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Créer un deuxième atelier sur la même surface

L’agrandissement de l’exploitation céréalière familiale n’étant pas possible, Damien Hérault s’est installé en 2014 en créant un atelier ovin. Tout a été conçu pour ne pas gêner les travaux des champs.

Doté d’un Bac productions végétales et après avoir été salarié d’un élevage de vaches allaitantes, Damien Hérault avait à l’origine pour projet de s’installer en grandes cultures avec son père Fabrice, céréalier à Couhé, dans la Vienne. « L’exploitation de 167 ha produit des céréales et fait de la prestation agricole notamment de récolte, explique-t-il. Pour que je m’installe en grandes cultures, il aurait fallu doubler la surface. Or les terres sont aujourd’hui rares et chères dans la région. Nous avons donc choisi de créer un élevage. Les ovins étaient l’espèce la plus souple en termes d’organisation du travail, un point important car il ne fallait pas que l’atelier perturbe les travaux des champs. C’était aussi celui qui nécessitait le moins d’investissement. » En 2014, le jeune agriculteur s’est donc installé avec la coopérative Ter’Elevage en créant un atelier de 450 brebis. Pour limiter le temps de travail et parce que l’exploitation n’a que peu de haies et que les producteurs ne voulaient pas installer de clôtures, le choix a été fait d’avoir une conduite en bergerie intégrale. Le siège de l’exploitation étant situé en bord de village, l’Earl du Saule a donc acheté cinq hectares de terres un peu à l’écart et investi 166 000 € dans une bergerie de 1 568 m² et un hangar à fourrages. Pour valoriser le bâtiment, 750 m² de panneaux photovoltaïques ont été installés sur le toit de la bergerie. L’orientation et l’architecture du bâtiment ont été réfléchies pour favoriser leur efficacité, avec une orientation plein sud des panneaux et une forte pente du toit. « De ce fait, le bâtiment est très haut et le volume intérieur important, ce qui est intéressant pour les animaux et pour les éleveurs, souligne Samuel Maudet, technicien à Ter’Elevage. L’atelier étant en bergerie intégrale, il était particulièrement important de veiller à l’ambiance et à la luminosité. » La présence de nombreux translucides et le bardage à claire-voie coulissant assurent un bon éclairage et une bonne ventilation. Au sol, deux couloirs d’alimentation permettent d’apporter le fourrage et la paille à la dérouleuse, le concentré étant distribué à la main.

Positionner les mises bas hors des périodes de pointe des cultures

La conduite de la reproduction a été réfléchie pour que les mises bas aient lieu hors des périodes de pointe pour les travaux des champs. L’Earl du Saule devant moissonner environ 600 ha en été, il fallait notamment qu’il n’y ait aucune mise bas de mi-juin à mi-août. Pour cela, Fabrice et Damien Hérault ont choisi la race Île-de-France, qui se désaisonne facilement et se comporte bien en bergerie. Les brebis sont réparties en quatre lots, avec des mises bas fin août, en novembre, en février et début mai. Pour regrouper les mises bas de fin août sur 10 jours, pour ne pas perturber la fin des moissons et permettre aux producteurs de prendre quelques vacances, les brebis de ce lot sont épongées. « Et hors des périodes d’agnelage, l’atelier ne nécessite qu’une à deux heures de travail le matin et un coup de balai pour repousser le fourrage le soir » précise Damien Hérault. L’éleveur est par ailleurs équipé du logiciel de gestion de troupeau Ovitel. L’alimentation des brebis est basée sur 17 ha de prairies, des parcelles difficiles à cultiver où est semée surtout du ray-grass italien récolté en enrubannage et en foin, et sur 6 ha de luzerne implantée à partir de 2013. Pour récolter les fourrages, les producteurs ont investi dans une faneuse et une andaineuse. La fauche est faite en Cuma et le pressage par un autre agriculteur. Le concentré est fourni par Terrena en échange céréales-aliment. Et les agneaux sont nourris avec un aliment complet.

Des ventes au quatrième trimestre

L’essentiel des agneaux est en effet vendu en Label rouge Le Diamandin et surtout, pour 60 %, en agneau D’Anvial, marque de Terrena qui implique la finition des agneaux avec un aliment riche en oméga 3. « Au final, avec une grande majorité d’agneaux en démarche qualité et des ventes au quatrième trimestre, l’élevage obtient une bonne valorisation » souligne Samuel Maudet. En 2016, Damien Hérault a eu une productivité de 1,4 agneau par brebis. « L’élevage n’est pas encore en phase de croisière, admet-il. Il y a des évolutions à venir. Mais je ne regrette pas d’avoir créé un atelier ovin. Les ovins et les grandes cultures se complètent bien en termes de travail. Le fumier permet de fertiliser les cultures. La luzerne améliore le rendement du blé qui suit. Et nous avons l’environnement et le conseil nécessaire pour un atelier ovin. »

Combien ça coûte ?

La bergerie et le hangar à fourrage sont revenus à 166 000 € auquel s’ajoute une dérouleuse pailleuse à 11 000 euros. L’achat du cheptel et croît interne ont coûté 62 500 € pour 490 ovins. L’EARL du Saule a reçu une aide PMBE de 29 452 € pour les bâtiments. Et dans le cadre du plan de relance de l’élevage ovin de Ter’Elevage, elle a bénéficié d’une aide de 30 € par brebis, soit au total 13 170 € sur trois campagnes (439 brebis x 30 €).

Avis d’expert

« Des ateliers complémentaires à tous points de vue »

« Il y a dans la région une flambée des prix du foncier, notamment avec la création de la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux qui a entraîné une surenchère sur les terres. Des céréaliers commencent donc à s’intéresser à la création d’un atelier ovin. Avec les ovins, il est possible de synchroniser la production avec les travaux des champs. L’atelier apporte de la matière organique pour les cultures. Et l’investissement est moins élevé que pour d’autres productions animales. Face à l’impossibilité de s’agrandir, un atelier ovin permet de créer de la plus-value sur la même surface. Pour Ter’Elevage, ces créations sont intéressantes car elles permettent de compenser en partie les départs en retraite. De plus, la production programmée pour ne pas perturber les travaux des champs amène à la commercialisation d’agneaux au quatrième trimestre, ce qui est très intéressant pour un groupement notamment dans les démarches qualité. »

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