Maladies émergentes
Attention à l´oestrose et au Sono
Maladies émergentes
Certaines maladies comme l´oestrose ou les miyases cutanées évoluent selon le climat de l´année. Le Sono, syndrome d´obstruction nasal, pourrait constituer une nouvelle maladie liée à la présence d´oestres ou à une allergie.
Les observations les plus récentes sur la myiase cavitaire qu´est l´oestrose montrent un lien évident entre l´évolution du cycle du parasite et les conditions de température et d´hygrométrie de la saison. Concrètement, selon Jean-Pierre Alzieu, vétérinaire en Ariège, cela se traduit par un cycle raccourci en été : plus la température estivale monte, plus la durée de pupaison de la larve d´oestrus ovis devient courte ; c´est d´autant plus vrai si la température de fin de printemps peut atteindre ou dépasser les 25ºC. Si l´hygrométrie est suffisante (absence de sécheresse), la larve devient mature en un mois.
Orifice nasal normal et rétréci ©stade 1. ©J.-P. Alzieu |
Adapter la lutte aux conditions de la saison
C´est pourquoi « on assiste à des phénomènes jamais vus auparavant », explique Jean-Pierre Alzieu, comme des infestations tardives sur brebis à l´automne en 2001 et 2004 alors qu´auparavant les infestations cessaient au 15 septembre. « Il existe une réelle possibilité de réussite de la pupaison jusque fin octobre, début novembre », confirme ce spécialiste.
A noter que l´année 2003, exceptionnelle par ses températures estivales, a montré une phase précoce de l´oestrose de juin à mi-août et une phase tardive de mi-septembre à octobre-novembre. En 2004, la maladie évolue de juillet à fin octobre avec une recrudescence évidente à l´automne. De plus, on constate des surinfections bactériennes graves pouvant entraîner des mortalités. Le lien entre la maladie et le climat apparaît donc très fort et la période d´infestation s´allonge à l´automne. La prévention de l´infestation par les oestres pourra faire appel à l´utilisation d´un produit possédant une rémanence de plusieurs semaines.
Jean-Pierre Alzieu évoque une stratégie de contrôle en trois temps : en été, utilisation de Closantel en deux fois à 5-6 semaines d´écart, puis utilisation d´un traitement oestricide en fin de saison de pâture (Closantel ou lactone macrocyclique active sur les oestres). Il demeure nécessaire de traiter « selon ce que l´on voit, la symptomatologie, et selon la climatologie plutôt que de procéder à des traitements rituels », souligne ce vétérinaire.
Le Sono est encore mal connu, mais on sait que la lutte contre ce syndrome passe par le contrôle de l´oestrose. ©J.-P.Alzieu |
L´obstruction nasale, une nouvelle maladie ovine
Les premiers cas de Sono, Syndrome d´obstruction nasale des ovins, ont été décrits en 1993 par Jean-Christophe Natorp, vétérinaire en Pyrénées Atlantiques. Ce syndrome consiste en un rétrécissement plus ou moins marqué de l´orifice nasal qui provoque une dyspnée. Les traitements anti-parasitaires et anti-infectieux se montrent inefficaces. Une enquête épidémiologique menée avec l´Ecole vétérinaire de Toulouse, Jean-Christophe Natorp et Corinne Vial-Novella des Pyrénées Atlantiques, a cherché à définir avec précision l´origine et l´évolution de cette maladie.
Réalisée sur 11 exploitations laitières du Piémont basque, cette enquête montre des atteintes sur des animaux mâles et femelles de race Manech à tête rousse et Basco-béarnaise de plus de deux ans. « La durée d´incubation du Sono est supérieure à deux ans et seul le `débouchage mécanique´ du nez constitue pour l´instant un traitement efficace », estime Jean-Pierre Alzieu.
Entre un simple rétrécissement latéral du naseau et la fermeture complète de l´orifice nasal, la durée d´évolution est très variable d´une brebis à l´autre. Les lésions sont extrêmement localisées. L´examen des tissus montre un épithélium nasal normal, mais une inflammation du tissu sous-jacent (le chorion) est notée et une fibrose s´installe avec des masses graisseuses. Il s´agit d´une fibrolipomatose.
Quatre facteurs de risque sont évoqués : oestrose ovine, eczéma facial, allergie, bâtiment. Les cas rencontrés révèlent une évolution comparable et des fluctuations identiques entre oestrose et Sono et ces affections régressent parallèlement. La garde des brebis le jour en bergerie, en été et en automne, pour éviter l´oestrose montre une régression des deux affections. Mais traiter fréquemment contre l´oestrose ne prévient pas l´apparition de la Sono. En outre, cette maladie semble limitée au seul Pays Basque alors que l´oestrose se rencontre dans tout le Sud-Ouest.
De même, aucun lien n´a pu être établi entre la Sono et l´eczéma facial, et aucun effet bâtiment n´a été constaté. Reste l´hypothèse d´une allergie ; elle n´est pas écartée par les chercheurs puisqu´on constate une hyper-éosinophilie des brebis Sono. Parfois massive, cette réaction peut signer un contact possible avec des allergènes qui, en deux ans, conduit à une sensibilisation des brebis.
Même si le Sono résulte d´une étiologie multifactorielle (allergie, infections, sensibilité raciale), il apparaît aujourd´hui incontournable pour contrôler cette maladie de contrôler l´oestrose afin de diminuer l´extension de ce syndrome obstructif.
Larves d´oestres immatures. ©D. R. |