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Pomme : Des vergers 2D plus performants

Les trois modes de conduite, formant des vergers en deux dimensions, testés au CTIFL présentent des résultats économiques plus intéressants que la conduite en axe vertical au bout de cinq ans.

Le mur fruitier en biaxe (à droite) permet une meilleure efficacité de la main-d’œuvre que les arbres conduits en axe vertical (à gauche) sur la variété Rosy Glow cov. © CTIFL
Le mur fruitier en biaxe (à droite) permet une meilleure efficacité de la main-d’œuvre que les arbres conduits en axe vertical (à gauche) sur la variété Rosy Glow cov.
© CTIFL

La réduction des temps de travaux est un des premiers leviers pour améliorer la rentabilité d’un verger de pommier. Elle passe notamment par la mécanisation des vergers et le changement de conduite. Des systèmes de conduite formés en « deux dimensions » (2D) sont expérimentés depuis 2014 au CTIFL de Lanxade (Dordogne) et comparés avec l’axe vertical. « Un bilan économique, cinq ans après la plantation, montre que ces formes d’arbres, Aximum© ou mur fruitier, en biaxe ou monoaxe présentent des performances économiques supérieures à un verger référence, en axe vertical, qualifié de « 3D » », analyse Laurent Roche, CTIFL. Cet essai est mené sur deux variétés, Simmons* (un clone de Gala) et Rosy Glow* (un des clones de Pink Lady®). Chacune a été greffée sur deux porte-greffes : Pajam® 2 Cepiland* et Geneva® G11* et cultivée selon quatre modes de conduite. La modalité référence, axe vertical a été plantée à 4 m x 1 m, soit 2 500 arbres/ha. La modalité Aximum monoaxe a été plantée en 3,5 m x 1 m, soit 2 857 arbres/ha. Les modalités Aximum biaxe et mur fruitier biaxe ont toutes les deux une densité de 2 285 arbres/ha avec un espacement de 3,5 m par 1,25 m. Les plants biaxes ont été préformés en pépinières à partir d’un double greffage.

De meilleures marges brutes

Les meilleures performances de production sont enregistrées sur trois modalités en plant biaxe sur les deux variétés : mur fruitier sur Cepiland et sur G11 et Aximum biaxe sur G11. Sur quatre ans de production, le gain de production sur Simmons est compris entre 29 % et 45 % et de 21 % à 29 % pour Rosy Glow par rapport à la référence (axe vertical greffé sur Cepiland*). La modalité biaxe Aximum greffée sur Cepiland fait exception, avec une production commerciale de seulement 17 % supérieure à celle du témoin. L’analyse des marges directes (différence entre le chiffre d’affaires des ventes et les coûts variables) a été faite en 5e année, sur les résultats de 2018. Les vergers en 2D ont amélioré les marges directes de 30 à 40 %. Les meilleurs résultats sont observés sur les vergers en biaxe en lien étroit avec le potentiel de production. « Plus les prix de vente sont faibles et plus la conduite est déterminante sur le montant des marges directes », complète Sandrine Codarin, CTIFL. Ainsi la marge directe annuelle de Simmons peut être deux à quatre fois plus importante à celle de l’axe vertical avec une forme 2D. L’étude s’est aussi portée sur la durée de récupération du capital. Il s’agit de savoir en combien d’année l’investissement initial est remboursé. Il se base sur les flux nets de trésorerie cumulés et l’investissement initial. Pour Rosy Glow (prix moyen 0,55 € le kg), tous les systèmes de conduite à l’exception d’Aximum monoaxe sur Cepiland ont réussi à rembourser le capital investi après cinq ans. Mais les cash-flow, différence entre les flux nets de trésorerie cumulés et les coûts d’investissement, varient de 5 800 € pour la modalité référence à 28 500 € pour le mur fruitier sur G11, en 5e année. Pour Simmons (prix moyen 0,40 € le kg), aucune conduite n’a permis de rembourser l’investissement initial au bout de cinq ans. Les meilleurs résultats sont observés sur le verger en mur fruitier greffé sur G11 qui a permis de rembourser 73 % de l’investissement initial au bout de cinq ans et l’Aximum plants biaxes sur G11 qui l’a remboursé à 72 %. La référence, l’axe vertical greffé sur Cepiland, a remboursé l’investissement initial à hauteur de 40 % au bout de cinq ans.

Des coûts plus importants

Du fait du nombre supérieur d’arbres par hectare en monoaxe ou du prix plus élevé des plants biaxes, les vergers 2D demandent un investissement plus important à la plantation. Ce coût d’investissement comprend l’achat, la plantation et la protection des scions, le matériel et le temps d’installation de l’irrigation, de la lutte antigel, du palissage et des filets paragrêles, l’enherbement de la parcelle et son entretien avant la première récolte. Pour Simmons, il est compris entre 62 000 €/ha (Aximum monoaxe sur Cepiland) et 66 000 €/ha (Aximum et mur fruitier biaxe sur G11) pour les formes en 2D, contre 56 500 €/ha pour la référence greffée sur Cepiland, soit un surcoût entre 10 et 16 %. Pour Rosy Glow, la différence avec la référence est de 10 à 13 %. Un hectare de verger en biaxe greffé sur G11 coûte près de 75 000 € contre 66 000 €/ha pour un verger référence. Pour comparer les temps de travaux (taille, éclaircissage et récolte) cumulés sur trois ans, ils ont été ramenés aux volumes produits sur ces même trois années dans un indicateur « efficacité de la main-d’œuvre ». « Les arbres conduits en biaxes présentent globalement une meilleure efficacité de la main-d’œuvre par rapport aux plants monoaxes, continue l’expérimentatrice. Les temps de travaux en conduite Aximum monoaxe sont sensiblement équivalents à l’axe vertical pour les deux variétés greffées sur Cepiland, sans doute dus à la jeunesse du verger ». Il a fallu entre 5,5 et 5,8 h des principaux travaux (taille, éclaircissage et récolte) pour produire une tonne de pomme Simmons dans les vergers en biaxe contre 6 h à 6,5 h pour les vergers monoaxes. Pour Rosy Glow, les vergers biaxes permettent de produire une tonne de pomme en 4,5 à 4,9 h de travail contre 5,2 à 5,3 h pour les vergers monoaxes. « Après cinq années d’observation, les vergers 2D ont de meilleures performances économiques que les vergers 3D. Elles sont optimisées avec l’utilisation de plants préformés en biaxe et l’utilisation du porte-greffe G11, conclut Laurent Roche. Enfin, la qualité des fruits est maintenue ou améliorée dans les vergers 2D. La poursuite de cet essai permettra de valider ces premiers résultats et de voir l’évolution des variables avec le vieillissement du verger. »

*C.o.v
Source : Infos CTIFL octobre 2019

A lire aussi : « Vers des vergers 2D plus étroits et plus rentables »

 

Lexique

Aximum© est une évolution de la conduite en axe vertical avec un renouvellement régulier et total des branches fruitières pour maintenir une faible épaisseur de la canopée durant la vie du verger.

Le mur fruitier est une conduite où le développement de la haie fruitière est contrôlé par une taille mécanique annuelle avec un lamier. Dans cette étude, la taille mécanique a été réalisée avant la floraison.

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