Maladie betterave : des outils pour être réactif contre la cercosporiose
Pour intervenir au plus tôt en cas d’attaque de cercosporiose, redoutable maladie de la betterave, la filière développe des outils d’aide à la décision.
Pour intervenir au plus tôt en cas d’attaque de cercosporiose, redoutable maladie de la betterave, la filière développe des outils d’aide à la décision.
Des pertes de rendement racine jusqu’à 30 %, une baisse de richesse d’1 à 2 points… la cercosporiose est la principale maladie foliaire sur betterave. Et malheureusement, sous l’effet de conditions de chaleur et d’humidité favorables, elle progresse en France, avec des dégâts principalement constatés en Alsace, dans le sud Champagne, l’Île-de-France et le Centre. Le plus souvent, c’est elle qui justifie les premiers traitements fongicides, avant que d’autres maladies foliaires se développent à leur tour. Une bonne raison de suivre les contaminations au plus près.
« Nous avons mis au point l’outil Cristal Cerc’OAD, mis en service en 2019 après avoir accumulé des données et des références sur les conditions de développement de ce pathogène pour lequel il y a une relation forte avec le climat, présente Hervé Moriat, du service agronomique du groupe coopératif sucrier Cristal Union. Plus de 80 % de notre bassin de production est concerné par la cercosporiose avec des pertes de productivité importante quand les attaques sont fortes et précoces, début juin en Alsace ou fin juin dans les autres régions. »
Enrayer à tout prix le début d’attaque de cercosporiose
L’outil Cerc’OAD repose sur un modèle d’évaluation du risque cercosporiose basé sur des données climatiques spatialisées. « Ces informations journalières, voire horaires, sont transformées en analyse de risque pour piloter la lutte contre la cercosporiose, explique Hervé Moriat. Notre outil est gratuit pour les adhérents de notre coopérative. Un agriculteur peut avoir une information personnalisée sur ses propres parcelles, en saisissant les dates de semis, les dates prévisionnelles de récolte, les irrigations et interventions fongicides. Avant d’arriver à 100 % du seuil de déclenchement, il reçoit un SMS pour préparer l’intervention fongicide. Il peut également suivre la situation sur sa commune sans avoir à saisir les données de ses parcelles. » Une nouvelle version de l’outil va prochainement voir le jour, qui intégrera l’amélioration de la tolérance variétale à la maladie.
« Le nerf de la guerre pour nous est d’enrayer le premier cycle de la cercosporiose, surtout avec des fongicides moins performants que par le passé. Il faut gérer l’attaque précocement pour éviter l’effet boule de neige. Si jamais on se loupe au début et que le climat est favorable à la maladie, on ne peut plus l’arrêter », souligne Hervé Moriat. Cerc’OAD s’adapte aux conditions de l’année. « En 2020, le climat n’a pas été favorable à la cercosporiose de la mi-juillet à la mi-août. Le modèle a mis en suspens les traitements pendant cette période, en allongeant significativement le délai entre deux interventions », observe le technicien de Cristal Union.
Pour suivre l’évolution de la cercosporiose et des autres maladies foliaires majeures, l’ITB met à disposition une carte interactive sur le web. Un OAD Alerte maladies lui est associé, informant sur la pression des maladies chaque semaine pendant la période à risque. Il indique si le risque nécessitant de déclencher un traitement est atteint. Cet outil complète les informations fournies par Vigicultures, les bulletins de santé du végétal et les notes techniques locales alimentées par l’ITB, par les services techniques des sucreries et d’autres observateurs.
Des caméras détectant les symptômes du pathogène
Les fongicides s’essoufflent