La mise au troupeau de son chiot de conduite
La mise au troupeau signifie que pendant toute une phase de sa vie, le chiot n’est pas au troupeau. Contrairement aux chiens de protection qui peuvent être élevés dans la bergerie voire y naître, le chiot de conduite doit être élevé impérativement à l’écart des animaux qu’il devra par la suite manipuler.
AGE DE LA MISE AU TROUPEAU
Il faut garder à l’esprit que son instinct « berger » n’est rien d’autre que des réflexes de prédation et que s’il vit dès son plus jeune âge au contact de ses « proies », ces réflexes peuvent être inhibés. Par contre, on prendra soin de l’emmener régulièrement dès son sevrage à la découverte de son environnement, et notamment des brebis, en évitant toutes les situations de stress ou de danger (brebis très maternelles, bousculades d’animaux…).
Il n’y a pas d’âge type pour cette étape, c’est le chien qui, selon sa précocité naturelle, va signaler s’il est prêt à travailler ou pas encore. Les signaux se caractérisent par un intérêt porté soudainement au bétail, une réaction du chiot aux mouvements des animaux derrière les barrières ou la clôture, une fixation du regard de tout ce qui, pour lui, peut représenter une proie… On emploie l’expression « le chien se déclare » ou « est déclaré » pour définir ce déclenchement comportemental. Il peut survenir dès le sevrage, mais peut aussi attendre six ou sept mois pour s’opérer. Au-delà, les chances de voir son chien se déclarer diminuent de semaine en semaine. Surtout ne pas attendre et soumettre dès lors le problème à un expert ou un voisin expérimenté, un changement de contexte, de situation ou de mode de vie peut parfois tout changer !
COMMENT S’Y PRENDRE
Le principe est de donner envie au chien de travailler, c’est-à-dire de « prédater » les animaux qu’il aura à manipuler, dans le souci de sa sécurité et le respect de l’intégrité du cheptel. Pour se faire, on choisira des animaux calmes dans un premier temps, et des situations apaisées (nourrissage, opérations de contentions…).
Beaucoup d’éleveurs, y compris des dresseurs expérimentés, utilisent un enclos circulaire de 30 à 200 m2 (le filet à mouton non électrifié convient parfaitement) où ils enferment quelques animaux relativement domestiqués. Par commodité, certains utilisent même des volailles, notamment des palmipèdes pour cette phase de découverte. On présentera le chien en le motivant s’il y a lieu, mais sans jamais l’exciter, en donnant si nécessaire du mouvement aux animaux.
Les comportements idéaux sont : des mouvements circulaires autour des animaux avec une volonté d’encerclement, des phases de fixation du regard et d’immobilité, debout ou couché, où le chien semble à l’arrêt sur le troupeau. La recherche du contact ou la volonté de mordre ne sont pas à ce stade rédhibitoires, par contre les aboiements, les poils dressés sur le dos ou la queue en panache signifient que le chien n’est pas prêt ou que la situation de travail et/ou le cheptel en présence ne sont pas appropriés.
CE QUE L’ON RECHERCHE
La meilleure preuve de l’envie du chien de travailler pour son maître, est son positionnement à l’opposé du troupeau, ce qui est incompatible avec la tenue en laisse qui ne doit être, lors des séances de travail, qu’un dispositif sécuritaire des tout premiers moments. Des quantités de très bons chiens ont été réformés car leurs maîtres voulaient s’en servir comme chien de pied, continuant à pousser leurs animaux, surtout les vaches, et leur reprochant donc « d’aller à la tête ».
Il faut absolument éviter les situations qui peuvent décourager le chien ou même le dégoûter définitivement : animaux agressifs, plus rapides que lui à la course ou insuffisamment grégaires. Respecter les durées de capacité de concentration du chien avec des séances qui au début n’excéderont pas quelques minutes. L’éleveur doit être conscient que les mises en situation d’un jeune chien avec un « vieux » trouvent leurs limites au simple apprentissage de taches répétitives et souvent inamovibles, où le référent devient très souvent le congénère et pas l’homme. La mise au troupeau d’un chien n’est pas un don, c’est une technique que tout à chacun peut acquérir. La plupart des EDE ou chambres d’agriculture proposent, en collaboration avec l’Institut de l’élevage, des formations à votre attention chaque année.