Un système ovin spécialisé au cœur du plateau de Millevaches
Didier Dubosclard a adapté son système pour préserver le patrimoine écologique mais aussi pour gagner en qualité de vie.
Dans cette petite région au cœur du Plateau de Millevaches dans le Massif central, le potentiel agronomique est limité. Une grande partie de la surface de l’exploitation de Didier Dubosclard se trouve en milieux humides. L’objectif à l’origine était de conserver la dimension de l’unité familiale et de dégager un revenu tout en privilégiant des pratiques agroenvironnementales pour préserver au mieux le patrimoine écologique de ces milieux remarquables. Les solutions pour répondre à la diminution de la main‐d’œuvre et trouver un système plus autonome ont été le changement de race et la spécialisation de l’emploi salarié sur les surfaces.
Un passage progressif en élevage ovin spécialisé
Élu municipal, Didier participe activement au maintien d’un tissu rural vivant. L’exploitation familiale fonctionnait au départ avec un troupeau de vaches laitières et un troupeau ovin. À son installation en Gaec avec son père en 1994, Didier reprend en location 20 hectares. Il choisit de développer le troupeau ovin. Il est bien plus motivé par les brebis et, de plus, la production laitière aurait demandé de lourds investissements pour la mise aux normes des bâtiments. Il fallait dégager un revenu supplémentaire avec seulement une augmentation de 20 hectares. Le choix s’est donc porté sur un troupeau prolifique avec une conduite intensive. La construction d’un tunnel a permis de réaliser les agnelages dans de bonnes conditions et, compte tenu du nombre d’agneaux élevés, le système d’alimentation des agneaux est automatisé. Les agneaux sont valorisés par l’intermédiaire de l’organisation de producteurs Ovin Berry Limousin. En 2002, le père de Didier a pris sa retraite, et madame Dubosclard est entrée dans le Gaec en tant qu’associée. La production laitière est alors définitivement arrêtée et le troupeau ovin progresse pour atteindre 700 brebis. En parallèle, une bergerie en dur est construite ainsi qu’un parc de tri.
800 brebis de race Limousine tout seul
Pour anticiper l’évolution de la main‐d’œuvre (retrait de la mère du Gaec) à court terme et devant l’augmentation du prix des matières premières, Didier a tranquillement fait évoluer son exploitation. Aujourd’hui, Didier Dubosclard élève 800 brebis de race Limousine. Les surfaces de l’exploitation se trouvent majoritairement en milieu humide avec une volonté de réduire l’achat d’intrants et notamment les achats de concentrés. Le système fourrager a évolué d’un système principalement basé sur les stocks à un système ou la pâture prend une place dominante. Le pâturage en bord de rivière permet d’entretenir le paysage. Les prairies temporaires en rotation longue sont renouvelées avec des mélanges multiflores qui assurent des stocks de qualité avec une flore diversifiée. La contrainte de la forte présence de haies délimitant le parcellaire de nombreux propriétaires a été contournée. Cela permet aujourd’hui de réaliser un pâturage tournant. La rusticité de la brebis Limousine est déterminante dans la réussite du système. Le désaisonnement naturel, (90 % de fertilité sur les luttes naturelles d’avril), les qualités maternelles et le savoir-faire de l’éleveur permettent d’atteindre une productivité numérique de 120. La culture de quelques hectares de céréales a été abandonnée ; les rendements étaient rarement au rendez-vous et ne permettaient pas d’amortir les charges et le travail.
Des brebis bien adaptées au système
Les brebis limousines valorisent bien les milieux hydromorphes et le pâturage hivernal, ce qui n’était pas envisageable avec des brebis prolifiques. On est passé d’un système de cueillette ou toutes les périodes à forts besoins étaient couvertes par du concentré à une optimisation de l’herbe pâturée. Le suivi rigoureux du troupeau avec le logiciel, accompagné de pesées systématiques, permet une amélioration constante et rapide de critères de reproduction. Les éleveurs ont adapté le système de production pour dégager des revenus en adéquation avec la main-d’œuvre sans avoir eu recours à l’agrandissement. Les surfaces sont groupées autour des bâtiments ce qui facilite la surveillance et le déplacement des troupeaux. Des investissements programmés : au fur et à mesure de l’augmentation de l’effectif ovin et pour anticiper l’évolution de la main‐d’œuvre, les investissements. L’éleveur est toujours à la recherche d’innovations ou de pratiques différentes qui peuvent s’adapter sur son exploitation. Il participe aux réunions techniques et diverses visites pour partager son expérience et apprendre avec ses collègues. Le système est moins sensible aux aléas que par le passé, plus sécurisé. La passion d’éleveur de Didier et sa technicité lui permettent d’obtenir de bons résultats techniques. La volonté de limiter les charges opérationnelles et de structure se traduit par une bonne efficacité économique. Avec un ratio d’EBE/produit de 46 %, on peut dire que le système est efficient.