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« Sans la réserve d'eau de Mauzé sur le Mignon, nous arrêterions l'élevage de chèvres »

Samuel et Basile Baudouin, éleveurs de chèvres dans les Deux-Sèvres, témoignent du caractère vital pour leur activité de pouvoir sécuriser leur ressource en eau. Depuis le début du projet de la réserve de substitution ils subissent des pressions devenues extrêmes à la suite des deux manifestations de Sainte-Soline.

 

Adhérents de la Coop de l’eau 79, Samuel et Basile Baudouin sont raccordés à la réserve de substitution de Mauzé sur le Mignon depuis un an et irriguent 45 hectares pour la production d’aliments pour leurs chèvres. Ils subissent pressions et intimidations de la part des opposants depuis le début du projet.

« Nous nous sommes installés en 2012 à Mauzé sur le Mignon (Deux-Sèvres), et élevons 400 chèvres sur 200 hectares de SAU. L’exploitation bénéficie d’un volume d’irrigation provenant l’origine de deux forages.

Nous avons adhéré à Coop de l’eau 79 à sa création, et nous sommes engagés dans le projet de création des réserves de substitution. Nous sommes raccordés depuis l’année dernière à la réserve de Mauzé sur le Mignon. Ce projet est vital pour notre élevage caprin. Si nous ne pouvons pas sécuriser la production d’aliments, et notamment de fourrages de qualité, nous serons obligés de cesser l’activité.

Le projet de réserve est vital pour notre élevage caprin

Nous irriguons 45 hectares par an sur les 200 de l’exploitation, exclusivement pour la production d’aliments destinés à notre troupeau caprin : luzerne principalement, tournesol, et 4 ha de maïs grain. La réserve de Mauzé a une capacité de 241 000 m3, sur lesquels nous pouvons utiliser 57 000 m3 au maximum. Bien sûr, cela dépend du niveau des nappes phréatiques et de la situation hydrologique.

30 cents/m3 d’eau

En 2022, année chaude et sèche, nous n’avons été autorisés à la remplir qu’à 85 % de sa capacité, et l’évaporation a été légèrement inférieure à 6 %. La réserve est équipée d’un système de comptage électronique pour évaluer les pertes par évaporation.

En 2022 l'évaporation a été légèrement inférieure à 6%

Nous achetons l’eau 30 cents/m3, frais de fonctionnement compris. Avec les forages, la facture annuelle s’élevait à 5 000 € par an. Aujourd’hui, nous dépensons 17 000 € pour l’irrigation, pour un volume équivalent. Cet investissement est indispensable pour préserver notre autonomie alimentaire et la production de luzerne. Nous nous sommes collectivement engagés dans une agriculture de conservation des sols (ACS), avec du semis direct, moins d’intrants, la plantation de haies et la priorisation de l’élevage… Grâce à la réserve, nous allons aussi mieux gérer l’utilisation de la ressource en anticipant davantage les tours d’eau, les possibles restrictions… Nous sommes attachés à sa préservation.

Dans les frais, la part de l’électricité est importante, mais aussi la sécurisation du site. Sur notre réserve, 300 000 euros ont été dépensés pour mettre en place trois rangées de clôture, des caméras de surveillance, alarmes, détecteurs de mouvement…

Violences et menaces constantes

Depuis le début du chantier, nous avons constamment subi des attaques. Tous les jours nous recevons des menaces, des intimidations… Ce qui fait le plus mal, c’est d’être traités de menteurs dès que nous expliquons le fonctionnement de la réserve, son objectif, notre façon de produire. Nous avons aussi peur des dégradations, des violences. C’est une menace constante qui plane sur nous et nos exploitations. Depuis les deux manifestations à Sainte-Soline, le niveau de violence est extrême.

Depuis les deux manifestations à Sainte-Soline le niveau de violence est extrême

Nous faisons notre métier avec passion et en sommes fiers. Les opposants aux réserves nous décrivent à l’inverse de ce que nous sommes ! Nous avons du mal à comprendre pourquoi nous sommes pris pour cible.

Ce qui est difficile aussi, c’est que nous connaissons les opposants aux projets, ce sont nos voisins, des membres de nos familles parfois… Nous nous efforçons de ne pas rentrer dans le conflit, d’expliquer. Notre projet est légal, et même deux fois légal. Nous restons dans le dialogue et avons participé à des soirées d’information organisées par Bassines non merci, le collectif d’opposants. Nous y avons expliqué qui nous étions, et cela a été bien perçu, y compris par les organisateurs. Mais nos détracteurs n’entendent pas les faits et leurs actions dépassent la question de la ressource en eau et le stockage. Ils sont contre la société actuelle, l’État, les forces de l’ordre. Nos réserves sont devenues un symbole, une croisade.

Nos réserves sont devenues un symbole, une croisade

Il faut redoubler d’efforts pour expliquer, communiquer. Cela prend du temps. Et nous devons rester solidaires, nous soutenir moralement et pour protéger nos installations comme nous l’avons fait en amont de la dernière manifestation en installant des blocs de béton sur les points de pompage. »

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