Maintien prévu des cours du porc en 2020
Le prix du porc à la production restera stimulé par les importations chinoises dans un contexte de stabilité de l’offre européenne en 2020. Cependant, des incertitudes pèsent sur ces perspectives liées au Covid-19, à la concurrence américaine et à la fièvre porcine africaine.
Le prix du porc à la production restera stimulé par les importations chinoises dans un contexte de stabilité de l’offre européenne en 2020. Cependant, des incertitudes pèsent sur ces perspectives liées au Covid-19, à la concurrence américaine et à la fièvre porcine africaine.
Après une année 2019 complètement inédite, les prix en 2020 sont scrutés avec grande attention. Les fondamentaux d’offre et de demande devraient soutenir la fermeté des prix du porc à la production et de l’aliment Ifip. En 2019, le marché du porc a été marqué par une forte élévation des cours, impulsée par la recrudescence des importations de la Chine. En 2020, ce pays pourrait de nouveau faire pression sur le bilan d’approvisionnement européen. En France, le prix du porc à la production avait progressé de 21 % en un an et le cours de l’aliment Ifip de 5,6 %.
Stabilité de l’offre européenne
En 2020, la production de porcs charcutiers en nombre de têtes sera similaire à celle de l’an passé. En effet, l’enquête cheptel réalisée en fin d’année 2019 fait état d’une stabilisation des effectifs de truies à l’échelle européenne. Toutefois, malgré le maintien du nombre d’animaux produits, l’alourdissement des carcasses pourrait participer à l’augmentation de la production indigène brute en tonnage.
En revanche, les tendances restent variées selon les pays. L’Espagne et le Danemark, stimulés par une bonne rentabilité en 2019, devraient afficher de fortes croissances de près de 3,8 % en un an. Des hausses de la production sont également attendues en Pologne, au Royaume-Uni et en Italie. À l’inverse, la production reculerait fortement en Allemagne (- 4,3 % en un an), sous l’effet de la menace de la fièvre porcine africaine et des problématiques liées à la transmission des élevages, au bien-être animal et aux contraintes environnementales. Ces normes environnementales incitent aussi certains éleveurs néerlandais à cesser leur activité, ce qui ferait reculer la production indigène brute (PIB) de ce pays de 3,6 % en un an. En France, le cheptel reproducteur décline également (-3 % en un an), concourant à une baisse de l’offre de près de 2,2 % en 2020 par rapport à 2019.
Déficit mondial accru
La production mondiale pourrait de nouveau s’abaisser en 2020, ce qui maintiendra les exportations européennes à des hauts niveaux. Dans le même temps, la tendance à la baisse de consommation intérieure en Europe pourrait être accentuée par la crise sanitaire liée au coronavirus. Ces éléments contribueront à réduire le disponible à la consommation à l’échelle européenne. L’arbitrage entre marché domestique, européen et exportations vers les pays tiers sera encore déterminant en 2020.
La consommation intérieure de l’UE représente 86 % de l’offre européenne. Après une contraction en 2019, sous l’effet du rebond des exportations et du contexte haussier du prix du porc, la consommation des ménages devrait de nouveau être sous pression en 2020. L’épidémie de coronavirus a entraîné la fermeture momentanée de nombreux établissements de restauration hors domicile et les reports à domicile n’ont été que partiels. La lente reprise des activités économiques dans chaque pays pourrait impacter à la baisse le pouvoir d’achat et conduire à une approche plus rationnelle des achats. Ainsi, la consommation ne retrouvera probablement pas les niveaux connus avant la crise du Covid-19. Une contraction de 3 % en un an de la consommation européenne est donc attendue en 2020.
Côté exportations extra-européennes, la Chine a joué un rôle majeur en 2019. Le développement de l’épidémie de fièvre porcine africaine dans le pays a généré un déficit majeur de la production nationale et mondiale. Pour combler ce manque d’offre, les importations ont été massives. La problématique liée au manque de porc en Chine n’est pas encore résolue et le virus de la FPA s’est répandu en Asie. La demande chinoise se maintiendra donc en 2020 et une recrudescence des importations des autres marchés asiatiques est attendue.
Offre américaine incertaine
Aux États-Unis, la propagation de l’épidémie de coronavirus affecte la croissance attendue de l’offre américaine. Elle a récemment entraîné la réduction d’activité de nombreux abattoirs, contraignant les éleveurs à euthanasier une partie de leur cheptel. Cette situation inédite pourrait peser prochainement sur l’offre américaine. Par ailleurs, les tensions diplomatiques avec la Chine semblent faire actuellement leur retour et pourraient atténuer la concurrence américaine.
Ainsi, entre besoins asiatiques et affaiblissement de la consommation européenne, les exportations de l’UE devraient s’intensifier d’environ 18 % en un an, en particulier au second semestre 2020 (+ 20 %).
En résumé, l’offre européenne se maintiendra en 2020, alors que la demande restera forte. Les cours porc à la production seraient alors maintenus à des niveaux relativement élevés à l’échelle de l’UE. En France, le prix du porc classe SE (> 55 % taux de muscle) s’établirait à 1,71 euro par kilo, des niveaux proches de ceux observés depuis la montée des prix du printemps 2019. En moyenne annuelle, la hausse serait de 3,6 % en 2020, compte tenu de la forte différence de prix entre les premiers trimestres de 2019 et 2020. Cependant, les incertitudes menaçant la progression des cours restent fortes : entre concurrence américaine à l’export, poursuite des impacts du coronavirus sur la demande européenne et l’activité des entreprises des filières, propagation de la FPA plus à l’ouest de l’UE.