Faites attention aux 12 plantes toxiques pour les ovins
Semées ou indésirables, certaines plantes que l’on trouve communément dans les prairies s’avèrent toxiques pour les brebis, lorsqu’elles sont ingérées en grande quantité.
Semées ou indésirables, certaines plantes que l’on trouve communément dans les prairies s’avèrent toxiques pour les brebis, lorsqu’elles sont ingérées en grande quantité.
Le projet Inter-Agit+ [interactions entre agriculteurs pour gérer les intercultures à l’échelle territoriale pour des activités agricoles plus durables] lancé par l’Institut de l’élevage, qui étudie les intérêts du pâturage ovin et bovin des intercultures, a publié un tour d’horizon des plantes toxiques dans les prairies et les couverts.
Bien que les cas de pathologie liés à la consommation de plantes toxiques soient rares chez les ruminants, ils peuvent être favorisés par la consommation d’espèces qui se développent en intercultures ou dans des conditions météorologiques particulières.
La sécheresse développe les adventices
Ainsi, les périodes de sécheresse déstabilisent l’équilibre des prairies et favorisent le développement de certaines adventices (morelles noires, datura, etc.), normalement absentes d’un couvert dense comme la prairie. Dans certains cas, on soupçonne l’ingestion de plantes toxiques d’être à l’origine de pathologies encore mal caractérisées.
À noter qu’aucune plante n’est toxique à faible dose, et comme souvent les espèces sont en mélange (80 % des couverts comportent au moins deux espèces), il y a un effet de dilution diminuant les risques. Il faut donc surtout être prudent avec certaines plantes en pur.
Les espèces semées également en cause
Certaines espèces semées dans un objectif d’engrais vert ou de piège à nitrates peuvent, à certains stades de développement de la plante, s’avérer toxiques.
Une enquête réalisée par Inter-Agit+ sur 71 exploitations en 2021 a montré que 32 % des éleveurs faisant pâturer les intercultures indiquent semer de la moutarde et 23 % du sarrasin. Bien que pouvant être pâturées occasionnellement, ces espèces peuvent s’avérer toxiques selon leur stade physiologique si elles sont ingérées en grande quantité.
Vigilance sur les moutardes et le sarrasin
Les graines de la moutarde blanche sont à consommer avec modération car elles risquent d’entraîner des troubles digestifs et respiratoires, et celles de la moutarde noire peuvent en plus causer des problèmes reproductifs.
Si leur densité est importante dans le couvert, les fleurs de sarrasin peuvent être à l’origine de photosensibilité quelques jours après la consommation et ce, même si elles sont consommées en fourrage. Malgré tout, les intoxications dues à l’ingestion de plantes issues d’un couvert diversifié restent très rares.
De nombreuses adventices sont toxiques
Cependant, lors du pâturage d’intercultures contenant des espèces non plantées (repousse de céréales, couverts, chaumes), les ovins peuvent ingérer des espèces invasives ou des adventices qui sont potentiellement toxiques.
Certaines plantes comme l’amarante réfléchie ou la mercuriale annuelle sont rarement consommées dans une prairie saine. Les brebis peuvent s’y intéresser en période de sécheresse lorsque le couvert est moins dense. Une fois fauchée, la mercuriale reste toxique et peut devenir plus appétente.
Bien qu’il soit rarement consommé frais, la toxicité du datura persiste dans les fourrages ou en ensilage. Il en est de même pour l’euphorbe, dont le goût amer présent dans la plante fraîche disparaît une fois sèche.
Le xanthium, ou lampourde glouteron, est plus toxique lorsqu’il est consommé avant le stade deux feuilles.
Galéga officinal = mort brutale
Même s’ils sont peu appétents, la morelle noire et le millepertuis peuvent être consommés frais en période de sécheresse et restent toxiques dans les fourrages. La grande ciguë, bien que surtout présente aux abords de prairies ou près des fossés, peut s’avérer létale à partir de 800 grammes de feuilles fraîches ingérées.
Les intoxications dues au galéga officinal sont fréquentes chez les ovins : un fourrage contenant plus de 10 % de galéga peut entraîner la mort brutale de l’animal en seulement trois heures.
Des faux ennemis
D’autres espèces peuvent être considérées à tort comme toxiques. Par exemple, même si le goût amer de la féverole et de la phacélie ne les rend pas très appétentes, elles finissent par être pâturées sans présenter de risque pour l’animal.
La vesce commune peut être utilisée dans les méteils, et le niger en mélange également. La serradelle tolère le pâturage intensif et la renoncule âcre peut être consommée en grande quantité sans provoquer de troubles chez l’animal.
Des intoxications en bordure de parcelle
De façon plus anecdotique, les brebis peuvent se tourner vers certaines plantes toxiques en bordures de parcelle lorsque la prairie est sèche. L’ingestion d’if à baies est la première cause des appels du Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV). La consommation de seulement 30 grammes de branches fraîches de ce petit conifère peut entraîner la mort d’un ovin de 60 kilos en moins de quatre heures.
Le buis, les glands de chênes sessiles et pédonculés, le laurier-cerise, le marronnier d’Inde et le thuya sont également susceptibles de provoquer, à faible dose, des troubles digestifs et neurologiques graves pouvant entraîner la mort.
Côté web
Retrouvez la publication d’Inter-Agit+ sur idele.fr/interagit/publications
À retenir
Presque aucune plante n’est toxique à faible dose, mais les périodes de sécheresse peuvent favoriser le développement d’espèces toxiques susceptibles d’être ingérées par les ovins.