Rompre l’isolement avec Solidarité Paysans
3 000 familles en difficulté sont accompagnées chaque année par les 80 salariés et 1 000 bénévoles de l’association.
3 000 familles en difficulté sont accompagnées chaque année par les 80 salariés et 1 000 bénévoles de l’association.
Défendre et aider les agriculteurs en détresse à surmonter leurs difficultés, telle est la philosophie de Solidarité Paysans depuis ses premiers pas il y a plus de vingt-cinq ans. L’association est implantée sur tout le territoire, excepté en Ile de France, Champagne et Corse. L’accompagnement est réalisé en binôme salarié-bénévole, les bénévoles étant des agriculteurs ou actifs du para-agricole ou des retraités. « Nous nous appuyons sur une charte éthique nationale, a souligné Jean-Yves Pailleux, bénévole de Solidarité Paysans Auvergne et chercheur à l’Inra, lors des Rencontre recherche ruminants. Nous intervenons quel que soit l’appel, dans la confidentialité et sans porter de jugement. Nous respectons les choix et le rythme des personnes même si l’on estime parfois que cela ne va pas assez vite. Les difficultés sont abordées de manière globale : l’accompagnement porte sur l’activité agricole mais aussi sur la famille et la santé. » Trois à quatre fois par an, des réunions animées par un psychologue permettent aux accompagnants d’analyser en groupe les pratiques d’accompagnement, en examinant des situations particulièrement difficiles.
Les associations du réseau Solidarité Paysans travaillent en partenariat avec la MSA, les chambres d’agriculture, les GDS, les centres de gestion, les AFOCG, les Civam, etc. Solidarité Paysans est une association indépendante, financée principalement par les collectivités territoriales. L’accompagnement est gratuit ; l'adhésion à l'association est proposée aux personnes accompagnées.
L’écoute est un véritable outil de prévention
« La première demande est économique dans 90 % des cas, constate Véronique Louazel, chargée de mission à Solidarité Paysans. Mais les agriculteurs nous parlent très vite d’autre chose. Parfois cela peut prendre du temps, il faut qu’une relation de confiance s’installe. Pour débloquer une situation, un seul rendez-vous peut parfois suffire quand il s’agit de régler un problème technique, mais cela peut demander beaucoup de temps, jusqu’à quinze ans pour un suivi de redressement judiciaire. »
Solidarité Paysans a mené une enquête auprès de vingt-sept agriculteurs en détresse pour mieux comprendre les mécanismes psychosociaux et améliorer la réponse apportée. « Ces agriculteurs décrivent des symptômes de dépression, anxiété, épuisement, troubles du sommeil, idées suicidaires, etc. », explique-t-elle. Face à ce mal être, l’entrée dans un système de soin n’est pas une évidence. L’entourage reste la principale ressource : les proches mais aussi les professionnels agricoles jouent un rôle majeur pour favoriser la demande d'aide. L’intervention d’un tiers permet la recherche de solutions. « Cela prend du temps pour accepter la situation, se remettre en question et prendre une décision. » Faut-il arrêter ou continuer l’activité, la transformer ? Le choix est difficile, il ne doit pas être imposé. « En Auvergne, 70 % des fermes continuent, précise Jean-Yves Pailleux. Mais celles qui arrêtent ne sont pas en échec si c’est pour repartir vers autre chose. »
www.solidaritepaysans.orgContact@solidaritepaysans.orgTél. 01 43 63 83 83Quatre formes de pression
D’après une étude menée par Solidarité Paysans, quatre formes de pression s’exercent sur les agriculteurs en détresse.
1 Une tension familiale omniprésente, avec une pression liée au patrimoine à garder et à transmettre. « Quand on est en difficulté, il est difficile de faire des choix en dehors de cet enchevêtrement intergénérationnel », souligne Véronique Louazel.
2 Une pression financière qui s’exprime de deux façons. Au niveau de l’endettement : « les personnes que j’ai rencontrées avaient des niveaux d’endettement très différents allant de 3 000 € à 900 000 €. C’est la pression quotidienne des créanciers qui est difficile à vivre ». Au niveau de la précarité sociale : ne pas pouvoir faire vivre sa famille avec le travail fourni.
3 Des conditions de travail dégradées, qui ont un gros impact sur la vie de famille et la vie de couple.
4 Une forte loi du silence : les familles ne parlent pas des difficultés financières ni aux voisins, ni aux parents ou frères et sœurs. L’accumulation des obstacles les isole encore plus.
http://www.solidaritepaysans.org/parlons-difficultes/index.html