Le secteur laitier au sommet d’une vague démographique de grande ampleur
En production bovine laitière, le flux à l’installation a été assez stable entre 2010 et 2019, avant de fléchir. Mais ce niveau était déjà insuffisant pour compenser la vague de départs liée au vieillissement très marqué des chefs d’exploitation. La moitié des éleveurs laitiers présents en 2018 pourraient avoir quitté le secteur en 2027.
En production bovine laitière, le flux à l’installation a été assez stable entre 2010 et 2019, avant de fléchir. Mais ce niveau était déjà insuffisant pour compenser la vague de départs liée au vieillissement très marqué des chefs d’exploitation. La moitié des éleveurs laitiers présents en 2018 pourraient avoir quitté le secteur en 2027.
Si le secteur laitier bovin est encore le premier pourvoyeur d’emplois agricoles non salariés en France, c’est aussi « celui où la réduction du nombre de chefs d’exploitation est la plus rapide », décrit Christophe Perrot, économiste à l’Institut de l’élevage. En systèmes bovins lait et mixte, elle est passée de -2,7 % par an entre 2012 et 2017 à -3,6 % entre 2017 et 2022, contre -1,4 % et -1,6 % pour l’ensemble de l’agriculture. « En intégrant les exploitations de polyculture élevage lait tentées par les grandes cultures, le recul atteint même 4 % par an sur la dernière période », analyse Christophe Perrot.
Des situations contrastées d’une région à l’autre
D’après les dernières données de la MSA, la filière laitière est celle qui connaît, en moyenne, le taux de remplacement des départs le plus bas de l’agriculture française avec seulement 40 % d’éleveurs laitiers remplacés en 2021, contre près de 80 % tous secteurs agricoles confondus. La projection démographique tendancielle réalisée début 2021 indique que la moitié des éleveurs laitiers présents en 2018 pourraient avoir quitté le secteur en 2027.
« Nous sommes donc au sommet de cette vague de grande ampleur, qui se traduit par des réductions de nombre d’exploitations et de productions inédites. Cependant, dans le secteur bovin laitier, cette vague est très haute mais plutôt courte, d’où l’expression de "mur démographique". La pyramide des âges de 2020 montre que six classes d’âge très pleines étaient sur le point de partir à la retraite. La pression démographique devrait donc s’atténuer à partir de 2027 », détaille le spécialiste.
Au recensement agricole de 2020, 51 % des éleveurs laitiers avaient plus de 50 ans dont 33 % de plus de 55 ans et 12 % de plus de 60 ans
Les situations démographiques sont contrastées d’une région à l’autre, faisant varier ce taux de 35 à 85 % suivant les zones laitières. « La "vocation naturelle" de certaines zones, avec un climat favorable aux fourrages (herbe et maïs), à forte tradition laitière, moins propices aux grandes cultures et disposant de filières rémunératrices bien ancrées dans leur territoire, tend à rendre les projets d’installation plus séduisants pour les repreneurs. C’est le cas par exemple des zones herbagères de l’ouest de la Normandie et du plateau franc-comtois », soutient Christophe Perrot.