Châtaignes et pastoralisme en Ardèche
Les châtaigneraies apportent une importante ressource pastorale supplémentaire. Visite lors des rencontres nationales des acteurs du pastoralisme.
La production de châtaignes en Ardèche remonte au Moyen Âge. Mais, depuis les années 1990, les vergers castanéicoles ont été progressivement abandonnés, en raison de la déprise agricole et du relief qui rend difficile la mécanisation dans les pentes. Certains vergers sont encore travaillés sur environ 600 exploitations, mais une grande partie correspond aujourd’hui à du sous-bois.
Des brebis sous les bois sauf pendant la récolte
La moitié des vergers cultivés du département sont pâturés majoritairement par des ovins. C’est par exemple le cas chez Emmanuel Loullier, éleveur ovins allaitants et castanéiculteur, qui tire un revenu d’exploitation obtenu des deux productions. La réintroduction des brebis s’est faite progressivement avec une augmentation des surfaces pâturées et fauchées et une augmentation du cheptel. Aujourd’hui, l’exploitant gère seul, environ 60 ha et 130 brebis. Les brebis sont dehors, en parc, la quasi-intégralité de l’année sauf pour les mises bas et pendant la récolte des châtaignes (en octobre). Sur les 60 ha disponibles, 12 ha sont des châtaigniers cultivés, 32 ha des anciens prés de fauche et des landes et/ou sous-bois, dont 5 ha environ sont des ex-châtaigneraies boisées. Les 15 ha restants sont des prés de fauche, qui permettent à l’éleveur d’être autonome en foin.
Complément alimentaire avec les châtaignes
Le pâturage est conduit sur des petits parcs au printemps, transformés en plusieurs parcs en été. Le pâturage est intensifié avec un retour rapide sur l’ensemble des parcs utilisés en toute saison. Les 15 ha de vergers cultivés et entretenus, en agriculture biologique, sont utilisés hors période de récolte, soit avant et après la pose des filets. Le pâturage des châtaigniers cultivés permet de faciliter l’entretien des surfaces enherbées et de restituer de la matière organique aux vergers. Les brebis consomment les châtaignes non vendues ou non récoltées, ce qui leur apporte une ressource alimentaire supplémentaire à l’automne. Dans les sous-bois d’ex-châtaigneraies, les brebis pâturent toute l’année et consomment les châtaignes à l’automne. En cas d’année sèche, l’exploitant explique qu’il utilise les feuilles des frênes et des châtaigniers pour alimenter le troupeau en fourrages. Les agneaux sont vendus en label rouge Agneau de l’Adret et les châtaignes vendues en coopérative locale. La laine des brebis est envoyée à la Scoop Ardelaine.
L’utilisation des châtaigneraies pour avoir une ressource pastorale supplémentaire est très importante en Ardèche où le foncier est souvent très morcelé, dans un relief difficile. Cela permet aux exploitations de conforter leurs surfaces pastorales.
Rencontres pastorales de l’AFP
L’Association française de pastoralisme a pour objet de favoriser l’échange et la communication entre tous les acteurs du pastoralisme, de promouvoir la modernité du pastoralisme dans ses dimensions scientifiques, techniques et culturelles, et d’apporter une expertise auprès des instances en charge des politiques relatives aux activités pastorales. Elle organise rencontre et séminaire et communique via un bulletin et son site www.pastoralisme.net. Les 33es rencontres nationales des acteurs du pastoralisme ont rassemblé une cinquantaine d’acteurs du pastoralisme les 13 et 14 septembre en Ardèche.