Maîtriser le rayonnement solaire en bergerie
Plus que la température, ce qui peut aider à maintenir un confort thermique correct pour les brebis est la maîtrise du rayonnement solaire dans les bâtiments d’élevage.
Plus que la température, ce qui peut aider à maintenir un confort thermique correct pour les brebis est la maîtrise du rayonnement solaire dans les bâtiments d’élevage.
« L’éleveur ne peut pas agir directement sur la température interne au bâtiment, qui dépend de la météo et donc de la chaleur extérieure. Mais il va avoir la maîtrise de comment cette chaleur pénètre dans la bergerie », explique Morgane Lambert, de l’Institut de l’Élevage. Un des paramètres principaux sur lesquels l’homme a une action va être le rayonnement direct et indirect. « On va essayer de réduire au maximum le rayonnement direct qui apporte un excès de luminosité et de chaleur et qui arrive sur les animaux en bâtiment, reprend la spécialiste en capteurs et bâtiments. On observe que les animaux évitent les zones ensoleillées de leur aire de vie lorsqu’il fait vraiment chaud. » Le rayonnement indirect, lui, est la répercussion du défaut d’isolation de la toiture par exemple, ou des parois latérales. « Les animaux émettent de la chaleur, c’est aussi une sorte de rayonnement indirect. Pour limiter cet effet, il faut donc qu’ils puissent se répartir sur toute la surface de l’aire paillée sans être gêné par des zones d’ensoleillement direct », souligne Morgane Lambert.
Bien concevoir son bâtiment
Pour limiter ces deux types de rayonnement, le projet Batcool a permis de formuler des recommandations dans la conception d’un nouveau bâtiment : pour le rayonnement direct, il va falloir créer de l’ombre, soit par une toiture pleine (sans translucides), soit par un débord de toit. Concernant le rayonnement indirect, il est recommandé de limiter la maçonnerie, car le béton absorbe la chaleur en journée et la restitue la nuit et de choisir des matériaux qui rayonnent peu et donc qui transmettent peu la chaleur, comme le bois. Prévoir des couloirs de service dans la longueur permet d’éloigner les animaux des parois des bâtiments, qui rayonnent du chaud ou du froid (en hiver) et évite que le soleil touche l’aire de vie des animaux.
Des rénovations pour moins de rayonnement
Batcool prévoit également des recommandations de rénovation pour les bâtiments déjà en place. « Les translucides en toiture, c’était une fausse bonne idée. Cela favorise le rayonnement direct et va créer une hétérogénéité dans les aires de vie, avec des zones très ensoleillées qui vont être fuies par les animaux et des zones d’ombre où ceux-ci vont s’entasser. » À éviter également, les translucides en façades sud et ouest. « On va prioriser l’entrée de lumière par les façades nord et est », appuie encore Morgane Lambert. En cas de dôme lumineux ou de translucides en toiture, il faut veiller à ce que la zone éclairée tombe hors des zones de vie des animaux. Pour remédier aux problèmes de translucides en toiture déjà installés et qui rayonnent au mauvais endroit, il est possible de les peindre de l’intérieur avec de la peinture blanche, voire une peinture réfléchissante aux UV, « cela permet de garder de la luminosité en bloquant les rayons directs du soleil », conseille l’experte.
De l’ombre avec des débords de toit
Enfin, il est possible, moyennant un peu plus de matériel mais faisable rapidement également, d’installer des débords de toiture. Il s’agit de prolonger la toiture sur les côtés. « C’est intéressant sur la façade sud car le débord va empêcher le soleil de taper sur la façade, qui va réchauffer de manière indirecte l’intérieur du bâtiment. En été, le débord va protéger l’intérieur des rayons directs, tandis qu’en hiver, avec un soleil plus rasant, la lumière naturelle va quand même pouvoir pénétrer la bergerie », apprécie Morgane Lambert. L’isolation de la toiture doit être pensée à la conception du bâtiment mais peut également être refaite une fois le bâtiment en place. Il est possible d’isoler les façades qui prennent le plus les rayonnements directs.
Au pâturage, mettez vos brebis à l’ombre
Quand les brebis sont à l’extérieur par temps chaud, il est nécessaire de leur prévoir des zones d’ombre pour qu’elles puissent ruminer et se reposer.
Si les brebis restent au pâturage lors de fortes chaleurs, soit parce qu’il reste de l’herbe à manger, soit parce que l’éleveur préfère apporter à manger au pâturage plutôt que de rentrer les animaux en bergerie, il est nécessaire de leur apporter de l’ombre. Choisir des parcours boisés ou disposant de bosquets, d’arbres ou de haies permet d’avoir des zones d’ombre naturelles. Si vos parcelles en sont dépourvues, pas de panique, il existe des solutions simples à mettre en œuvre. « On peut installer des parasols, sous lesquelles les brebis vont pouvoir se regrouper pour chômer, propose Morgane Lambert, de l’Institut de l’Élevage. Un abri tout simple fait également l’affaire, mais il faut qu’il soit bien ouvert, sinon cela sera contreproductif et aura un effet « cocotte-minute ». »
Une ombrelle mobile pour l’extérieur
Le lycée agricole des Sicaudières, dans les Deux-Sèvres est allé plus loin et a construit en 2018 l’Ovifresh. Cette ombrelle mobile se compose de cinq panneaux supportant une toile d’ombrage microperforée. Un des panneaux est fixe, les autres se replient pour faciliter le transport de l’ensemble. Lorsque l’Ovifresh est en place, son ombre couvre une surface de 20 à 40 m² selon la position du soleil, ce qui permet d’abriter une cinquantaine de brebis ou une centaine d’agneaux. La remorque peut être tractée par un quad, une voiture ou un tracteur et peut même être déplacée à la main, ne pesant que 160 kg et étant montée sur deux roues. « Ovifresh a été imaginé en lien avec le développement du pâturage tournant dynamique qui impose de subdiviser les prairies en microparcelles. Là où les brebis avaient l’ombre des haies auparavant, elles en sont dépourvues dans ces petits paddocks », explique Arnaud Oble, le concepteur de l’ombrelle et directeur de l’exploitation du lycée des Sicaudières.