Centre Val-de-Loire
Brebis, méteil, céréales et panneaux solaires
Le Gaec La Bergerie allie un troupeau de brebis allaitantes, une production céréalière et de méteil, ainsi que des activités forestière et photovoltaïque.
Le Gaec La Bergerie allie un troupeau de brebis allaitantes, une production céréalière et de méteil, ainsi que des activités forestière et photovoltaïque.
Ils sont trois, Laurent Chateigner, Florian Chateigner et Florian Bazin, à gérer le Gaec La Bergerie. Situés à Mouhet dans l’Indre, ils élèvent des brebis allaitantes dont les agneaux sont livrés à la coopérative Agneau Berry Sologne. Entre nouveaux associés, élargissement et diversification, le Gaec La Bergerie est en évolution constante. Ces trois exploitants investissent beaucoup et fréquemment pour garder un flux constant de 250 000 €/an. « Cela nous permet d’avoir du matériel récent. On change notre tracteur à 1 500 heures », illustre Laurent Chateigner.
Une histoire d’associés
En 1999, Laurent reprend une exploitation à côté de celle de son père et forme le Gaec avec ce dernier. Ils ont ainsi 750 brebis et 230 ha. Quand Florian Chateigner rejoint l’exploitation en 2015, ils accélèrent la croissance du cheptel. En 2016, le Gaec diversifie ses activités avec le photovoltaïque et une entreprise forestière. Florian Bazin, ancien stagiaire, vient de rejoindre le Gaec en 2019 en tant qu’associé. Le Gaec comprend actuellement 924 brebis, 200 agnelles et 334 ha. Pour les trois agriculteurs, la bonne réussite d’une association repose sur une stratégie globale d’exploitation établie en commun et une bonne communication. Le Gaec accueille des stagiaires tous les ans. « C’est important de transmettre la valeur du métier d’éleveur et de donner envie aux jeunes », incite Laurent Chateigner. Le week-end, seulement deux personnes suffisent sur l’exploitation. Les trois exploitants souhaiteraient trouver un quatrième associé. Cela leur permettrait un gain de confort la semaine et de se libérer un week-end sur deux.
Des agneaux 100 % en bergerie
Le troupeau du Gaec La Bergerie est issu de croisements alternatifs d’une souche de Mouton charollais avec des Moutons vendéens, Suffolk et Texel. « On cherche à mettre les races locales à l’honneur, s’enorgueillit Laurent Chateigner. On a divisé notre troupeau en lots de taille importante de 250 à 300 brebis pour la gestion du troupeau. » L’organisation de la reproduction est primordiale pour gérer un grand troupeau. Le Gaec La Bergerie a réparti 30 % du troupeau en luttes d’automne et 70 % en luttes de printemps. Les quarante béliers de l’exploitation permettent des lots de reproduction d’environ vingt brebis.
Une exploitation en flux constant
Les brebis pâturent sur prairie ou en dérobée hors période de lactation, où elles sont en bergerie. Le troupeau est nourri avec de l’aliment fermier ou de l’aliment acheté selon le prix de revient des céréales. « Selon les conditions économiques, on vend ou on utilise les cultures de l’exploitation pour le troupeau ovin », expliquent les gérants du Gaec. Le système de culture de l’exploitation repose sur une dizaine de céréales différentes et du méteil, avec des rotations longues d’au moins sept ans. « Nous sommes presque autonomes pour l’alimentation du troupeau, précise Florian Chateigner. On pourrait l’être totalement si on développait le maïs ensilé. »
Les agneaux sont élevés 100 % en bergerie. Avant ils étaient engraissés en mi-herbe, mi-bergerie, mais les petits prédateurs et les parasites causaient trop de perte. « Depuis qu’ils sont en bergerie, on applique aucun traitement aux agneaux », complète Laurent Chateigner. Leur ration est constituée d’un mélange fermier ou acheté toujours selon le marché. Le Gaec vise un poids équivalent carcasse de 19,5 kg. Les agneaux sont abattus entre quatre et sept mois à l’abattoir de Bellac, à trente minutes de Mouhet. Ils sont ensuite livrés à la coopérative Agneau Berry Sologne.
Financer ses bâtiments grâce à l’énergie solaire
En 2016, le Gaec La Bergerie met en place son premier bâtiment photovoltaïque. Pour soutenir les agriculteurs porteurs de projets comme celui-ci, ils sont quatorze agriculteurs à se rassembler pour monter la SAS Indre agri solelec. Cette société soutient la construction de bâtiments d’élevage photovoltaïques. L’agriculteur doit toujours justifier un objectif agricole et chacun peut aménager ensuite comme il l’entend l’intérieur de son bâtiment. La SAS gère seulement la structure externe et les panneaux solaires, ce qui représente un coût de 170 000 € pour un bâtiment 200 kW. La SAS verse un loyer à l’agriculteur pour l’utilisation du terrain égal à l’annuité de remboursement du capital social donc le bâtiment construit ne coûte rien à l’agriculteur. Une fois l’emprunt remboursé, il reçoit le revenu résultant de l’énergie solaire vendue. « Notre SAS permet à l’agriculteur de ne pas investir seul et de mettre en place des centrales de collecte communes, s’enthousiasme Laurent Chateigner. Nous étions aidés par la chambre d’agriculture et la FDSEA dans nos débuts, maintenant c’est nous qui aidons les autres groupes se mettant en place. » Aujourd’hui, ils sont 65 agriculteurs dans la SAS et cette dernière ne s’élargira pas plus.
Le Gaec s’est aussi diversifié vers une activité forestière représentant 20 000 € de chiffre d’affaires. Ce pôle comprenant principalement de la coupe pour du bois de chauffage ou des piquets. Le Gaec de La Bergerie a bien l’intention de continuer son évolution permanente dans l’avenir.
En chiffre
" Le méteil est un mélange riche "
« Le méteil est une culture assez simple, qui demande peu d’interventions. Basé sur une symbiose entre protéagineux et céréales, il n’y a pas besoin de désherbage, seulement d’un apport en fumier et d’un complément en azote compris entre 30 et 50 unités. On trouve des méteils d’hiver, de printemps et d’été. On peut l’utiliser en enrubannage et récolte en grain. Il existe aussi une opportunité de méteil pâturée en dérobée, mais le pâturage n’est pas l’objectif premier. Le méteil a une bonne valeur protéique s’il y a une proportion suffisante de protéagineux. En enrubannage, on arrive à avoir une bonne valeur même s’il y a beaucoup de céréales à condition de récolter tôt avant épiaison. De plus, c’est une culture rustique qui résiste aux aléas climatiques et qui reste assez propre avec des maladies de feuillage limitées. Le fait d’associer différentes espèces limite le salissement et la pression en parasites et champignons. Le problème principal auquel l’agriculteur peut être confronté, c’est la verse. Le mélange pour le semis du méteil dépend du sol et du moment d’utilisation. Le méteil a pour particularité de ne pas présenter les mêmes proportions des espèces au semis et à la récolte. Il est adapté à la finition des agneaux et aux brebis en fin de gestation. Les agriculteurs peuvent évaluer la valeur alimentaire de leur méteil en grain via les proportions de chaque espèce et les tables Inra. »
" Nos brebis en lactation consomment du méteil "
« On fait du méteil en grain depuis plus de dix ans et cette année, on a commencé l’enrubannage. On est sur un semis de 120 kg/ha, avec 100 kg de triticale et 20 kg de pois en général. Notre méteil est dédié aux brebis en lactation et représente 14 % de leur ration de concentrés. Notre mélange est plus acidogène donc la conduite est plus compliquée. On fait particulièrement attention aux transitions alimentaires, par exemple lorsque les brebis passent du pâturage à la bergerie. Il est souvent conseillé de compléter le méteil avec un aliment riche en calcium car les protéagineux et les céréales sont riches en phosphore et pauvre en calcium. On nous a aussi conseillé l’apport de chlorure d’ammonium pour limiter les risques de lithiase urinaire. »