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[Photovoltaïque] Des panneaux sur le toit et une bonne ambiance pour les bovins

Les stabulations équipées de panneaux photovoltaïques ont poussé comme des champignons ces dernières années. Avoir un bâtiment à double fin ne doit surtout pas occulter la nécessité de respecter certains fondamentaux pour permettre un renouvellement de l’air suffisant.

« Aujourd’hui quand un éleveur nous contacte pour évoquer l’éventualité de construire un bâtiment d’élevage, la question du photovoltaïque est systématiquement évoquée même si elle n’est pas toujours retenue », souligne Éliane Teissandier, spécialiste du sujet à l’EDE du Puy-de-Dôme. Et de rappeler que l’agencement du plan intérieur du bâtiment doit être la priorité.

« Quand on envisage la construction d’un bâtiment, la première étape est de s’interroger sur le nombre d’animaux et la catégorie de bovins à loger. En fonction de ces données, on dimensionne les différentes cases puis le positionnement et l’agencement des couloirs. Ce n’est qu’une fois ces étapes réalisées que l’on décide du type de toit que l’on posera dessus. Ça, c’est le scénario idéal », ajoute Perrine Raverat, conseillère élevage et bâtiment à la chambre d’agriculture de la Nièvre.

Malheureusement, avec des bâtiments couverts de photovoltaïques et tout particulièrement lorsqu’il s’agit de « bâtiment photovoltaïques gratuits » tels qu’ils sont réalisés par des tiers investisseurs, c’est chronologiquement parlant souvent l’inverse qui se produit. Et surtout l’opportunité financière de la production d’électricité est telle que l’élaboration du projet photovoltaïque prime sur toute autre considération.

« On me demande alors des plans pour aménager un bâtiment déjà entièrement monté. C’est-à-dire que l’on procède à l’inverse de ce qu’il faudrait faire et comme on est obligé de composer avec ce qui a déjà été construit on est alors souvent confronté à des poteaux mal positionnés par rapport aux objectifs que s’était donnés l’éleveur », s’agace Éliane Teissandier. Et de souligner que dans ces conditions, ce dernier est souvent déçu avec à la clé des conditions de travail loin d’être idéales. « On ne peut que recommander aux éleveurs de venir discuter avec nous de leurs projets bien avant que ce type de bâtiment n’ait été réalisé chez eux. »

L’inconvénient des grandes hauteurs

Un des principaux points faibles classiquement observé sur ce type de bâtiment réside dans leur ventilation. Pour optimiser la production d’électricité, les bâtiments incluant une couverture en photovoltaïque se caractérisent le plus souvent par de grands volumes d’air du fait de la hauteur au faîtage qui avoisine le plus souvent les 9 mètres et parfois davantage.

« Ces bâtiments sont donc le plus souvent froids. Au début, ces stabulations étaient souvent réservées à des génisses de renouvellement ou des bêtes à l’engrais. Aujourd’hui elles sont de plus en plus souvent construites pour des vaches suitées. Et pour des veaux naissant ce n’est pas forcément l’idéal », souligne Perrine Raverat qui de ce fait préconise d’aménager de faux plafonds facilement relevables au-dessus des box à veaux afin d’éviter les retombées d’air froid et conserver localement un peu de chaleur.

« Et compte tenu des dates d’édification de ces bâtiments, la plupart d’entre eux n’ont pas encore été utilisés en cas d’hiver véritablement glacial. La dernière vraie vague de froid que nous avons eu dans la Nièvre a eu lieu au cours de l’hiver 2012. »

Attention au renouvellement de l’air

Comme pour tout bâtiment d’élevage, le renouvellement de l’air est primordial. Toute humidité stagnante accroît les problèmes sanitaires et en particulier les pathologies respiratoires. L’objectif est donc de rendre le bâtiment le plus « respirant » possible pour assurer un renouvellement efficace de l’air sur toute la surface. « Pour permettre ce renouvellement rapide, les distances entre les entrées d’air et les sorties ne doivent pas dépasser 10 mètres. Et dans le cas de distances supérieures, des relais sont indispensables (toitures décalées, écailles…) », préconise un document rédigé par les techniciens du groupe Bâtiment des Pays de la Loire.

Il est ensuite essentiel d’avoir des matériaux de bardage à la fois perméables à l’air pour assurer la ventilation et suffisamment protecteurs contre la pluie. « Il est préférable d’utiliser des matériaux à faible conductivité thermique afin de limiter les fortes variations de température et les phénomènes de condensation. Les bardages bois répondent le mieux à ces exigences. »

Attention également à la luminosité du fait des surfaces importantes masquant totalement les arrivées de lumière. Il est important d’anticiper cette situation en prévoyant en amont l’installation de dispositifs et de translucides sur les longs pans exposés au Nord ainsi que sur les pignons du bâtiment. Un relais de ventilation par décalage de la toiture contribue aussi à l’éclairement de la stabulation.

Local spécifique pour les onduleurs

La crainte de champs magnétiques induits par la production d’électricité est souvent redoutée. Les panneaux photovoltaïques ne génèrent pas de champs électromagnétiques (courant continu et faible voltage). En revanche, les onduleurs dont le rôle est de transformer le courant continu en courant alternatif créent des champs électromagnétiques pouvant présenter un risque pour les animaux et les équipements électroniques. « Tous les équipements doivent donc faire l’objet d’une mise à la terre soignée. Il faut également installer les onduleurs dans un local spécifique qui gagne à se situer à l’extérieur à au moins un mètre du bâtiment », insiste Éliane Teissandier.

Bâtiment tiers investisseur

Les possibilités proposées par un tiers investisseur sont certes intéressantes pour permettre à un élevage en manque de trésorerie de pouvoir disposer d’un bâtiment à moindres frais. Attention pour autant aux conditions dans lesquelles sont proposés ces bâtiments surtout si l’objectif est de les utiliser comme stabulations. Ce concept n’est pas forcément sans embûches. « L’objectif de l’investisseur est de construire un bâtiment avant tout productif en électricité en minimisant le coût de sa construction », souligne Perrine Raverat, conseillère élevage et bâtiment à la chambre d’agriculture de la Nièvre. Sa priorité n’est pas d’avoir une stabulation à la fois lumineuse et bien aérée.

Le contrat proposé mérite donc d’être lu de façon plus qu’attentive en se faisant si besoin assister d’un conseiller juridique ou d’un spécialiste en énergie renouvelable d’une chambre d’agriculture ou d’un centre de gestion. Et quand un agriculteur a la capacité d’investir il gagne évidemment à franchir le pas pour devenir lui-même producteur d’électricité en diversifiant ainsi ses sources de revenu.

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