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Repérer l’hypothermie et l’inanition sur l’agneau
Causant le tiers des pertes pendant les premiers jours des agneaux, l’hypothermie-inanition peut être caractérisée par une autopsie.
L’examen lésionnel externe et interne de l’agneau nouveau-né est un examen utile pour les éleveurs ovins. L’examen des lésions est indispensable lors d’apparition de cas nombreux de mortalité préoccupants pour l’éleveur car rappelons que 60 % de la mortalité globale survient avant trois semaines. Cet examen est d’autant plus utile que le diagnostic sur des bases cliniques (avant la mort) n’est pas facile à réaliser : les causes peuvent être multiples, les signes sont peu évidents et l’évolution vers la mort arrive rapidement. L’éleveur doit donc s’approprier cet examen pour pouvoir le mettre en œuvre rapidement et aussi souvent que les circonstances le demandent. Cet examen est également nécessaire afin d’éliminer certaines causes de mortalité précoce (traumatismes à la naissance, mortinatalité…). Ce premier examen par l’éleveur pourra être complété par une autopsie menée par un vétérinaire ainsi que des examens complémentaires en laboratoire afin de préciser (ou d’exclure) certaines causes, notamment infectieuses.
Les premières heures de vie sont déterminantes pour l’agneau
La mortalité de l’agneau dans les premiers jours de vie est plurifactorielle. Selon différentes sources, le syndrome hypothermie-inanition représente un tiers de l’ensemble des mortalités observées dans les premiers jours de vie et jusqu’à 10 % de mortalité dans un même élevage. De par sa morphologie avec des plis cutanés, l’agneau est exposé à ce risque : l’évaporation des eaux fœtales après la naissance entraîne une chute de la température corporelle qui doit rapidement être compensée par des apports énergétiques adéquats. Les races peu lainées (Charollais ou Charmoise par exemple) sont plus à risque. Les agneaux issus de brebis en état corporel insuffisant, d’agnelles ou de brebis âgées, les triplets, ceux d’un poids de naissance insuffisant (inférieur à 2,5 kg), les agneaux faibles à la naissance le sont également.
Les périodes à risque sont essentiellement regroupées en deux phases. De la naissance à cinq heures, l’hypothermie qui survient sur ce laps de temps est généralement due à des pertes de chaleur excessives à partir de l’humidité corporelle. Ces pertes peuvent être aggravées par un défaut de production de chaleur, situation dans laquelle la prise de colostrum (qualité et quantités adéquates, précocité de la première prise) est fondamentale. Dans ce cas, une hypoglycémie sévère est rare. Ensuite, passées les 12 premières heures, l’hypothermie peut survenir. Elle est due à une perte de chaleur consécutive à de l’inanition. Elle peut être aggravée par le froid dans la bergerie, une absence d’abris adaptés dans le bâtiment où le gradient de température nuit/jour peut être important. Dans ce cas, l’hypoglycémie est présente. L’hypothermie peut également être consécutive à une diarrhée ou à un syndrome « agneau baveur ».
Le syndrome d’hypothermie peut faire suite à un traumatisme
Quelques questions sont à se poser absolument lors de l’examen de l’animal mort. Lors de l’examen externe, il faut déterminer si l’agneau a été léché par sa mère et si tel n’est pas le cas, la cause de la mort est imputable à un défaut d’adoption ou bien l’agneau était mort-né (photo 1). Il faut ensuite évaluer si l’agneau a marché. La présence de litière sous les onglons et l’absence de membranes fœtales sont des preuves que l’agneau a été mobile, on peut conclure qu’il est né dans des conditions normales et s’est affaibli ensuite (mère peu maternelle, pas de colostrum…). S’il n’a pas marché, un accident de mise bas a pu se produire. L’étape suivante est l’observation du nombril (photo 2). Le problème peut provenir du cordon s’il s’avère encore humide, enflammé, hémorragique ou que l’on note la présence d’intestins ectopiques (extériorisés par une hernie ombilicale - photo 3). Les derniers examens externes concernent la taille de la tête, si elle est enflée cela suggère une souffrance lors de l’agnelage (photo 4). La présence de méconium sur le corps peut également indiquer une souffrance à la mise bas, par exemple s’il s’est présenté par le postérieur ou bien un défaut de léchage de la part de sa mère.
La seconde partie de l’autopsie est l’examen interne de l’agneau mort. Il faut observer en priorité la présence ou non de réserves de graisse brune autour des reins (photo 5) et du cœur (photo 6). S’il n’y en a pas, cela signifie que l’agneau a utilisé ses premières réserves graisseuses au tout début de sa vie, la piste de l’inanition est donc très probable. Si l’on observe des caillots de sang dans les cavités pleurales et abdominales, cela signifie que des traumatismes ont eu lieu lors de l’agnelage et la mort est en fait due à l’hémorragie qui en découle.
L’agneau a-t-il mangé ? a-t-il respiré ?
À l’examen du système digestif, si on ne détecte pas de colostrum, il s’agit d’un agneau mort-né ou né vivant mais qui est mort dans les heures qui ont suivi. Il peut par contre y avoir un liquide muqueux dans la caillette et les plis sont très développés (photo 7). Pour un agneau qui a tété et démarré sa digestion, des caillots de lait sont visibles (photo 8). Enfin, un agneau qui a été alimenté de force ou qui a tété sans avoir digéré présentera du lait liquide dans la caillette (photo 9). Pour savoir si l’agneau a respiré, il existe un test simple. On prélève un petit bout de poumon que l’on plonge dans un verre d’eau. Si le fragment coule, l’agneau n’a pas respiré, il est donc mort-né ou bien il est né vivant et est mort quelques minutes après, sans que son système respiratoire ne se soit activé. Ces quelques investigations simples permettent de donner à l’éleveur qui va les maîtriser une orientation diagnostique sur les nombreuses affections qui peuvent abréger la vie de l’agneau dans les premières heures qui suivent la naissance, par ordre chronologique : avortement tardif (agneau morphologiquement à terme), mise bas difficile, agneau trop faible à la naissance (poids insuffisant… photo 10), traumatisme post mise bas, défaut d’adoption, manque de colostrum, hypothermie-inanition, septicémie… La bonne connaissance des signes de l’hypothermie-inanition permet de reconnaître efficacement ce syndrome sur l’agneau vivant et de mettre en place rapidement un traitement adapté, notamment en apportant du glucose isotonique puis en le réchauffant.
Dico
Hypothermie signifie température corporelle anormalement basse. Cette affection conduit à la mort rapidement en l’absence de thérapeutique.
Inanition signifie défaut d’apport alimentaire. Elle conduit également à la mort très rapidement dans les premières heures de vie, de façon plus lente dans les jours suivants.
Les deux entités sont communément regroupées sous le terme "syndrome hypothermie-inanition" du fait d’analogies entre les deux.