Les secrets d’un "plaquettage" réussi
Pour être aussi absorbantes que la paille, les plaquettes de bois doivent suivre un itinéraire technique bien précis. Et lorsque le prix de la paille flambe, les plaquettes de bois trouvent un intérêt économique.
Le pouvoir absorbant des plaquettes de bois est directement lié à leur taux de matière sèche. Pour être au moins aussi important que celui de la paille, celui-ci doit être de 80 % minimum lors de l’utilisation. En dessous, la litière est source de problèmes sanitaires. Un itinéraire technique précis est par conséquent à respecter scrupuleusement du déchiquetage à son étalement en litière. La première étape concerne la fabrication des plaquettes. Le déchiquetage doit est réalisé lorsque le bois est encore vert, soit quelques semaines (maximum 3 à 4 mois) après la taille ou la coupe de la haie. Le tas de plaquettes sèche ensuite à l’air libre ou bien à l’abri (sous un hangar par exemple mais jamais dans un endroit complètement clos), toujours sous la forme d’un dôme de 3 mètres de haut minimum. S’il est en extérieur, il est important de créer des pentes régulières pour que l’eau ne s’infiltre pas. La durée du séchage du tas est de 3 à 6 mois et ne nécessite aucune intervention. Les indicateurs qui témoignent que les plaquettes sont prêtes à être utilisées en guise de litière après trois mois de séchage minimum sont les suivants : des champignons sont apparents sur le sommet et les 30 premiers centimètres du tas sont humides mais la plaquette est sèche et froide lorsqu’on introduit sa main à 70 centimètres.
Une sous-couche de 4 à 5 centimètres
Le mode d’emploi n’est pas le même que celui utilisé en bovins. Étaler une sous-couche de 8 à 10 centimètres est en effet parfaitement inutile. La mise de départ doit présenter une épaisseur de 4 à 5 centimètres seulement. Le rechargement est ensuite réalisé par couches de deux centimètres environ lorsque la litière devient sale. Cette opération est deux fois moins fréquente que le paillage pour un même niveau de propreté de la litière. Mais les quantités étalées au final sont beaucoup plus importantes. Ainsi, sous couche comprise, il faut compter 280 kg de plaquettes de bois, soit environ un mètre cube apparent (MAP) en équivalence à 100 kg de paille. Ce ratio est le même pour les brebis et les agneaux en finition. Il est également inchangé si les brebis sont alimentées avec une ration sèche ou humide.
100 kg de paille équivalent à 280 kg de plaquettes de bois
Le prix d’intérêt des plaquettes de bois est exclusivement lié à celui du prix de la paille (voir graphique). Par exemple, pour un prix de la paille de 100 € la tonne, les plaquettes de bois sont plus intéressantes économiquement en dessous de 9,5 € le MAP (mètre cube apparent). Les temps de travaux nécessaires pour pailler ou « plaquetter » restent très dépendants des équipements et de l’aménagement des bâtiments. Si les plaquettes de bois passent dans certaines pailleuses, il est également possible de les apporter au godet avec des brebis au cornadis par exemple.
Un compostage nécessaire avec les arbres fruitiers
Aucune différence de qualité de la litière n’a été mesurée entre les diverses essences testées : pin sylvestre, frêne, peuplier, chêne, aulne, hêtre, bouleau, mélange de bois blanc et mélange de feuillus. Les plaquettes de bois issues d’arbres fruitiers n’ont pas été testées dans le cadre de cette étude. Leur utilisation est possible sous réserve de quelques précautions. La première est de vérifier l’absence de rémanence de produits phytosanitaires. D’autre part, les abricotiers, poiriers et pêchers sont des essences à bois dense riches en tanins. Cela implique un compostage du fumier avant son épandage. Il est également conseillé de ne broyer que les branches, les troncs étant écoulés en bûches. Le noyer, en plus d’être riche en tanins, contient une substance toxique appelée la juglone, qui nécessite également que le fumier soit composté. La présence de cette substance dans la litière pourrait ralentir la pousse de la prairie sur laquelle le fumier est épandu.
Avis d’expert : Louis-Marie Mainguy, conseiller forestier à la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne
« Vérifier le taux de matière sèche avant utilisation »
« Pour une litière efficace, les plaquettes doivent être bien sèches : moins de 20 % d’humidité. Si les plaquettes sont plus humides, il est conseillé de ne pas les utiliser à l’intérieur. Elles peuvent alors être étalées sur les aires d’affouragement des bovins. Il est possible de se procurer des sondes auprès de certaines coopératives, Cuma ou assureurs ».
Avis d’expert : Sylvie Monier, Mission Haies
« La même taille de plaquettes que celles pour les chaudières »
« Inutile de changer le réglage de la déchiqueteuse pour les plaquettes de bois. Une taille de trois centimètres convient parfaitement ! Couper plus petit est plus onéreux pour un résultat moins satisfaisant car le bois se rapproche alors de la sciure et peu se compacter. Des plaquettes plus grosses coûtent moins cher à produire mais leur utilisation reste à expérimenter ».