Mauvais poil et démangeaisons : quels troubles cutanés chez la chèvre ?
Les troubles et lésions cutanées ont différentes formes et des causes variées. Revue des infections qui grattent les chèvres.
Une chèvre en bonne santé a le poil brillant, dès que celui-ci devient terne ou clairsemé le troupeau fait mauvaise impression et l’éleveur se pose des questions. Nous allons voir comment bien les poser et y répondre avec intelligence. Les troubles cutanés ont des causes variées : nutritionnelle, virale, bactérienne, parasitaire, tumorale… Le diagnostic n’est pas toujours facile et peut faire appel à des examens complémentaires. Cependant l’observation clinique est primordiale afin de caractériser les lésions.
Le « mauvais poil » doit alerter sur l’état général
Le poil terne et sec peut être révélateur d’une maladie plus générale. C’est le cas des maladies parasitaires non maîtrisées, par exemple les strongyloses au pâturage ou la coccidiose chez la chevrette en croissance. On peut aussi suspecter un déséquilibre nutritionnel de type acidose chronique ou carences.
Dépilations et squames, plutôt lié aux carences
Dépilations localisées : suspicion de teigne
Les poux, ça gratte
Le prurit se manifeste par du léchage, facilement repérable par les traces répétées (poils lissés par la salive), du grattage (pour se soulager les chèvres se frottent), quelquefois par de l’agitation dans les cases. Peuvent être associés des signes de pelage terne, clairsemé, avec des squames.
Pour un diagnostic sûr il faut aller chercher les poux, c’est le cas de le dire, pas toujours facile. En effet, ils ne mesurent que quelques millimètres et se cachent parmi les poils et pellicules. De plus, ils ne sont pas forcément nombreux. Plus souvent localisés sur les flancs et thorax. Il existe deux types de poux, les poux piqueurs (Linognathus) plantés dans la peau, de couleur noire, et les poux broyeurs (Damalinia), plus bruns, qui se promènent entre poils et squames. À noter que plusieurs animaux sont atteints du fait de la contagion.Le traitement fait appel à des insecticides appliqués en « Pour On » de la famille des pyrethrinoïdes. Cependant, il se pose le problème du délai de retrait concernant les chèvres en lactation, d’autant qu’il faut traiter tous les animaux du lot. Le milieu extérieur n’a pas besoin d’être traité.
Les gales enflamment la peau
La contamination s’effectue par contact entre animaux ou via des matières contagieuses (débris cutanés, croûtes…). Les acariens ne survivent pas plus de 12 à 15 jours dans le milieu extérieur. Les gales les plus fréquentes sont la gale chorioptique, gale des pattes, et la gale psoroptique, gale des oreilles. La gale sarcoptique, tête et corps est rarissime. Le diagnostic fait appel à l’aspect croûteux, contagieux et prurigineux. Le diagnostic de laboratoire consiste à mettre en évidence les acariens au microscope à partir de raclages cutanés effectués au niveau des lésions. Le traitement fait appel aux endectocides (éprinomectine) administrés deux fois à 15 jours d’intervalle et aux acaricides utilisés en pulvérisation ou balnéation après dilution.
Les lésions dermatologiques localisées essentiellement sur la mamelle
La peau de la mamelle est fine, glabre et donc sensible et exposée aux maladies de peau. La dermatite solaire (coup de soleil) et la photosensibilisation (par ingestion de certaines plantes) concernent les chèvres d’extérieur à la sortie au pâturage. Cela peut concerner les oreilles à peau claire. La dermatite à staphylocoque se manifeste par des papules évoluant en pustules. Souvent en relation avec les infections mammaires. Le traitement fait appel à des désinfections cutanées et la mise en place d’hygiène mammaire à la traite. Rarement, on peut trouver des lésions prolifératives (papillomes, verrues) ou ulcératives d’origine virale. Notons aussi les rares lésions d’ecthyma sur les trayons des chèvres non immunisées qui se compliquent fréquemment en mammites.
À retenir
Savoir caractériser les lésions cutanées
Squames : présence de pellicules.
Dépilation : présence de zones clairsemées sans poils.
Prurit : démangeaisons qui se manifestent par du léchage, du grattage et des croûtes. Il oriente vers des causes parasitaires
Observe-t-on des zones inflammatoires localisées ou étendues de type papule, pustules, ulcérations ?
Enfin, notez la forme et la répartition des lésions sur le corps (étendues, localisées, symétriques).
Mise en garde
FCO et fièvre aphteuse
La fièvre aphteuse et la FCO sont des maladies virales à expression cutanée possible. Les caprins sont sensibles à ces virus mais expriment peu de symptômes (beaucoup de formes inapparentes de la maladie). Les symptômes sont localisés au niveau buccal et podal (bourrelet coronaire des sabots). Toute apparition brutale et contagieuse de tels signes doit entraîner un appel à son vétérinaire.
Chez les chevreaux, les lésions buccales d’ecthyma
Dû à un parapoxvirus, très contagieux et résistant dans le milieu extérieur, l’ecthyma peut se transmettre à l’homme qui présente alors des nodules inflammatoires souvent localisés aux mains. La contagion est facile à partir des croûtes qui représentent les matières virulentes. Les jeunes sont très sensibles par défaut d’immunité. La transmission s’effectue par contact, voire par la manipulation de bouclage et tatouage.Aspect monstrueux sur la face
L’ecthyma se présente sous deux formes cliniques. La forme cutanée est la plus fréquente, caractérisée par des papules, vésico-pustules évoluant en ulcérations croûteuses. Localisées sur les lèvres, paupières et naseaux, les lésions deviennent quelquefois croûteuses et prolifératives donnant un aspect monstrueux ! L’évolution se fait sur deux à quatre semaines. Les surinfections bactériennes sont très fréquentes avec des lésions suintantes suppuratives. La forme buccale atteint les gencives, le palais, la langue, avec complications de stomatite bactérienne entraînant une incapacité de se nourrir.
Comme toute maladie virale, il n’y a pas de traitement spécifique. Les soins consistent surtout en une désinfection des lésions avec des produits iodés et une antibiothérapie en cas de surinfections. Il existe aussi un vaccin atténué vivant injecté par voie intra dermique.