Litière en bois au lycée de Charolles
Les 700 brebis du lycée agricole de Charolles ont passé l’hiver sur une litière en plaquette de bois sans aucun souci.
Les 700 brebis du lycée agricole de Charolles ont passé l’hiver sur une litière en plaquette de bois sans aucun souci.
La ferme du Lycée agricole est située en pleine zone bocagère du Charollais. Avec 12 km de haies, le temps consacré à l’entretien des haies est important sans qu’une réelle plus-value ne soit dégagée. En mai 2012, un projet d’amélioration du patrimoine forestier avait été réalisé avec l’ONF et des réflexions ont été conduites avec la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire pour essayer de remplacer la paille de litière par des plaquettes.
En octobre 2017, la ferme du lycée a acheté 42 m3 de plaquettes forestière de 30 mm par 30. À 22 euros le mètre cube, les plaquettes ont coûté 924 euros. Par comparaison, la litière paille ne coûte que 240 euros. « Au départ, l’objectif était surtout de montrer l’efficacité du produit sans compter l’aspect économique » explique Marc Bernus de la ferme du lycée.
Les plaquettes collent un peu à la naissance des agneaux
Pendant l’essai, 27 brebis et 45 agneaux sont restés du 15 novembre au 27 janvier sur une aire de 120 m². Une première couche de plaquette de 3-4 cm d’épaisseur a été amenée au godet puis étalée à la pelle. Ensuite, une hauteur d’un centimètre de plaquette était amenée deux fois par semaine. « L’apport de plaquettes a peut-être été trop important » remarque Marc Bernus.
Les résultats de production (GMQ, production de lait et mise bas) ont été similaires sur les litières bois et paille. « C’est le signe que le bien-être des animaux n’est pas altéré » apprécie Laurent Solas de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Par contre, le temps de travail est supérieur et plus laborieux avec les plaquettes si la mécanisation n’est pas possible. « À la naissance, les plaquettes collent aux agneaux et les mères ont tendance à moins les lécher, remarque Marc Bernus. Heureusement, la race Romane est réputée pour ses qualités maternelles et les brebis s’occupaient suffisamment des agneaux ». Les déjections sèches ont formé une couche très compacte à la surface de la litière. Au printemps, le fumier a été sorti est épandu sur une prairie. Au final, « l’utilisation des plaquettes peut être une bonne alternative à la paille, estime Laurent Solas. Mais cela génère plus de temps et plus de pénibilité lorsque la conception de la bergerie ne permet pas de mécaniser l’étalement des plaquettes ».
Avis d’expert : Jean-Christophe Moreau, Institut de l’Élevage
« Une sous-couche très absorbante »
« Là où il y a de l’élevage, il y a du bois, des bosquets, des haies, des arbres qui ne sont pas toujours bien exploités. Or, il n’y a pas toujours assez de paille dans ces zones d’élevages. Des plaquettes de bois peuvent être utilisées comme litières en substitution du paillage. Nous avons mené des essais et des enquêtes et nous n’avons pas vu de problèmes techniques à cette utilisation pour les ovins. Pour les bovins, une utilisation en parc stabilisé hivernaux ou en stabulation est possible mais les plaquettes sont plutôt utilisées comme sous-couche pour de la paille à rajouter quelques semaines après. Les éleveurs utilisateurs apprécient le fort pouvoir absorbant des plaquettes qui donnent une litière plus sèche. En plus, en autoproduction mécanisée, 4 à 5 m3 secs de bois déchiqueté absorbent autant qu’une tonne de paille à 80 €. L’expérimentation a permis d’observer qu’on économisait deux fois de la paille avec cette technique : la première fois par substitution (le premier paillage est réalisé avec de la plaquette bois) et la seconde par économie d’apports (les ajouts de paille successifs sont diminués)."