Quand les brebis pâturent les plantes bioactives
Sainfoin, chicorée, plantain… Ces plantes auraient une influence bénéfique sur la santé du cheptel. Témoignages d’éleveurs issus des premiers travaux du programme Fastoche.
Sainfoin, chicorée, plantain… Ces plantes auraient une influence bénéfique sur la santé du cheptel. Témoignages d’éleveurs issus des premiers travaux du programme Fastoche.
Un troupeau en meilleur santé, sans médicaments. C’est ce que promettent les plantes bioactives. Leur forte teneur en tanins fait baisser la charge parasitaire et aurait des propriétés thérapeutiques sur la santé du cheptel. Le programme Fastoche a recueilli des premiers témoignages d'éleveurs conquis.
Du sainfoin en pur et en mélange dans l’Aveyron
Au Gaec Cassenjouls situé à Cornus dans l’Aveyron, le sainfoin est utilisé depuis longtemps dans les prairies. Stéphanie Fabre et ses associés exploitent 530 ha dont 130 ha de cultures et 400 ha de parcours. Dans leur sole, 4 ou 5 ha sont semés en sainfoin pur tous les ans pour casser le cycle de la luzerne et allonger la rotation. « Nous en sommes très contents, d’autant plus que les brebis donnent du lait quand elles pâturent, témoigne l’éleveuse. Il faudrait laisser le troupeau pâturer plus longtemps pour évaluer les réels effets antiparasitaires. » Le sainfoin est aussi utilisé en mélange avec du dactyle ou plusieurs graminées. Point positif, c’est une plante qui ne météorise pas. Mais son manque de pérennité est son plus gros inconvénient. Il doit en effet être ressemé tous les deux ans.
En Haute-Vienne, du plantain dans toutes les prairies !
Didier Dussouchaud est éleveur en Haute-Vienne. Il intègre du plantain dans tous ses semis de prairie. Son mélange favori : trèfle blanc, trèfle violet, luzerne et plantain. Il en est très content : « Le plantain, elles le mangent à toutes les sauces : en vert, en foin, en ensilage, en enrubannage. J’ai aussi essayé la chicorée, mais l’appétence n’est pas la même. Les brebis arrêtent de la consommer lorsque la plante monte ou ne consomment que les feuilles. Et j’ai un doute sur sa valeur alimentaire.» L’intérêt du plantain est la valorisation des protéines car l’efficacité sur les strongles reste à étudier. Ce dont il est sûr, c’est que le plantain contribue à avoir des animaux en bon état et donc en meilleure santé avec une même charge parasitaire.
Longtemps oublié, le sainfoin revient dans les Alpes-de-Haute-Provence
Le sainfoin est une légumineuse cultivée traditionnellement dans le Sud-Est de la France. Elle peut s’utiliser en pur ou en mélange avec du ray-grass ou de l’avoine. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, « on en sème de plus en plus, témoigne François Demarquet, directeur de la ferme expérimentale de Carmejane. Nous utilisons le sainfoin aussi bien en fauche qu’en pâturage. » Il a remarqué que, même monté en fleurs, les brebis s’en régalent et n’en gaspillent que très peu. Chez eux, les parcelles de sainfoin sont pâturées au printemps et à l’automne. Comme la plante est peu sensible au gel, il peut y laisser son troupeau pratiquement jusqu’à la fin de l’année. « C’est le prix de la semence qui peut être un frein. Le sainfoin est assez couteux et son implantation est à refaire tous les trois ans au moins. »
Des plantes à faibles besoins en eau et sans météorisation
Sainfoin, plantain et chicorée seraient la réponse aux étés de plus en plus secs. Leur système racinaire leur permet une meilleure résistance à la sécheresse que d’autres espèces fourragères. Elles semblent aussi être plus résistantes aux parasites comme les chenilles. Ces plantes bioactives repartent aux premières gouttes d’eau après une période de forte chaleur et pourrait fournir du fourrage vert en été. Leurs propriétés non-météorisantes sont à mettre en avant. Pas besoin de transition alimentaire, cela permet de faciliter la conduite au pâturage.
Propriété thérapeutiques : comment ça marche ?
Les plantes bioactives produisent des tanins. Ces substances sont naturellement produites par la plante sous forme de macromolécules pour se protéger de potentiels agresseurs comme des bactéries ou des champignons. Une fois ingérés, ils ont la capacité de former avec d’autres protéines des macromolécules. Cela leur offre une protection contre l’activité digestive du rumen. En formant ces macromolécules, elles stimuleraient la production d’acides aminés ce qui serait bénéfique à la croissance et au développement des animaux. Il faut ajouter à cela le fait que les tanins sont des molécules agressives et perturbent les étapes clés du cycle de vie des parasites. Est-ce une nouvelle clé pour diminuer l’utilisation d’antiparasitaires chimiques ?
Côté biblio
La plaquette Sainfoin, chicorée, plantain: le pâturage des plantes bioactives par les ovins et les caprins reprend en six pages les résultats des enquêtes réalisées en 2019 dans le cadre du programme Fastoche. La plaquette est à télécharger sur inn-ovin.fr et idele.fr.