Un élevage de chèvre sans stress dans le Rhône
Au Gaec du Colibri des Monts, dans le Rhône, les chèvres sont à leur aise avec peu de parasites dans les pâtures et pas de courants parasites sur la ferme. Les chevrettes sont ébourgeonnées sous anesthésie.
Au Gaec du Colibri des Monts, dans le Rhône, les chèvres sont à leur aise avec peu de parasites dans les pâtures et pas de courants parasites sur la ferme. Les chevrettes sont ébourgeonnées sous anesthésie.
Les chèvres, bien au chaud dans l’ancienne étable réaménagée, pourront se dégourdir les pattes au grand air dès le mois de mars. Installées à Aveize, dans le Rhône, depuis 2023, les 112 chèvres laitières de race saanen élevées par Alice et Benoit Guinand devraient bientôt atteindre les 250 têtes d’ici à janvier 2026. « Au départ, nous avons sélectionné des chevrettes provenant de deux élevages indemnes de Caev et réputés pour leur génétique. Notre projet étant axé sur la lactation longue, nous recherchions des animaux sains et d’une génétique de qualité. Le choix de la race saanen s’est naturellement imposé en raison de sa meilleure persistance laitière par rapport à l’alpine. »
Avec une superficie de 38 hectares, principalement composée de prairies temporaires et naturelles, leur système permet de valoriser le pâturage. Le couple prévoit de récupérer davantage de terres pour atteindre 50 hectares dans le but de garantir leur autonomie fourragère une fois l’objectif de cheptel atteint.
Un niveau d’infestation bas au pâturage
Les jeunes éleveurs récemment établis gèrent le pâturage de manière à limiter les infestations parasitaires sur leurs parcelles. En faisant des blocs avec des temps de retour longs (environ 1,5 à 2 mois) incluant de la fauche entre deux périodes de pâturage, la coprologie réalisée en septembre a donné de bons résultats.
« Nous faisons pâturer des bandes d’environ 100 mètres de long pour une centaine de chèvres, et nous déplaçons la clôture toutes les semaines. Chaque jour, une partie de la bande est divisée avec un fil mobile en paddock (de 25 x 40 m) et est donnée à pâturer, sans fil arrière, car nous avons un abreuvoir fixe. Quand elles rentraient de la pâture en avril dernier, elles se précipitaient vers le point d’eau, et c’était la bousculade ! Notre système de production exige d’elles une forte production de lait, ce qui implique de leur fournir l’eau nécessaire. D’où le choix d’installer un abreuvoir au pâturage. »
Oui à la géobiologie !
Alice Guinand a fait appel à un géobiologue pendant les travaux de la chèvrerie. Avant de venir, il a examiné le plan et le cadastre avec un pendule, repéré les failles et établit son devis sur la base du plan, sans se déplacer. Le coût de l’intervention était de 850 euros TTC. « Il a vérifié toute l’installation électrique qui venait d’être refaite. Il nous a conseillé de changer certaines prises de terre, car il y avait un risque de fuites de courant parasite sous le bâtiment. »
En plus, l’expert a détecté une faille d’eau au milieu de l’aire paillée des chevrettes. « Le danger de ces failles souterraines est qu’elles émettent un rayonnement nocif pouvant impacter la santé des animaux et leur production à long terme. Il a donc mis en place une déviation des courants négatifs pour résoudre le problème. Nous pensons le faire revenir prochainement pour la salle de traite, car des perturbations peuvent aussi se produire à cet endroit. »
Le Gaec du Colibri des Monts envisage également de mettre des ballons dans l’enclos des chevrettes. Cela leur offrirait une activité stimulante qui favoriserait leur comportement naturel, permettant ainsi d’élever des chèvres sans stress !
Un ébourgeonnage des chevrettes sous anesthésie générale
Au Gaec du Colibri des Monts, l’ébourgeonnage des chevrettes se pratique sous anesthésie générale. La période des mises bas s’étend de janvier à mars, avec une majorité concentrée entre la mi-janvier et la mi-février. Chaque naissance de chevrettes est inscrite sur une liste, et lorsque plusieurs d’entre elles atteignent l’âge de sept jours, l’opération d’ébourgeonnage est programmée un après-midi. « Comme les mises bas sont assez étalées, le nombre de chevrettes à manipuler varie. Cela peut aller de quelques-unes à un peu moins d’une vingtaine, mais en moins de trois heures, l’opération est terminée. »
Quelques mesures de précaution doivent être respectées pour que l’opération se déroule dans les meilleures conditions. « Les chevrettes doivent être à jeun avant l’anesthésie. La louve est coupée quatre heures avant la manipulation. » Le couple n’a pas suivi de formation spécifique mais a consulté un vétérinaire pour obtenir des conseils sur les dosages et les recommandations à suivre.
« Avec l’ébourgeonnage sous anesthésie, les chevrettes sont nettement moins stressées, et c’est plus agréable pour nous aussi. Le stress lié à la transition alimentaire au sevrage est déjà important, mais l’ébourgeonnage peut être encore plus éprouvant. Ce stress peut affecter la santé générale des animaux et entraîner des complications, et notamment les coccidioses. Pour nous, un autre point positif est que les chevrettes ne bougent pas pendant l’opération, ce qui facilite le travail. Nous n’avons eu aucune perte, et économiquement, cela ne représente pas un coût très élevé, car les doses de produit sont très faibles, de l’ordre de 0,01 milligramme par cabri. »
Le principal inconvénient est le temps de travail supplémentaire que cela implique. Cependant, en s’organisant bien, les deux éleveurs parviennent à être efficaces tout en évitant les pertes.
Dictionnaire
Géobiologie
La géobiologie est l’étude de l’influence d’un lieu sur l’environnement et les êtres vivants. Selon Johanna Barras, technicienne agricole au GDS de la Loire, spécialisée dans ce domaine après une formation d’un an, « ces perturbations peuvent affecter la santé, le bien-être et le confort des êtres vivants ».
