« L’intérêt de la faucheuse andaineuse se raisonne sur plusieurs récoltes »
Pratiquant la moisson décomposée depuis quatre campagnes, Michel Huard, polyculteur-éleveur en Eure-et-Loir, valorise sa faucheuse andaineuse pour récolter une dizaine de cultures sur son exploitation et en prestation.
Pratiquant la moisson décomposée depuis quatre campagnes, Michel Huard, polyculteur-éleveur en Eure-et-Loir, valorise sa faucheuse andaineuse pour récolter une dizaine de cultures sur son exploitation et en prestation.
« Je me suis lancé dans la moisson décomposée il y a quatre ans, à la suite de l’interdiction de tous les défoliants. C’était un passage obligé pour pouvoir continuer à récolter les cultures porte-graines », explique Michel Huard, installé sur la ferme familiale en polyculture élevage (volailles et vaches allaitantes) à Champrond-en-Perchet en Eure-et-Loir. Sa faucheuse andaineuse renouvelée l’an dernier intervient sur environ 250 hectares par an, essentiellement du 15 août au 15 septembre, sauf pour le sarrasin qui est fauché début novembre. « Je fauche entre 70 et 80 hectares sur mon exploitation, le reste est réalisé en prestation. La demande se concentre principalement sur la luzerne, le trèfle, le pois et la betterave porte-graines, mais aussi sur le quinoa, la lentille et le sarrasin. Des cultures qui justifient tous les ans le surcoût de 100 euros par hectare de la fauche. C’est aussi le cas pour les céréales en bio, notamment lorsqu’elles sont en mélange. En revanche, l’intérêt de l’andainage pour le colza et les céréales en conventionnel est très variable selon les années. Quand la météo est au beau fixe, c’est plus rentable de passer directement avec la moissonneuse-batteuse. »
Des gains pas toujours payants
Michel Huard prévoit toutefois de tester cette saison sa faucheuse andaineuse pour le colza et l’orge. « En colza, on peut espérer un gain de trois quintaux par hectare. Si le prix de vente est élevé, ça vaut le coup. De même pour l’orge, si l’on arrive à gagner un point de protéine », argumente l’agriculteur. En anticipant la récolte, la moisson décomposée peut aussi faciliter l’implantation des couverts. « On arrive à avancer la récolte de deux à trois jours, et donc le semis des couverts. Mais là encore, l’avantage est très dépendant des conditions climatiques. En année de sécheresse, ça ne changera rien… »
Michel Huard utilise depuis la saison dernière une faucheuse andaineuse MacDon D120 de 6,10 mètres de large attelée sur le relevage arrière d’un tracteur Fendt 939 Vario équipé d’un poste inversé. « La puissance est superflue, mais seuls nos deux tracteurs de tête sont équipés en poste inversé. Avec le poste inversé, la maniabilité et le confort de conduite du tracteur se rapprochent du comportement d’une automotrice de fauche, qui demanderait trois fois plus de surface pour être rentable. » Le Fendt est chaussé en pneus étroits et sa voie intérieure est élargie à 1,65 mètre, de façon à confectionner un andain central ou latéral, sans rouler dessus.
Faucher 6,10 mètres pour une bonne taille d’andain
« J’ai fait le choix d’un modèle de 6,10 mètres pour ne pas avoir des andains trop volumineux et difficiles à sécher, ce qui me permet de travailler le plus souvent en andain central. Seules les récoltes les plus volumineuses, comme la luzerne, sont andainées latéralement, à gauche ou à droite. » Cette largeur limitée autorise aussi un très bon suivi de sol, bien que la coupe soit rigide. « Un modèle flexible a peu d’intérêt et de toute façon, MacDon n’en propose pas dans cette largeur. Toutefois, je pourrais le valoriser à la récolte des betteraves porte-graines, dont les buttes créées par le binage compliquent le suivi du sol. » La qualité de coupe est aussi apparue comme un autre point fort de l’andaineuse canadienne. « Le lamier fonctionne à une cadence de 1 800 coups par minute, contre 1 300 pour mon ancienne machine. Le gain est réel », apprécie Michel Huard, qui note en même temps la simplicité de réglage de la MacDon. « Il n’y a pas d’électronique compliquée. On dispose d’un simple boîtier permettant de régler la vitesse des tapis et de sélectionner leur position pour faire un andain central ou latéral. On agit sur la position des rabatteurs à l’aide de deux distributeurs hydrauliques et un troisième permet d’ajuster l’inclinaison de la coupe. Ce dernier réglage est notamment très utile pour les cultures couchées. »
Un débit de chantier très variable
Le débit de chantier de la faucheuse andaineuse est très dépendant du volume de récolte et du type de culture. « La vitesse de travail va de 14 km/h dans le quinoa à 3 km/h dans une luzerne très volumineuse. On peut donc atteindre un débit de chantier de 5 ha/h quand tout va bien, mais devoir se limiter à 1 ha/h, dans les conditions les plus difficiles. Il est essentiel de vraiment s’adapter pour obtenir un andain de qualité, propice au séchage et la reprise par la moissonneuse-batteuse. » Michel Huard estime qu’il aurait du temps à gagner avec une coupe repliable, solution non disponible chez MacDon. « Ce serait d’autant plus efficace que l’attelage de la plateforme est fastidieux. Le chariot de transport, dont les roues arrière sont très reculées, n’est pas non plus propice à la maniabilité dans les entrées de champ étroites. Il lui faudrait un second essieu directeur. »
Plus de temps perdu à l’attelage qu’à l’entretien
La faucheuse andaineuse MacDon D120 est montée sur le relevage du tracteur par l’intermédiaire d’une interface baptisée TM100. Celle-ci comprend le système de suspension mécanique autorisant un bon suivi de sol, mais aussi la centrale hydraulique alimentant l’entraînement de la barre de coupe, des tapis et des rabatteurs. « L’attelage/dételage n’est pas simple, car la visibilité sur le relevage n’est pas très bonne avec le poste inversé. On se complique aussi la vie pour brancher le cardan de prise de force, faute d’espace entre la machine et les roues du tracteur. Heureusement que l’on dispose d’un multicoupleur pour les trois distributeurs hydrauliques. »
Michel Huard est davantage satisfait de la rapidité d’entretien de la machine. « Il y a très peu de graisseurs et le très bon suivi de sol préserve la barre de coupe. On n’a changé que six sections sur toute la saison. C’est aussi rassurant pour la longévité des tapis, car on monte peu de terres et de cailloux. »
Reprise au pick-up et à la barre de coupe
Pour reprendre les andains avec sa moissonneuse-batteuse, Michel Huard utilise soit la barre de coupe, soit un pick-up. « Je prévois l’acquisition d’une nouvelle barre de coupe MacDon de 10,70 mètres, de façon à moins utiliser mon pick-up dont la conception ne permet pas de défaire efficacement l’andain avant l’arrivée de la matière dans le convoyeur. Alors qu’avec la coupe flexible testée l’an dernier, en ramassant l’andain sur l’un des côtés du lamier, le flux s’étire sur le tapis transversal. Et je n’ai pas observé plus d’égrainage avec cette méthode. »
Chiffres clés
250 ha andainés par an
6,10 m de largeur de coupe
3 à 14 km/h de vitesse de travail
1 à 5 ha/h de débit de chantier
25 l/h de consommation de GNR (tracteur de 400 ch) avec les déplacements
85 000 à 95 000 euros HT (selon les options)