En attendant le mondial
Les techniques de tonte
Les outils anciens ont progressivement laissé leur place à des tondeuses électriques. De même, les techniques ont évolué et les tondeurs professionnels du monde entier utilisent principalement la méthode Bowen, du nom d’un tondeur néo-zélandais qui a popularisé sa technique dans les années soixante. Cette méthode privilégie le bien-être du tondeur et de l’animal et garde la toison entière. Après avoir tondu le ventre, le tondeur attaque le côté gauche par de longues coupes en remontant du gigot vers la colonne vertébrale puis il tond le cou et la tête, redescend sur l’épaule et termine en redescendant sur le côté droit.
« C’est une technique exigeante et il faut passer entre 4 000 et 5 000 bêtes avant de la maîtriser correctement, témoigne Julien Dincq, éleveur en Haute-Vienne et tondeur la moitié de l’année. Ce n’est pas seulement les passes de la tondeuse sur la bête qu’il faut apprendre, c’est aussi plein de petits détails sur le placement de ses pieds ou le positionnement de la brebis qu’il faut maîtriser. » Avec la méthode Bowen, l’animal est normalement dans une position confortable, bien calé sur ses gigots puis sur le dos. Il faut aussi faire attention à l’orientation de la tête de la brebis pour ne pas l’empêcher de respirer et éviter qu’elle ne panique. C’est aussi pour cette raison que les animaux doivent être à jeun lors de la tonte pour ne pas que leur panse pleine ne les gêne lors des manipulations. Non traumatisante pour l’animal, la méthode Bowen doit normalement ménager les lombaires du tondeur.
Une bonne condition physique pour épargner son dos
Lors des stages de formation ou de perfectionnement proposés par l’association des tondeurs de moutons (atm.tondeur.free.fr), une grande attention est portée à l’ergonomie et à la prévention du dos. « On apprend à épargner son corps et son dos, explique Julien Dincq, 28 ans. Il ne faut pas forcer quand on est penché mais plutôt chercher à comprendre voire anticiper les réactions du mouton ». Comme la main droite est prise par la machine et que la main gauche prépare la peau pour le passage de la tondeuse, il ne reste que les genoux et les pieds du tondeur pour contenir l’animal. Très physique, le métier demande des étirements après l’effort, une souplesse dorsale ainsi que des exercices réguliers de musculation de la ceinture abdominale pendant la saison creuse. Avec de l’entraînement, la méthode Bowen est d’une grande rapidité d’exécution : une à deux minutes par brebis en routine et de 30 à 40 secondes par agneau en compétition.
D’autres techniques de tonte plus simples d’apprentissage peuvent être utilisées par les éleveurs qui ne tondent qu’occasionnellement. C’est le cas par exemple de la méthode montmorillonnaise où les brebis restent assises et le tondeur attaque le côté droit avec la main droite en descendant de la tête vers les pattes. Il change ensuite la tondeuse de main et tond le côté gauche avec la main gauche.
La tonte aux forces a aussi ses adeptes. Avec ces gros ciseaux métalliques, les tondeurs laissent davantage de laine sur l’animal, ce qui est apprécié en zone froide ou en montagne. Silencieux, utilisable partout même sans électricité, le travail aux forces est plus long et demande aussi beaucoup d’efforts physiques et d’apprentissage avant d’être maîtrisé.