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Mammites : « Nous réalisons un Mastatest avant de traiter les vaches »

Dans le Cantal, l’EARL la Roche de Lignerolles teste elle-même le lait de mammite à la ferme avec le Mastatest. Mathilde Chalier et son père Philippe adaptent désormais les traitements apportés aux vaches. Ils gagnent du temps et de l’argent.

« Intempérie a fait une mammite clinique bénigne le 1er septembre 2023. La veille, au résultat mensuel du contrôle laitier, elle était à 971 000 cellules. Elle avait vêlé le 21 juillet. Nous avons réalisé un prélèvement de lait, testé au Mastatest. Le résultat est sorti stérile. Nous n’avons appliqué aucun traitement. Le 6 octobre, elle était revenue à 47 000 cellules. Le 14 novembre à 35 000. Intempérie s’est soignée toute seule », décrit Mathilde Chalier, éleveuse salariée de son père Philippe à l’EARL la Roche de Lignerolles. La jeune femme poursuit : « Avant, nous l’aurions traitée avec un antibiotique. Là, nous avons jeté le lait deux jours, en attendant que ça revienne à la normale. Donc beaucoup moins longtemps que si elle avait été sous antibiotique. Intempérie est l’exemple concret qui prouve l’intérêt du test. »

Lire aussi Comment réaliser un prélèvement aseptique de lait en photos

Fiche élevage

L’EARL la Roche de Lignerolles

•]]>1 exploitant, 1 salariée

•]]>50 montbéliardes

320 000 l de lait

2 AOP : cantal et bleu d’Auvergne

« Nous avons diminué le nombre et le coût des traitements »

Mathilde Chalier a passé six mois en stage pour son diplôme d'ingénieure agronome à la clinique de la Haute-Auvergne, avec Olivier Salat, référent santé de la mamelle au SNGTV, sur l’intérêt du Mastatest à la ferme. C’est donc assez naturellement qu’à son retour à la ferme, elle a utilisé l’outil sur l’exploitation. Depuis, le père et la fille ont changé leur approche de soin des mammites.

Autre exemple avec Nesquik, qui a fait une mammite clinique modérée. « Nous avons lancé le test le matin et nous lui avons donné un anti-inflammatoire en attendant les résultats car le quartier était douloureux. Le soir même, sans avoir encore le résultat, le quartier avait dégonflé. Nous avons eu le résultat le lendemain matin : E. coli. Nous avons simplement refait un anti-inflammatoire 48 heures après la première injection pour finir d’aider la vache à combattre le germe », relate Mathilde. Philippe Chalier, qui était de l’ancienne école, celle du Mastijet, reconnaît aujourd’hui « gagner du temps » et « avoir diminué les traitements » depuis qu’ils réalisent des tests bactériologiques. En deux ans et demi, le coût moyen en produits vétérinaires d'une mammite non sévère a été divisé par deux.

Mathilde Chalier veut faire passer deux messages : « Environ 30 % des mammites non sévères se soignent avec un anti-inflammatoire. Et nous pouvons nous permettre de patienter 24 heures sans traiter la vache, juste avec l’anti-inflammatoire pour la soulager, en attendant les résultats de l’analyse bactériologique. » De son côté, Olivier Salat admet qu' « en tant que vétérinaires, nous avons notre part de responsabilité, car nous avons longtemps dit que perdre le temps d’une traite pour traiter diminue les chances de guérison ». Avec la bactériologie, il reconnaît qu’il faut changer de paradigme.

Côté éco

Coût moyen en produits vétérinaires d'une mammite non sévère (prix des produits vétérinaires 2021)

Avant les analyses : 176 € HT en moyenne, avec des traitements compris entre 50 et 367 €

Depuis que le lait est analysé : 92 € HT en moyenne, avec des traitements compris entre 35 et 218 €

18-22 € l'analyse de lait avec Mastatest (hors coût de la location du matériel)

Le Mastatest, comment ça marche ?

Le Mastatest est un appareil automatisé d’analyse bactériologique qui nécessite une connexion internet en continu. Des cartouches sont préalablement remplies du lait à analyser dans l’appareil. La cartouche se compose de 24 puits, 6 destinés à l’identification de la bactérie et 18 (3x6) remplis de concentrations croissantes des trois antibiotiques testés, ce qui permet d’obtenir la concentration minimale inhibitrice pour chacun des trois antibiotiques.

Le résultat apparaît dans l’interface internet au bout de 20 à 24 heures. Il y aura alors sur l’écran le nom de la bactérie ainsi que sa sensibilité aux trois antibiotiques testés (si c’est une bactérie gram positif). Ce résultat parviendra également sur l’interface informatique du vétérinaire traitant qui, avec les commémoratifs fournis par l’éleveur, pourra alors proposer une thérapeutique adaptée ainsi, éventuellement, que des mesures préventives. Si le résultat indique stérile ou E. Coli : il n'y a pas de traitement antibiotique. Si le résultat est différent : traitement antibiotique en fonction des indications du vétérinaire traitant.

Les plus et les moins

Selon Mathilde

• Les plus

Réaction rapide en moins de 24 heures, sans se déplacer à la clinique pour apporter le lait et récupérer les résultats

Facile à utiliser

Possibilité d’analyser le lait en dehors des horaires d’ouverture de la clinique et le week-end

Traitement ciblé en fonction de la bactérie responsable de la mammite

• Les moins

Parfois, pas de retour de la clinique avant 24 heures

Risque de passer à côté du traitement dans le cas d’un germe rare car le Mastatest ne diagnostique que E. Coli, Streptococcus uberis ou autres streptocoques, le staphylocoque doré ou le staphylocoque coagulase négative (trois familles de germes responsables de plus de 70 % des cas de mammites)

Demande d’avoir une bonne connexion internet car l’appareil flashe toutes les deux heures pour mesurer le colorimètre des puits ; l’analyse est réalisée à distance

Demande une bonne communication entre l’éleveur qui est en charge de l’appareil et la clinique vétérinaire

Le « california mastitis test » pour éviter de contaminer la vache d’après

California mastitis test CMT

Le california mastitis test (CMT) (ou test de mammite de Californie) sert à détecter l’état d’inflammation des quartiers de la mamelle. Basé sur une appréciation visuelle, l’outil évalue le nombre de cellules par millilitre de lait. Lors de mammites subcliniques, le test permet de détecter les quartiers infectés et d’adapter la gestion. Si un seul quartier est touché, il est possible de faire un prélèvement pour une analyse bactériologique. Si plusieurs quartiers le sont, l’éleveur peut réaliser un prélèvement de lait mélangé avec les quartiers infectés. « Le CMT permet aussi d’éviter la contamination de la vache suivante pendant la traite, apprécie Olivier Salat. Et éventuellement d’établir un premier diagnostic : plus il y a de quartiers infectés, moins bien la vache va guérir. »

 

 

 

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