« Nous avons découpé nos paddocks en portions de camembert »
Le Gaec des Chesnaies, en Eure-et-Loir, a repensé le découpage des paddocks de ses génisses. Les éleveurs ne raisonnent plus en paddocks carrés ou rectangles, mais en parts de camembert ! Une pratique avec des avantages et des inconvénients.
Le Gaec des Chesnaies, en Eure-et-Loir, a repensé le découpage des paddocks de ses génisses. Les éleveurs ne raisonnent plus en paddocks carrés ou rectangles, mais en parts de camembert ! Une pratique avec des avantages et des inconvénients.
Seul élevage laitier à 8 km à la ronde, la ferme de Yohann et Ludovic Serreau figure parmi les 92 exploitations de bovins lait encore en activité en Eure-et-Loir. Dans cette région céréalière, autant dire que les rares producteurs laitiers qui restent sont vraiment passionnés. Installés à La Gaudaine, les deux cousins produisent 700 000 litres de lait en traite robotisée, avec 65 vaches à 11 000 kilos sur une SAU de 130 hectares, dont 28 hectares en prairies. Conduites en zéro pâturage, les laitières reçoivent une même ration toute l’année à base de maïs ensilage, ensilage d’herbe, maïs épi, betteraves et luzerne. « Nous avons fait ce choix pour éviter au maximum les transitions alimentaires. Et de toute façon, faire pâturer nos vaches ne vaut pas le coup avec nos sols limono-sableux, peu portants et vite séchants », considère Yohann Serreau. Même si leurs vaches ne sortent pas, les éleveurs tiennent à faire pâturer les génisses. Les quinze petites sortent généralement mi-février, et les dix grandes un peu plus tard selon les conditions météo. Mi-mars cette année.
Des abreuvoirs uniquement dans les bâtiments
Le pâturage du paddock paraît moins homogène
Quel bilan tirer de ces deux années ? « Nous sommes satisfaits de cette nouvelle conduite. Le passage au pâturage tournant dynamique a amélioré la pousse de l’herbe, même dans des parcelles difficiles. On l’estime à 2 tonnes supplémentaires par hectare. La valorisation est meilleure car on propose une herbe fraîche, feuillue. Et on a aussi moins de refus qu’avant. » Les éleveurs fauchent les refus tous les 3-4 tours avec une tondeuse autoportée pour espaces verts qu’ils ont spécialement achetée (4 000 €). « Cela prend 15 minutes par paddock. »
1 kg de GMQ au pâturage sans concentré
Les génisses restent moins longtemps sur les parcelles ; elles y reviennent 18 jours plus tard au minimum, voire un mois plus tard en été. « Par rapport au pâturage continu, le pâturage tournant allonge les cycles et limite la pression parasitaire. » Yohann constate enfin une dégradation des bouses plus rapides. La minéralisation est meilleure, ce qui lui permet de limiter la fertilisation à 20 tonnes de fumier par hectare à l’automne.
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Poser une clôture vite fait, bien fait
« Le programme Herbe et pâturage, initié par les chambres d'agriculture de la région Centre-Val de Loire, a créé un premier déclic pour nous intéresser davantage à l’herbe, décrit Yohann. Puis, ce qui nous a aidés à la mise en œuvre concrète du nouveau découpage des paddocks, c’est d’avoir trouvé un moyen simple d’automatiser la pose de clôtures sur le quad à partir d’une visseuse fixée sur un enrouleur. » Une astuce maison qui a permis de clôturer 3,5 ha en une petite vingtaine de microparcelles en 3 heures.
La forme des paddocks est modulable
Au lieu d’opter de façon cartésienne pour des paddocks rectangulaires, pourquoi ne pas adapter la forme des parcelles pour lever le frein lié au nombre d’abreuvoirs.
Un bon moyen pour limiter le nombre d’abreuvoirs à créer
« C’est un peu le même principe que ce que l’on observe en Nouvelle-Zélande avec la salle de traite implantée au centre des parcelles pâturées, poursuit Philippe Loquet. Là-bas, cette configuration facilite aussi l’irrigation avec des rampes de 500 mètres de long qui tournent autour d’un énorme pivot central, en suivant les portions de camembert. »