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Les prometteuses prévisions Herdect de la pousse d’herbe

Depuis 2017, le projet Herdect utilise les données satellites Sentinel-2 pour chercher à évaluer la quantité et qualité de l’herbe dans les prairies. Les résultats sont prometteurs.

Adieu l’herbomètre ? En comparant les données de terrain à plusieurs variables extraites des images Sentinel-2, les chercheurs de l’Inrae, du CNRS, des chambres d’agriculture, d’Idele et de l’Agro ont pu développer des modèles de prévision de hauteur d’herbe et de biomasse sur pied. « Le satellite a une précision de 10 mètres sur 10 et passe tous les cinq jours pour photographier sur 13 bandes spectrales, explique Pauline Dusseux du CNRS. Par contre, le satellite est sensible à la présence de nuages, ce qui peut poser des problèmes de disponibilité des mesures. »

Des cartes de hauteur d’herbe sur chaque parcelle

Les prévisions sur 18 sites, principalement de l’Ouest de la France, se sont avérées relativement justes. L’erreur moyenne de la hauteur d’herbe n’était que de 1,6 cm par rapport aux mesures de l’herbomètre. Le satellite a tendance à sous-estimer les hauteurs d’herbe et les prévisions semblaient plus précises en dessous de 10 à 12 cm. Cette fiabilité est d’autant plus encourageante que les éleveurs impliqués dans le projet préfèrent plutôt avoir des infos sur des classes de hauteurs d’herbe, plutôt qu’une hauteur stricte.

Vers une application smartphone simple à utiliser ?

À l’avenir, ce modèle de prévision de pousse de l’herbe pourrait être valorisé dans une application smartphone d’aide à la gestion du pâturage. « Les éleveurs sont en attente d’un outil de réassurance sur le pilotage de l’herbe qui soit à la fois simple et rapide d’utilisation, explique Élise Michel, conseillère prairies à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. L’application permettra de connaître en temps quasi réel la quantité d’herbe disponible sur l’ensemble des prairies de l’exploitation et d’indiquer les bonnes décisions de pilotage du pâturage à prendre au bon moment ». Les partenaires d’Herdect espèrent une commercialisation de l’outil pour 2022.

Des satellites au-dessus des prairies

Passant au-dessus de nos têtes en permanence, les satellites de télédétection peuvent renseigner sur la nature des prairies et la pousse de l’herbe en mesurant la réflexion des ondes électromagnétiques. Mais « les prairies sont des systèmes complexes, beaucoup plus complexes que les grandes cultures », reconnaît Hervé Nicolas d’Agrocampus Ouest. Les images des satellites optiques, thermiques ou radar seules ne suffisent pas à prédire la composition ou la biomasse des cultures fourragères. Il y a besoin de disposer d’observations au sol pour comparer les images satellites à la réalité du terrain. L’analyse statistique et la modélisation ne peuvent se baser que sur des données de terrain en grand nombre.

Le satellite qui calcule les pertes de production fourragère

La télédétection par satellite est déjà active dans le domaine assurantiel. Avec les données d’Airbus, Pacifica calcule un indice de production fourragère et s’en sert pour couvrir des pertes de production fourragère. En passant tous les 3 à 5 jours et avec une résolution de 10 à 20 mètres dans un large spectre, le satellite Sentinel-2 a permis un fort développement de l’usage de la télédétection. C’est ce satellite qui permet le suivi de la hauteur de l’herbe et de la biomasse avec le modèle Herdect. De nouveaux satellites et de nouvelles méthodologies permettront demain d’offrir de nouveau services.

Le drone pour mesurer l’herbe dans les essais de semences

Autre nouvelle technologie à la mode, le drone pourrait aider les semenciers et les centres de recherches à évaluer la hauteur d’herbe des espèces fourragères. En prenant une série de photos à neuf mètres du sol avec des points de vue différents, les chercheurs d’Inrae ont pu reconstituer les microparcelles en 3D et, à partir de là, estimer la hauteur d’herbe. « Les hauteurs estimées sont bien corrélées aux mesures de hauteurs manuelles pour le dactyle, le trèfle blanc, le trèfle violet et la luzerne, explique Fabien Surault d’Inrae de Lusignan après deux séries d’essais. Par contre, les résultats sont moins bons avec la fétuque élevée ». Utilisée en routine, la mesure par drone simplifierait l’acquisition de données pour les chercheurs.

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