zone du bourgeon cornual étant très innervée, sa cautérisation est source de douleur, quel que soit l’âge auquel elle est réalisée. Ceci se traduit par des comportements d’évitement, des mouvements vigoureux des pattes et des vocalises lors de l’application du fer. Comment limiter la douleur ?

Avant l’intervention, l’utilisation d’un sédatif évite le stress occasionné par les manipulations et limite la douleur ressentie par l’animal. Il entraîne une perte de conscience, entre 15 minutes et une heure, variable selon les animaux. Après l’intervention, malgré l’absence de signes visibles pendant les heures suivant un ébourgeonnage bien réalisé, l’inflammation locale générée justifie la prise en charge de la douleur chronique par des anti-inflammatoires administrés avant intervention.

Se faire accompagner par le vétérinaire

Pour les chevreaux non sédatés, l’observation d’une modification du comportement, de mouvements d’oreille ou de la tête témoigne d’une douleur importante et impose de revoir la procédure d’ébourgeonnage (âge des chevreaux, type de fer utilisé…) avant de mettre en place une sédation.

Les modalités de prise en charge de la douleur lors de l’ébourgeonnage sont réduites et parfois délicates. Ainsi, la sédation profonde, par exemple par injection intramusculaire de xylazine, nécessite de peser chaque animal ou d’estimer son poids pour ajuster la dose et éviter les risques de surdosage. La mise à la diète des animaux quelques heures avant est aussi recommandée. Il faut alors se faire accompagner par son vétérinaire lors des premières séances d’ébourgeonnage sans douleur pour pouvoir ensuite réaliser cette intervention seule, avec les produits prescrits.

Dico

Écorner ou ébourgeonner ?

L’ébourgeonnage correspond à la destruction du bourgeon cornual pour empêcher le développement de la corne. L’écornage correspond à la destruction de la corne y compris peu développée. C’est un acte vétérinaire.

En savoir plus

L’ébourgeonnage des jeunes caprins

L’ébourgeonnage des jeunes caprins - Intervenir au bon âge et sans douleur - est une plaquette de quatre pages issus des travaux menés par Idele à la demande de l’Anicap. La plaquette est disponible sur anicap.org/actualites/bien-ebourgeonner-les-caprins. On y trouvera aussi un petit tableau sur le matériel adapté à l’ébourgeonnage.

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