Bien-être animal
Plus de sécheresses, plus de temps passé en bergerie
Des étés plus chauds, des printemps plus secs, des animaux rentrés en bâtiment plus tôt dans l’année : c’est le scénario le plus probable des années à venir.
Des étés plus chauds, des printemps plus secs, des animaux rentrés en bâtiment plus tôt dans l’année : c’est le scénario le plus probable des années à venir.
Les rapports successifs du Giec, les observations de Météo France, les modèles climatiques sont sans appel : même le schéma le plus modéré montre une augmentation des températures saisonnières. Canicules et sécheresses sont à prévoir durant les étés des années à venir. Mieux vaut dès à présent prendre le pli et équiper ses bâtiments pour accueillir dans des bonnes conditions les animaux durant les fortes chaleurs.
Les ovins sont adaptables mais leur bien-être est à prendre en compte en bergerie
Les modèles de prévisions climatiques montrent pour les années à venir une baisse des précipitations et une augmentation des températures en été. En pratique, cela signifie que les brebis seront sans doute plus souvent en bergerie lors de fortes chaleurs, les sécheresses de plus en plus fréquentes les privant de ressources fourragères sur pied.
50 % de risque d’avoir un été très chaud
À court terme, les prévisions de Météo France pour l’été 2023 (juin, juillet, août) ne sont pas tranchées sur la question des précipitations. Côté températures, l’organisme prévoit une chance sur deux qu’elles soient supérieures aux normales de saison. « Il est donc fort probable que l’été soit chaud, bien que les signaux soient moins marqués que pour l’été 2022. En effet, les prévisions font également état d’une chance sur cinq pour que cet été soit plus froid que d’habitude », lit-on sur le document « Tendances à trois mois de juin à août 2023 » publié par Météo France. L’été dernier s’était distingué par « trois vagues de chaleur du 15 au 19 juin, du 12 au 25 juillet puis du 31 juillet au 13 août, remarquables notamment par leur intensité et par leur durée », rappelle Météo France dans son bilan de l’été 2022. Les températures avaient dépassé de 1 à 3 °C en moyenne les normales de saison sur la quasi-totalité de l’été et sur l’ensemble du territoire français.
Sécheresses et fortes chaleurs pas qu’en été
S’il est difficile de faire des prévisions fiables sur un pas de temps aussi proche, celles sur le long terme ne laissent pas de doute quant à l’évolution du climat. « Depuis 1900, l’évolution des températures moyennes annuelles montre un réchauffement en France métropolitaine. Ce réchauffement est particulièrement marqué depuis les années 1980. Les projections montrent une poursuite de l’augmentation des températures jusqu’aux années 2050, plus marquée en été qu’en hiver. À l’échelle d’un territoire vaste comme celui de la France, il existera bien sûr des disparités régionales, mais globalement, les températures augmenteront d’autant plus qu’on s’éloignera de l’océan Atlantique », précise Aurélie Madrid, de l’Institut de l’élevage. Ces températures très élevées et le manque de précipitations pourraient d’ailleurs dépasser la seule période estivale pour s’étendre au printemps et à l’automne, comme cela a été observé en France avec la sécheresse de ce début d’année ou encore en Espagne, avec les températures extrêmes vécues au mois d’avril (de 12 à 16 °C au-dessus des normales de saison).
« Les pratiques d’élevage sont déjà impactées par les aléas actuels, tant au niveau de la production fourragère que de la productivité des troupeaux », reprend Aurélie Madrid.
Les ovins sont parmi les animaux d’élevage les plus adaptables aux amplitudes thermiques, par leur rusticité et leur capacité à vivre au pâturage. Néanmoins, avec les fortes chaleurs combinées aux sécheresses vécues ces dernières années, les éleveurs ont été contraints, pour une grande partie d’entre eux, de faire rentrer leurs animaux en bergerie, faute de ressource herbagère au pâturage. Les bâtiments, pas toujours conçus pour accueillir des animaux l’été, deviennent alors de véritables « cocottes-minute ». « Rappelons qu’il n’y a pas que la température qui va jouer sur le confort thermique des animaux, souligne Aurélie Madrid. La vitesse de l’air, l’humidité et le rayonnement rentrent également en ligne de compte. »