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Faire pâturer des colzas graines et céréales à ses ovins, c’est possible

Le pâturage de colzas oléagineux et de céréales peut apporter un complément de fourrages, sans impact négatif pour la culture, voire avec une augmentation de rendement.

Le pâturage des blés et des colzas oléagineux peut impliquer d'apporter un complément de fourrages.
Le pâturage des blés et des colzas oléagineux peut impliquer d'apporter un complément de fourrages.
© S. Pype

« Faire pâturer des repousses de colza grain est également possible, en prévoyant éventuellement un apport de paille et du bicarbonate si les repousses sont très ...
« Faire pâturer des repousses de colza grain est également possible, en prévoyant éventuellement un apport de paille et du bicarbonate si les repousses sont très petites », indique Stéphane Pype. © V. Bargain
Face au changement climatique, le pâturage de surfaces additionnelles peut être une solution pour ne pas manquer de fourrage. Déjà pratiqué dans le Grand Est pour réguler la vigueur des colzas semés tôt avant l’hiver, le pâturage de colzas oléagineux d’hiver, riches en énergie et azote, pourrait se développer chez des polyculteurs-éleveurs, voire par des partenariats entre éleveurs et céréaliers. Selon une estimation Inosys réseaux d’élevages Grand Est, le pâturage des colzas par un lot de 200 animaux pendant un mois permet d’économiser 1 000 à 1 500 euros d’aliment. Il ne nécessite pas de transition alimentaire et n’entraîne pas de risque majeur de météorisation.

Attention au surpâturage

« Mais attention au surpâturage ! Les brebis doivent consommer le limbe des feuilles, sans trop endommager les pétioles et surtout sans consommer l’apex », avertit Stéphane Pype, conseiller ovin et éleveur dans l’Oise. La règle est que le colza soit bien enraciné et que sa biomasse aérienne soit d’au moins 1,2 kg/m2. « L’idéal est de le faire pâturer en novembre et pas trop tard en saison pour permettre la « cicatrisation » du colza avant le gel. » Le pâturage peut aussi être déconseillé si l’infestation en larves d’altises est trop élevée, la priorité devant alors être donnée à la croissance du colza qui conditionne sa robustesse et sa capacité à supporter la présence des larves. La gestion du pâturage doit se faire au fil avant et arrière, avec un chargement instantané de 100-200 brebis par hectare et des paddocks de 24-48 heures. « Il faut observer quotidiennement la culture pour décider de la vitesse d’avancement, insiste Stéphane Pype. Il est important aussi de surveiller la portance du sol, le piétinement des brebis sur un sol gorgé d’eau pouvant dégrader la culture et entraînant un gaspillage de la ressource alimentaire. » Le rendement du colza, si ces règles sont respectées, n’est pas affecté par le pâturage.

Pâturage des céréales au stade tallage

Une autre possibilité est le pâturage des céréales au stade tallage, pratiqué par le passé par les bergers itinérants pour favoriser le tallage. Une étude réalisée en 2018 par le Poscif * sur 14 parcelles montre que si le pâturage a lieu en plein tallage, le rendement augmente en moyenne de 5 quintaux par hectare, mais qu’il est dégradé s’il a lieu en fin de tallage et encore plus à la montaison. « Il est donc important de respecter le stade plein tallage », souligne Stéphane Pype. Le pâturage réduit aussi de 61 % les maladies foliaires des céréales, n’affecte pas la quantité de paille et n’entraîne pas de compaction du sol. Pour les brebis, si la valeur alimentaire du couvert est excellente, la biomasse à pâturer est par contre limitée. « Avec une biomasse à l’entrée du troupeau de 100 à 800 kilos de matière sèche par hectare, la quantité consommée par les brebis n’est en moyenne que de 360 kilos de matière sèche par hectare. Il est donc conseillé de réserver le pâturage des céréales aux animaux à faibles besoins, avec un chargement de 80 à 300 brebis par hectare et des paddocks de 24-48 heures. Et il faut avoir une solution de repli au cas où il pleuve beaucoup. »

* Pâturage ovin en système céréalier en Île-de-France

Un levier pour gagner en autonomie

Le pâturage de céréales et colzas graine est un des leviers présentés à la journée régionale ovine Bretagne axée sur l’adaptation au changement climatique. « De nombreux leviers peuvent être activés pour gagner en autonomie, a noté Benoît Possémé, de la chambre d’agriculture régionale de Bretagne. Et plus ils sont activés tôt, plus ils sont efficaces et moins coûteux. » Quantifier ses besoins est essentiel. « Un bilan fourrager doit être fait en octobre, janvier, mars et juin. Et il faut prévoir un stock de sécurité de +15 à 20 % par rapport aux besoins du troupeau, d’autant plus que le système est basé sur le pâturage. »

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