La Bleu du Maine, une race bouchère prolifique et maternelle
Race locale menacée, la Bleu du Maine a pourtant de nombreux atouts. Le regain d’intérêt des consommateurs pour les produits locaux pourrait favoriser son développement.
Après avoir failli disparaître, la race Bleu du Maine se développe à nouveau depuis quelques années. Alors qu’il ne restait plus que 16 éleveurs et 630 brebis en 2002, l’effectif est remonté en 2018 1 330 brebis et 37 éleveurs inscrits à l’organisme de sélection. Et si la plupart sont de petits troupeaux, des jeunes s’installent aujourd’hui avec de plus gros cheptels, de 200 brebis ou plus. Originaire de Mayenne et de Sarthe, issue sans doute d’un croisement des races locales avec des béliers anglais, la Bleu du Maine est une race de grand format, de couleur bleu ardoise sur la tête, les pattes, les mamelles, à la laine belle et fine (diamètre des fibres de 25µm), sans laine sur la tête et les mamelles. Saisonnée, elle est aussi très prolifique (1,9 à 2 agneaux par brebis) et très laitière, avec une lactation longue, un agnelage facile et un comportement maternel. Herbagère et très productive, elle nécessite des prairies de qualité. Enfin, ses qualités bouchères sont bonnes, avec en moyenne 75 % d’agneaux classés R, 25 % classés U, une ossature fine, un rendement carcasse élevé, une viande peu grasse et des carcasses de 20 kg en moyenne, les mâles pouvant atteindre 23-25 kg. « La Bleu du Maine a de nombreux atouts, en race pure mais aussi en croisement boucher du fait de ses qualités maternelles » assure Didier Foubert, président de l’OS Bleu du Maine.
Faire connaître la race
Après les efforts faits pour conserver la race, l’objectif de l’OS Bleu du Maine est aujourd’hui de la développer. Si la majorité des brebis se trouvent en Pays de la Loire, les élevages sont toutefois dispersés sur la région, en France et à l’étranger (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas), ce qui ne facilite pas les actions. Le renouvellement des générations est également un souci. Et comme pour toutes les races à petit effectif, le problème de la consanguinité se pose, même s’il est plutôt bien géré dans la race, ainsi que celui de la disponibilité en brebis pour monter de nouveaux troupeaux. L’existence de la prime PRM (Protection des races menacées), de 30 €/brebis/an avec un contrat de cinq ans, possible sur toute la France pour la Bleu du Maine, mis à part en Bretagne et dans le Grand Est, est par contre un atout pour favoriser son développement. Autre point positif : l’existence du Crapal (Conservatoire des races animales en Pays de la Loire), association régionale d’aide aux races menacées, qui peut appuyer les éleveurs dans la communication, la formation, le calcul du coût de production, la réflexion sur la valorisation et la préservation de l’environnement… « Il faut faire connaître et reconnaître la race Bleu du Maine », souligne Jean-Christophe Huet, le vice-président du Crapal. Une réflexion sur la valorisation des agneaux est également nécessaire. « Le fait qu’il puisse y avoir des agneaux de plus de 21 kg carcasse peut se régler par une valorisation en vente directe, estime Aline Pineau, éleveuse de Bleue du Maine. Il faudrait aussi mettre en avant l’image des races locales pour augmenter la valorisation. »
Concours et présentations
L’OS Bleu du Maine a créé un site internet pour communiquer sur la race et organise aussi des formations pour les éleveurs. La communication sur la race passe toutefois surtout par les concours et ventes de reproducteurs. Le 27 septembre dernier, une vente aux enchères de béliers issus de centre d’élevage et d’agnelles était organisée au Lycée agricole de Laval, avec aussi pour la première fois une présentation de brebis étoilées.
Avis d’éleveuse : Aline Pineau, éleveuse à Le Fuilet dans le Maine-et-Loire
« Une race très maternelle »
« Je me suis installée en 2010 et j’ai maintenant 200 brebis Bleu du Maine et 150 brebis vendéennes. Comme j’ai des coteaux non mécanisables et que je suis seule sur l’exploitation, je cherchais une race herbagère et qui se débrouille pour les agnelages. J’ai aussi eu un coup de cœur pour la Bleu du Maine. Participer à la sauvegarde d’une race locale donne du sens à mon métier. Les agnelages ont lieu en mars, ce qui permet de mettre les agneaux à l’herbe avec leurs mères. J’ai très peu à intervenir pour les agnelages. Et comme la race Bleu du Maine est très laitière et a une lactation longue, les agneaux ont une très bonne croissance les premiers mois. Les brebis sont au pâturage de mars à décembre et nécessitent toujours un fourrage de qualité. Les agneaux sont finis en bergerie avec de la paille et un aliment enrichi en graines de lin. Je vends les agneaux à Terrena à 20 kg carcasse en Agneaux d’Anvial, qui garantit une viande riche en oméga-3, en CCP Agneaux de nos régions et en standard. Je fais aussi un peu de vente directe pour les agneaux lourds. Et je valorise une partie de la laine auprès d’artisans. »