Management viticole : « Au travail, les nouvelles générations ont besoin d’être valorisées »
Camille Roubière, directrice de la fédération des associations viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe a coorganisé de la rencontre « Comprendre, recruter et manager la nouvelle génération » (1) qui a eu lieu le 4 juillet, à Montlouis-sur-Loire. Interview.
Camille Roubière, directrice de la fédération des associations viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe a coorganisé de la rencontre « Comprendre, recruter et manager la nouvelle génération » (1) qui a eu lieu le 4 juillet, à Montlouis-sur-Loire. Interview.
Quelles sont les particularités de la nouvelle génération ?
Pour les jeunes générations, la légitimité du manager vient avant tout de ses capacités de communication. Le gros point à éviter, c’est donc le manque de communication. Dans leur travail, les jeunes salariés doivent comprendre le cadre général, l’objectif, leur rôle, les perspectives d’évolution. Il faut prendre le temps d’échanger.
Il y a les entretiens annuels, mais il faut aussi communiquer au quotidien, sur les taches à faire, leurs ressentis, leurs retours de la journée sur les travaux réalisés ou leurs suggestions sur l’organisation de ce qui est à programmer. Ils ont besoin de se sentir bien au travail.
Jusqu’ou aller pour séduire et garder ces salariés ?
On reste le chef. Il faut poser un cadre, rappeler qu’il y a des horaires, des règles pour le travail ensemble même si certaines choses peuvent être discutées.
Et en même temps, il convient d’impliquer dans les prises de décisions plus qu’avant. Les nouvelles générations ont besoin d’être valorisées. Les jeunes savent qu’ils sont un maillon mais ils ont envie de sentir qu’ils participent à un tout.
Comment définir le cadre ?
Il est important de prendre le temps de réfléchir en amont à ce qui est bien pour soi et pour son entreprise, de se poser des questions sur quelle vision on donne à travers ses vins, quelles sont les valeurs importantes que l’on veut renvoyer. Chacun doit faire part de sa philosophie tout en étant capable de se remettre en question face aux évolutions.
Les jeunes générations ont un fort besoin de reconnaissance. Comment y répondre ?
Il ne faut pas hésiter à dire que ce qui est fait est bien, à observer le salarié. Si l’on constate qu’il évolue bien dans telle ou telle tâche, lui proposer autre chose avec des perspectives de valorisation du salaire, ou anticiper son envie d’évolution avec de la formation. Ce besoin de reconnaissance se retrouve pour les salariés des autres générations. Ça passe aussi par des gestes simples comme de prévoir des boissons fraîches en cas de forte chaleur.
Témoignage : France Breton, 29 ans, vigneronne codirigeant le domaine Breton à Benais, en Indre-et-Loire, participante de la rencontre.
« Développer sa marque d’entreprise, c’est un atout pour embaucher et fidéliser »
Entre la trentaine de domaines participants, nous nous sommes tous rendu compte que la casquette de chef d’entreprise prend de plus en plus de place face à la complexité croissante de notre métier. Que l’on ait zéro ou vingt salariés, on doit davantage s’engager dans une posture entrepreneuriale. Ça m’a donné des vraies pistes, notamment sur ce que l’on donne comme image d’entreprise. On pense qu’à travers le vin, ce que l’on renvoie comme image c’est transparent. Mais aujourd’hui, les jeunes cherchent une entreprise qui leur correspond alors il faut davantage mettre en valeur notre système d’entreprise, par exemple sur des réseaux comme LinkedIn, auxquels je ne croyais pas pour la viticulture. Développer sa marque d’entreprise, c’est un atout pour embaucher et garder des salariés. Bien définir ses enjeux et ses objectifs va permettre de les communiquer. Nous le faisons déjà depuis trois à quatre ans, mais c’est à développer encore plus.