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Repérer les douves à l’autopsie

Grandes et petites douves attaquent gravement le foie des ovins. Conseils et photos pour les repérer à l’autopsie.

La grande douve (Fasciola hepatica) et la petite douve (Dicrocoelium lanceolatum) sont deux parasites aux conséquences cliniques différentes mais graves chez les ovins. La grande douve est classiquement décrite comme parasite des sols humides et acides alors que la petite douve serait un parasite des terrains secs et calcaires pour la petite douve. Cependant, cette dichotomie n’est pas toujours présente sur le terrain et il est possible d’observer des infestations mixtes dans le même troupeau.

L’infestation a lieu tout au long de la saison de pâture. Pour la grande douve, les étés secs qui font suite à un printemps humide sont particulièrement à risque, car les ovins vont pâturer les zones encore un peu vertes (fonds de prés, bordures de mares…) qui sont les zones d’infestation maximale.

Les ovins se contaminent au pâturage en ingérant des formes infestantes appelées métacercaires, rejetées par des petits escargots appelés limnées dans le cas de la grande douve, en ingérant des fourmis contaminées par des métacercaires dans le cas de la petite douve. Ces formes infestantes vont se transformer en larves de différents stades et entamer leur migration vers le foie, pour finir, après avoir traversé le tissu hépatique, par se localiser dans les canaux biliaires, devenir des adultes et commencer alors à se reproduire.

Cette phase de migration larvaire est longue, d’une durée de 10 à 12 semaines. Pendant cette période, l’animal est parasité mais aucun œuf ne pourra être détecté dans une analyse coprologique car les larves seules sont alors présentes. Ensuite, les adultes aptes à se reproduire vont pondre. La ponte des petites douves est suffisamment importante pour que les analyses coproscopiques soient sensibles et donnent une information fiable. Par contre, les grandes douves pondent peu et les coproscopies sont souvent faussement négatives.

Les douves se recherchent dans le foie

La grande douve est un parasite hématophage (se nourrissant de sang). L’intensité de l’infestation peut conduire, si elle est massive, à une anémie brutale et intense, rapidement mortelle. De la diarrhée et de l’amaigrissement, de la mortalité vont suivre plus ou moins rapidement selon l’intensité de l’infestation. La petite douve, elle, se nourrit de bile et va occasionner des troubles digestifs plus ou moins visibles, les brebis peuvent s’amaigrir, parfois présenter une diarrhée, en fin de gestation, développer préférentiellement une toxémie de gestation du fait d’un fonctionnement hépatique perturbé.

L’autopsie d’un ovin atteint de petite ou grande douve ne révèle à première vue que peu de signes précis : l’animal présente un état corporel plutôt dégradé et de la diarrhée peut souiller la laine… Le parasite devra alors être recherché dans l’organe cible, c’est-à-dire le foie. Et ce sont les parasites adultes qui seront repérés. Ils seront repérés d’autant plus facilement que l’autopsie sera pratiquée rapidement (moins de six heures en plein été, moins de 12 heures sinon).

Les larves tracent des lignes blanches

Le foie étant extériorisé du cadavre, pour trouver les parasites, il convient de sectionner transversalement les canaux biliaires qui sont visibles sur la face non bombée de l’organe. Dans les canaux biliaires larges près du centre de l’organe, on trouvera préférentiellement les grandes douves et inversement dans les canaux de plus petit diamètre plus proches de la périphérie, les petites douves (photo 1). En appuyant sur le canal avec le doigt, on peut faire sourdre un peu de bile qui va contenir les parasites. L’inflammation continue des canaux biliaires entraîne un épaississement et un durcissement de leur paroi appelé cholangite (photo 2).

Les grandes douves ont l’aspect d’une petite feuille de 2 à 3 cm de long sur 1 cm de large (photo 3), les petites douves mesurent 1 cm de long sur 0,5 cm de large (photo 4), ces dernières peuvent être retrouvées également lorsque l’on perce la vésicule biliaire et que l’on en verse le contenu sur un support clair, on repère les parasites grâce à leur appareil digestif marron (photo 5).

En début d’infestation, avant la maturation des larves en adultes, il est possible de visualiser sur le foie des lésions de pénétration des larves à travers la capsule du foie qui occasionnent une hépatite traumatique, la surface du foie est irrégulière, parfois ponctuée de petites zones hémorragiques (photo 6). Ensuite, chronologiquement, on observera des trajets blanchâtres qui correspondent à des réactions inflammatoires du foie à la migration des larves dans le tissu (photo 7). Ces lésions peuvent être identiques à celles observées lors de cysticercose (tenia du chien : Tenia hydatigena). Lorsque l’on observe ces lésions qui correspondent au début de l’infestation, les douves adultes (grande et petite) ne sont pas toujours visibles.

La mort en cas d’infestations massives

Très exceptionnellement lors d’infestations massives de grande douve, l’arrivée des larves en grande quantité provoque un éclatement de la capsule externe du foie avec une hépatite qualifiée de nécrosante (photo 8) et la mort brutale du sujet, ces larves peuvent être porteuses de clostridies (voisines de celles responsables des entérotoxémies). Dans ce cas, aucun parasite n’est bien sûr visible, le foie prend un aspect noirâtre, sa capsule est comme éclatée par les multiples agressions (photo 9).

Également, lors d’infestations chroniques répétées par la grande douve, le foie réagit par des réactions inflammatoires disproportionnées, conduisant à des lésions de type cirrhose. Le foie est alors de taille réduite, dur, bosselé, décoloré (photos 10). Les parasites ne sont plus visibles. L’animal meurt alors d’amaigrissement progressif avec un abdomen qui se remplit de liquide du fait de la cirrhose. Lorsque la brebis se déplace, un bruit de flot est très nettement audible.

Classiquement, on considère qu’une infestation importante de grandes douves peut provoquer à elle seule la mort d’un ovin. Par contre, il est plus rare qu’une infestation même importante de petites douves soit responsable de la mort, sauf au terme d’une longue période sans traitement. Dans tous les cas, quels que soient les motifs et les conclusions d’une autopsie, il est recommandé d’observer attentivement le foie. La présence de ces parasites, même en faible quantité, mérite que l’éleveur s’en préoccupe.

Mise en garde

D’autres maladies atteignent le foie

Le foie est un organe sensible et d’autres maladies peuvent provoquer des atteintes du foie. Ainsi, le cuivre en quantité même faible est toxique chez les ovins par accumulation dans le foie et les reins. Le foie prend alors une couleur marron foncé et les reins présentent une nuance bleutée. Une intoxication par le séneçon de Jacob entraîne un foie très dur, bosselé, de taille inférieure à la normale. Lors de certaines entérotoxémies, l’autolyse et la putréfaction rapide des organes abdominaux provoque un aspect « cuit » du foie, c’est-à-dire décoloré et très friable sous la pression des doigts.

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