« L’effectif salarié divisé par deux avec la nouvelle arracheuse de pommes de terre et le trieur optique »
Marc Savary, agriculteur dans le Pas-de-Calais, a acquis, pour la campagne de récolte de pommes de terre 2023, une arracheuse traînée deux rangs à trémie, ainsi qu’un trieur optique. Ces investissements lui procurent un grand confort de travail, réduisent la charge mentale liée à la gestion de la main-d’œuvre et permettent de mieux valoriser les tubercules.
« En passant d’une arracheuse simplifiée trois rangs à un modèle traîné deux rangs avec trémie pourvu d’une technologie de déterrage différente, j’obtiens un débit de chantier identique en gros calibre de pommes de terre et supérieur avec la grenaille, avec en prime une récolte plus propre et des conditions de travail plus confortables, apprécie Marc Savary, agriculteur à Riencourt-lès-Cagnicourt dans le Pas-de-Calais, qui cultive 100 hectares de pommes de terre. Le système de déterrage de la Ropa Keiler 2, acquise en 2023, forme des vagues qui ne choquent pas les tubercules. Cette spécificité permet de ramasser sans trop monter de terre, ce qui évite d’en ramener à la ferme et d’encombrer le combiné de réception, qui, lui, peut ainsi être pleinement exploité pour confectionner des lots de qualité. »
Le volume de terre ramassé divisé par six en grenailles
Sur la précédente récolteuse traînée, les chutes importantes entre les tapis du dispositif de nettoyage imposaient de créer un matelas de terre, afin d’envelopper les tubercules pour ne pas les abîmer. « En grenailles, pour limiter les pertes, surtout en présence importantes de mottes, nous chargions beaucoup de terre : jusqu’à six tonnes dans la benne de vingt-quatre tonnes. En grosses pommes de terre, c’était de l’ordre de trois tonnes. Cette quantité ne facilitait pas le travail du combiné de réception et, par conséquent, imposait un important triage manuel à la ferme. De plus, nous devions reconduire la terre au champ, ce qui nous imposait certains jours de réaliser jusqu’à quinze voyages avec notre monocoque de huit tonnes, contre un seul au maximum aujourd’hui. Il fallait ensuite y retourner pour étaler les tas avec un chargeur télescopique. Outre le temps perdu, se posait aussi le problème agronomique face à de tels volumes exportés, alors que nous nous attachons à maintenir un bon niveau de matière organique », précise l’exploitant. Comme la nouvelle arracheuse traînée collecte moins de terre (jusqu’à trois fois moins en gros calibres et six fois moins en grenailles), elle procure un gain de temps considérable et des économies, car la benne de 24 tonnes emporte davantage de pommes de terre et réalise ainsi moins de voyages. Il en résulte une réduction des heures de tracteur dédiées au transport et une baisse de la consommation de carburant.
Une récolte nettement moins fatigante
« La trémie d’une capacité de cinq tonnes et demie de la Keiler 2 a changé de manière positive l’organisation des chantiers de récolte, puisqu’il n’est plus nécessaire de rouler en permanence à côté de la machine avec la benne, comme c’était le cas avec la précédente arracheuse simplifiée. Cela s’avérait très fatigant, car au cours de la journée le chauffeur de la remorque perdait en concentration et m’obligeait à redoubler d’attention pour être sûr de ne pas abîmer les pommes de terre en limitant la hauteur de chute, gage de bonne qualité », souligne Maxence Gillion, le salarié de l’exploitation en charge de la conduite de l’arracheuse. Désormais, la monocoque de vingt-quatre tonnes reste généralement en bout de champ et elle est chargée lors des demi-tours. La trémie permet ainsi d’économiser une personne, puisqu’il est possible d’aller vider une benne pendant que l’autre est en cours de remplissage. « Lorsque le chauffeur de la remorque reste à la parcelle, il peut monter sur l’arracheuse pour réaliser un premier tri. C’est pratique dans les fourrières où il est plus difficile de faire propre, ainsi que dans les parcelles riches en mottes, en présence de cailloux ou de ferrailles, vestiges de la guerre de 14-18 », explique Maxence Gillion.
Des conditions d’arrachage plus confortables
Contrairement à la précédente machine traînée, avec la Ropa, le tracteur n’évolue plus à cheval sur les buttes, mais en décalé. Cette configuration est plus confortable, car le chauffeur n’a pas à se retourner complètement pour surveiller la machine. De plus, elle autorise à travailler avec des pneumatiques de 900 millimètres de large sur le tracteur, qui tassent nettement moins que les précédentes roues étroites. « Grâce aux pneus larges, je roule sur les buttes sans abîmer les pommes de terre lors de l’ouverture de la parcelle, note le salarié. Par ailleurs, l’entraînement des principaux organes de l’arracheuse par une centrale hydraulique embarquée, me permet de limiter le régime moteur à 1 200 tours par minute, gage d’une plus faible consommation de carburant et d’un fonctionnement plus silencieux. »
Deux personnes pour la réception, le tri et le conditionnement
À la ferme, le nouveau combiné de réception associé au trieur optique Downs CropVision de 2,40 mètres de large, arrivé lui aussi en 2023, a profondément modifié l’organisation. Il remplace en effet les six saisonniers qui travaillaient sur la précédente table de tri manuel. Marc Savary continue de gérer la vidange des bennes et un cariste s’affaire à ranger dans les frigos les palox de pommes de terre triées. « Il est devenu très difficile de trouver du personnel fiable durant la récolte qui s’étend de mi-août à fin septembre, regrette l’agriculteur. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de perdre rapidement la moitié de l’effectif, voire davantage, car les personnes se lassent de ce travail répétitif et ingrat. Il faut en plus jongler avec les conditions météo, qui compliquent la gestion des chantiers et des hommes. »
Des lots de pommes de terre mieux valorisés
Avec le trieur optique, le débit de chantier est supérieur et la qualité de sélection des pommes de terre sans pareil. Le montant investi dans cet équipement va s’amortir par la baisse de la masse salariale (20 000 euros par an) et par une meilleure valorisation des pommes de terre. « Comme l’arracheuse ramasse très peu de terre, le trieur optique est utilisé de manière optimale. Il supprime avec grande précision les vertes, les pourries, les déformées… Il me permet de mieux valoriser certains lots, à l’instar d’un lot de cent tonnes de chairs fermes dans lequel j’ai retiré vingt tonnes de difformes, afin de vendre plus cher les pommes de terre sélectionnées. » Comme le Downs CropVision extrait d’un côté la terre fine et de l’autre les pommes de terre déclassées, ces dernières sont désormais vendues pour la consommation animale, alors qu’auparavant elles étaient jetées. Une source de revenu supplémentaire…
En chiffres
100 ha de pommes de terre
1 arracheuse de pommes de terre Ropa Keiler 2 (260 000 euros HT)
1 combiné de réception Downs
1 trieur optique Downs CropVision de 2,40 m de large
4 à 5 ha/j récoltés en chair ferme
6 à 7 ha/j récoltés en consommation et industrie